PS Nord : Deux candidats dans l’arène et une ancienne première secrétaire sur son Aventin

Sarah Kerrich-Bernard et Baptiste Ménard débattent ce soir à la fédération du Nord. Les deux prétendants pointent leurs différences et comptent leurs soutiens. Lors d’une réunion de la section lilloise du PS mercredi soir, Martine Aubry, ancienne cheffe du PS, est restée muette quant au scrutin de jeudi. Mais en coulisses…

Du coup les conversations vont bon train. Coutumière d’une prudence à la Ponce Pilate, la maire de Lille n’a pas voulu prendre de position publique en faveur de l’un ou l’autre candidat au poste de premier secrétaire et c’est le titulaire sortant Olivier Faure qui est sorti vainqueur après un psychodrame dont seul le parti de François Mitterrand a le secret. Figure de proue d’un socialisme qui fut dominant à gauche, la maire de Lille a confirmé sa posture de neutralité quelque jours avant la consultation nordiste. « Martine a soutenu l’alliance avec la NUPES sans la partager idéologiquement« , décode ce militant lillois, qui ajoute  » elle ne veut pas s’impliquer dans une situation alors que de son temps (NDLR : quand elle était la première secrétaire, 2008-2012), le PS avait cinq fois plus de militants ». Les sections lilloise et lommoise sont parmi les plus importantes du département. La discrétion de Martine Aubry résonne en contrepoint du résultat lillois : Olivier Faure battu de quelques voix par son concurrent. Depuis son Aventin de l’Hôtel de Ville, l’ancienne timoniere du parti de Léon Blum n’en pense pas moins.

Mais plusieurs autres peuvent indiquer le sens du vent voire emporter le choix militant (nos informations). Hornaing, qui a voté comme un seul homme pour Olivier Faure, Armentières majoritairement pour le sortant. Gravelines, qui a voté au second tour pour Nicolas Mayer-Rossignol. Sur le papier Sarah Kerrich-Bernard est favorite puisque le Nord s’est prononcé à 55 % pour la ligne Faure, à savoir l’allégeance à la NUPES modèle France Insoumise. Une stratégie repoussée par son contradicteur l’adjoint à Mons-en-Baroeul, Baptiste Ménard, qui était partisan d’Hélène Geffroy puis Nicolas Mayer-Rossignol, sorte de candidature de synthèse, après le soutien du maire de Douai Frédéric Chéreau à son homologue rouennais (nos informations). Et qui mise sur sa connaissance de la carte des sections et sa proximité avec les militants.  » Le choix se fera sur une capacité d’animation pas sur une ligne idéologique » explique notre militant. D’un côté la cohérence avec la reconduction d’Olivier Faure, de l’autre, la promesse d’une gestion plus autonome. La démission brutale d’un Benjamin Saint-Huile il y a un an en plein désastre de la campagne présidentielle a laissé des traces et…un vide. Pierre Mauroy disait que la fédération du Nord, l’un des premiers et plus importants département socialiste, devait être raccord avec les choix des congrès du parti de Blum et Mitterrand. Oui, mais le socialisme n’est plus ce qu’il était*…

Même génération, pas le même profi, ni le même agenda. Sarah Kerrich-Bernard a déjà tenté l’aventure aux départementales sur le canton d’Annoeullin et s’était positionnée aux législatives sur la 5ème du Nord sans plonger dans l’arène (nos informations). C’est aux régionales, donc à la proportionnelle, qu’elle décroche un fauteuil sur la liste de la gauche unie de l’écologiste Karima Delli. Baptiste Ménard, ancien assistant de la sénatrice Martine Filleul, affirme n’être candidat à rien…pour les deux prochaines années – sénatoriales et européennes. Et place son projet sous les signes de la proximité et du rassemblement, déconnecté du congrès de Marseille, « pas question de refaire le match ». On gratifie la conseillère régionale d’une ambition galopante et d’un mental décomplexé qui peut décontenancer. Certains craignent la paille de fer une fois à la tête de la « fédé » sur fond de renouvellement des générations. Les sénatoriales de septembre sont le premier chantier électoral du vainqueur (e) et les militants seront consultés. L’intéressée s’en défend mais le Palais du Luxembourg serait dans sa ligne de mire. Au Nord, le PS compte deux élus de 2017, figures lilloises du socialisme du cru, Patrick Kanner et Martine Filleul qui ont voté pour le maire de Rouen. De quoi aiguiser les lames et les appétits. Et réveiller le spectre d’une fédération divisée en deux clans. Voilà ce que les militants devront aussi trancher.

• *Les vieux militants se souviennent du « schisme de Ronchin » en 2003, quand le douaisien Marc Dolez, tenant d’une ligne fondamentaliste s’imposa face à Bernard Roman à la tête de la grande fédé du Nord, et surtout contre l’avis de Pierre Mauroy et Martine Aubry…Pour la première fois, le Nord ne collait pas avec la ligne de la Rue-de-Solférino. Poussé sans ménagement vers la sortie, l’hérétique Dolez fonde le Front de gauche avec un certain Jean-Luc Mélenchon, tous deux désavouent le choix de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007. C’était il y a vingt ans et le PS a encaissé bien des chocs depuis. Dont celui de la chute du nombre de militants n’est pas le moindre.

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