Les livres avec Eulalie Par Eulalie | 17H22 | 14 octobre 2017
Le titre parle de lui-même : Parmi tout ce qui renverse. Il y a du pari de Pascal dans l’œuvre de Georges Guillain. Il suffit de remplacer le mot Dieu… par celui de poésie. Le lecteur a tout à gagner à croire en elle, qu’elle existe ou non. Étrangement, la quatrième de couverture est confiée à Jacques Darras.
Un poète du souffle parle d’un poète de l’œil, de cet œil intérieur projeté sur le blanc de la page. « C’est une poésie longuement mûrie, celle de Georges Guillain », écrit-il. « Son héros se nomme “Il”. C’est lui et ce n’est pas lui. C’est vous tout aussi bien. »
Le recueil puise sa forme d’un ouvrage paru en 1829, Vie Poésies et pensées de Joseph Delorme par Charles-Augustin Sainte-Beuve… cet autre Boulonnais, si proche par son invention de la critique du fondateur du Prix des Découvreurs, prix national de lecture de poésie créé à l’intention des lycéens et des collégiens. Pour la première fois dans la poésie moderne, Sainte-Beuve crée une sorte de double, Joseph Delorme, dont il raconte la vie et rassemble les pensées.
Sauf que le « Il » de Georges Guillain n’est pas un héros malheureux sorti du romantisme mais un homme d’aujourd’hui qui a lu les maîtres du haïku, Kobayashi Issa en particulier, qui visite Pompéi, l’abbaye de Sénanque ou le château du Marquis de Sade à Lacoste, au cœur du Lubéron.
En découvreur et passeur, Georges Guillain propose au lecteur une espèce de postface, intitulée À Propos, où il livre quelques clefs pour mieux entrer dans le poème, explicite les contraintes qu’il se donne, situe les lieux et les instants de l’écriture. Il y a dans la démarche une foi profonde en la force de la poésie, et l’ambition de rester accessible sans rien lâcher de l’exigence du chant intérieur.
Dans cet À Propos, Georges Guillain sait aussi faire preuve d’humour et d’un peu d’ironie sur lui-même. Il note l’avertissement de Vladimir Jankélévitch au début de Le Jene-sais-quoi et le presque-rien : « Fanfaron, et poltron par surcroît, celui qui s’attarde dans les avant-propos et s’éternise dans les préfaces. » Exactement, ce que je fais ici.
Alors, il est plus que temps de céder au plaisir de la citation, de ce Je-ne-sais-quoi qui m’a touché, qui pourrait donner envie au lecteur…
Parfois
on ne sait pas ce qu’on traverse
un paysage
une joie
un oubli
marchant
tantôt à découvert
tantôt entre des saules
on regarde un peu le marais
mais surtout notre vie qui passe
[…]
Hervé Leroy
Editions Le Castor Astral
mars 2017
140 pages
13 €
Ce contenu est © DailyNord. Si cet article vous intéresse, vous pouvez reprendre un extrait sur votre site (n’excédant pas la moitié de l’article) en citant bien évidemment la source. Si vous désirez publier l’intégralité de l’article, merci de nous contacter »
Réagir à cet article
La rédaction de DailyNord modère tous les commentaires, ce qui explique qu'ils n'apparaissent pas immédiatement (le délai peut être de quelques heures). Pour qu'un commentaire soit validé, nous vous rappelons qu'il doit être en corrélation avec le sujet, constructif et respectueux vis-à-vis des journalistes comme des précédents commentateurs. Tout commentaire qui ne respecterait pas ce cadre ne sera pas publié. Evidemment, DailyNord ne publiera aucun contenu illicite. N'hésitez pas à avertir la rédaction à info(at)dailynord.fr (remplacer le "at" par "@") si vous jugiez un propos ou contenu illicite, diffamatoire, injurieux, xénophobe, etc.