Réalités Par Nicolas Montard | 18 janvier 2017
Pendant un an, DailyNord s’est posé dans les jardins ouvriers d’Hazebrouck dans le Nord. Pourquoi Hazebrouck ? C’est là que l’aventure des jardins collectifs a démarré il y a cent vingt ans sous l’impulsion de l’abbé Lemire. Au vingt et unième siècle, les jardins ouvriers ont plus changé qu’il n’y paraît… tout en restant un monde à part. Grand format en texte et photos.
Ce jour de février 2016, il n’y a pas grand monde. Près d’une mare, deux hommes coupent des branchages. L’un répète sans cesse à l’autre de faire attention à ne pas glisser dans l’eau glaciale. Plus loin, un autre homme répare une machine censée, quand elle fonctionne, produire des copeaux de bois. Dans cet immense ensemble de jardins potagers, bordés d’un champ, d’un cimetière et d’une longue rangée de maisonnées en briques, l’animation semble se réduire à ces trois personnes. Ah non, plus loin, en s’enfonçant dans les jardins par l’étroit chemin, une radio crachote un vieux tube des Pink Floyd. À notre arrivée, Joël, pull en laine, lunettes fumées, baisse le volume. Le bonhomme est là pour semer quelques radis. « Et puis repiquer des salades sous la serre, fait-il désignant sa serre maison, construite à partir d’un enchevêtrement de bâtis de portes. Radis et salades s’entendent bien ». Dans deux mois, en avril, assure-t-il, les premiers sortiront de terre. Et le cycle des légumes de jardin pourra reprendre sa marche en avant : salades et ail d’hiver, puis premières pommes de terre, betteraves, haricots, poireaux, carottes, potirons… à chaque mois ses nouvelles pousses jusqu’au festival de légumes en août et septembre. Le jardinier verra ça de très près. Il vient tous les jours, au moins une heure, dans sa parcelle. « Et une demi-journée le week-end ».
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Joël ne jardine pas n’importe où. Son terrain de jeu, ce sont les jardins ouvriers du groupe du Rocher, à Hazebrouck. Les jardins ouvriers ? Ce sont les jardins collectifs divisés en parcelles que l’on croise un peu partout dans notre région. Sauf qu’à Hazebrouck, ils sont un peu particuliers. C’est ici que tout a – officiellement – commencé il y a maintenant 120 ans. En 1896, l’abbé Jules Lemire, qui n’est pas encore maire mais déjà député, fonde la Ligue du Coin de terre et du Foyer. « Le jardin ouvrier rend à l’homme sa personnalité, il le repose dans un travail libre où l’outil, loin de le tyranniser le sert », estime l’ecclésiastique. À l’époque, on juge aussi qu’attirer l’ouvrier au jardin, c’est l’empêcher de dépenser sa paie au bistrot. Et ça l’aide à nourrir sa famille.
Le succès des jardins est phénoménal. On dénombrera jusqu’à 700 000 parcelles au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Après 1945, cet engouement fâne. Durant les Trente Glorieuses, le travail de la terre est ringardisé. Carottes et pommes de terre sont finalement plus faciles à cueillir dans un rayon de supermarché. Et si les légumes de Carrefour ont toujours un certain avenir, depuis trois décennies, ceux qui viennent de la terre pour aller directement dans l’assiette retrouvent un peu de vigueur. On compterait aujourd’hui une centaine de milliers de parcelles de jardins ouvriers – enfin, familiaux, le politiquement correct est passé par là – dans les villes de France. Ces jardins sont une composante du paysage de l’Hexagone, souvent en bordure de ville, près d’une rocade, d’un cimetière ou d’une voie ferrée.
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