Rideau !

Pierre Mauroy, Martine Aubry, Xavier Bertrand, Marine Le Pen aussi…les grands rôles du « Petit Théâtre de… » plient bagage et retrouvent une autre scène. Plus balzacien que nature, Gérald Darmanin avait sa place au coeur du bal des ambitions et l’orchestre bat déjà un allegro bien mesuré. Eh bien, non. Après quatorze années et presque dix mille sujets et articles (dont une moitié le fruit de votre serviteur), DailyNord et le « Petit Théâtre » appuient sur pause et se débranchent. Un crèvecoeur, certainement. Pourquoi ? La lassitude, un affectio societatis effrité avec le temps, des divergences tactiques entre membres de la rédaction parfois décontenancés devant le rythme et les exigences du journalisme 2.0. De fait, la mission s’avérait de plus en plus compliquée, le combat devenait par trop inégal. Une décision difficile prise après tant de fous rires et d’engueulades. Mon caractère soupe-au-lait de retraité tatillon en prime (n’est ce pas Gaëtane et Nicolas !). Un peu une marque de fabrique. 

 Nous avons péché par manque d’investissements financiers et de politique de développement. Le succès d’estime ne remplace pas des recettes suffisantes. L’esprit commando ne fait pas les bénéfices. Nous n’avons pas multiplié les appels à l’épargne défiscalisée, nous n’avons pas hypothéqué de logement, ni tendu la sébile au contribuable. Pas de gros actionnaires non plus pour faire les fins de mois. Loin du marketing tapageur et flagorneur, aux marges de la démagogie, souvent narcissique aussi. Trop loin sûrement. Nous n’avons pas abusé des ruses de paparazzi pour faire du clic ou appuyer sur la pédale bashing et chasse à l’homme. Nous aurions dû ? Le lecteur est d’abord un consommateur et l’information un bien de…consommation. 

Cantonné dans un rôle d’influenceur et d’agence de presse, DailyNord a rempli sa mission avec style, sans états d’âmes, et monté aux créneaux de l’analyse et du décryptage, de l’enquête et de l’investigation, de l’éditorial, du magazine, ou du ton décalé et impertinent. Nous avons tenu la position à côté de nos excellents confrères soumis aux mêmes contraintes et au milieu d’un marché insaisissable. Nous nous étions frayé un chemin. « Si on veut faire passer un message on s’adresse aux grands tirages de la presse quotidienne et hebdomadaire régionales, Voix du Nord et ses titres associés, ou aux télés et aux radios. Si on veut charger la barque d’un adversaire on en parle aux concurrents numériques, Miroir du Nord ou Médiacités. Sinon, on fait confiance à DailyNord », me disait un de ces « bons clients » qui font les bonnes sources. Caricatural ? Oui, peut-être. Tout flatteur… etc…etc…

Parfois – souvent ? – DailyNord en disait plus. Avec infiniment moins de moyens rappelons-le. Tout en se jouant des réflexes de la confraternité – cette haine vigilante et souriante propre aux corporations si promptes à s’autocélébrer ou à chercher la lumière pour elles-mêmes (Balzac, encore). Et puis on ne lutte pas contre la biologie implacable et sans merci, ni contre les pièges de l’âge. Il est temps de tourner la page. Et la vie continue.

Un peu plus de DailyNord ?

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