Jean-Luc Mélenchon déploie ses ailes sur l’agglomération lilloise

L’ombre portée de la Nouvelle union populaire écologique et sociale de Jean-Luc Mélenchon planait hier sur la séance plénière de la Métropole européenne de Lille. En particulier quand Akim Oural a prononcé son au-revoir. Explication en plusieurs actes.

16 h 45, 15 minutes avant l’ouverture de la séance. Le député Insoumis Adrien Quatennens, triomphalement réélu sur la première circonscription de Lille*, et son collègue Insoumis conseiller régional Julien Poix, ancien prétendant à la mairie de Lille, distribuaient devant le siège de l’institution les tracts du collectif d’usagers des transports de la MEL qui protestent contre l’augmentation des tarifs d’Ilevia, concessionnaire des transports sur l’agglomération. Et dont la délibération était inscrite à l’ordre du jour.

23 h 05. Akim Oural vient d’adresser ses remerciements à ses collègues et goûte l’hommage collectif qui lui est fait. Un départ officiellement pour raison professionnelle. Le conseiller métropolitain qui met un terme – définitif ? – à son engagement, a-t-il immédiatement mesuré l’écho de la NUPES mélenchoniste au coeur de l’assemblée dont il n’est plus membre. Le basculement du parti socialiste dans la NUPES rouge et verte aux législatives a eu raison de sa motivation au moins dans sa dimension politique (nos informations). Le « oui mais » de Martine Aubry à l’initiative du leader Mélenchon n’a donc pas suffi (notre analyse). Ou était-ce la goutte de trop ? Echaudé par la polémique pilotée par les écologistes métropolitains sur la 5 G (notre article), lui, le spécialiste du numérique, élu au conseil municipal de Lille dans la majorité de Martine Aubry, entré en politique sous les auspices du député-maire d’Hellemmes et président du conseil général du Nord Bernard Derosier, ne pouvait supporter une telle dérive vers la gauche de la gauche.

Les élus de Métropole écologiste, citoyenne et solidaire, forcément partie prenante de la NUPES pendant ces législatives, ont ostensiblement snobé le vivat de l’assemblée. L’anecdote consigne la fracture locale de la gauche et signe encore un peu plus la fin d’une époque. Celle d’une Lille rayonnante sur l’agglomération et dont le déclin avait commencé en 2014 quand la capitale des Flandres perdait le sceptre métropolitain – au bénéfice des petites communes – et accentué en 2020 quand le beffroi avait tremblé sous les assauts presque conjugués des écologistes et des macronistes. Après Pierre de Saintignon, disparu en 2018, Walid Hanna, en réserve vigilante, le premier cercle aubryste se rétrécit un peu plus.  » La NUPES porte conseil « , ironisait le président de la MEL qui sait mieux que personne l’assurance-vie du suffrage indirect pour border la vague rouge et verte. Sous l’oeil ombrageux d’un mélenchonisme qui déploie ses ailes sur le versant gauche de l’agglomération lilloise et prépare les prochains chocs électoraux. Au suffrage direct.

• *L’agglomération lilloise compte désormais trois députés LFI, Adrien Quatennens (1ère), David Guiraud (8 ème) et Ugo Bernalicis (2 ème),

• **Les compétences d’Akim Oural manqueront à la MEL et à la ville de Lille et sa succession n’est pas la plus évidente au vu de ses multiples engagements. Sa connaissance du quartier des Bois-Blancs/Euratechnologies, sa maitrise des sujets de la smart City*, sa capacité sur les sujets de la diversité, étaient des atouts pour les deux collectivités. Il signera plusieurs rapports sur le développement du numérique, En 2015, il remet à Emmanuel Macron, ministre de l’Economie et à Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat au numérique, un rapport sur les politiques numériques sur les territoires. En 2017, Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères lui demande d’élaborer la stratégie d’un modèle franco-européen de la « Ville Intelligente ». Enfin, en 2018, il remettra à Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères et Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’Etat, le rapport « Vers un modèle français des Villes Intelligentes Partagées ».

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