PS Nord, Martine Filleul veut devenir parrain (ou marraine)

La guerre fédérale fait donc rage au PS du Nord et vient de connaître un nouvel épisode avec la candidature de Martine Filleul, alors qu’on croyait les choses apaisées après la réélection de Jean-Christophe Cambadélis à la tête du PS avec 70 % des suffrages. Un chiffre confirmé au niveau nordiste. Le débat ne semble donc pas idéologique. Et le contentieux local procède plus d’un conflit entre clans rivaux, positions fédérales et antagonismes de personnalités. Qui se disputent déjà ce qui reste de l’empire socialiste plus qu’ébréché après les municipales et les départementales aussi calamiteuses les unes que les autres. J’ai déjà évoqué la fièvre naissante de l' »après-Aubry » et le contrôle de la fédération ressemble aux prémices d’une guerre de succession. Celle qui fut vice-présidente du conseil général du Nord (elle avait conquis le canton de Lille centre à la droite en 2008, ce qui lui valait de vrais galons au sein de l’armée socialiste), désormais l’un des chefs de l’opposition au conseil départemental du Nord avec Patrick Kanner et Didier Manier les deux « ex » présidents, se cherche ainsi un nouvel itinéraire jusqu’à s’imaginer un destin personnel. Comme pour faire mentir son patronyme (!). L’ancienne maoïste* n’est donc plus une proche – on le savait – de Martine Aubry dont elle fut une adjointe lilloise et affiche son affinité avec le ministre de la Ville, Patrick Kanner, en guerre ouverte avec la maire de Lille (voir billets) et qui jalonne ainsi son futur retour à Lille. Le conflit entre aubrystes et kannériens est donc une nouvelle fois à son comble.

Kanner a longtemps été la patron de la grosse section lilloise qu’il a laissé à l’aubryste Audrey Linkenheld pour amadouer Martine Aubry – en retour il avait pu succéder sans  heurts à Bernard Derosier au conseil général du Nord en 2011. D’évidence, le réseau Kanner est intact et profiterait à Martine Filleul. Question : la place de Gilles Pargneaux est-elle menacée ? Le député européen – qui a signé la motion A de Cambadélis à l’instar de Martine Aubry et…Martine Filleul – a un bilan lourd à porter après les défaites successives de son camp (européennes, municipales, départementales) et la perte des bastions Roubaix et Tourcoing qui a poussé la gauche au compromis avec les maires des petites communes pour ne pas laisser la droite l’emporter à la communauté urbaine. Mais Titine de Fer y avait perdu son fauteuil présidentiel à la tête de ce qui est devenu la métropole de Lille. On sait que la maire de Lille a tancé le premier fédéral et lui ménage un soutien mesuré. On rappelle que le sénateur-maire d’Orchies, Dominique Bailly, proche de Martine Aubry, faisait un moment office de recours sur l’air du renouvellement des instances et des talents. Visiblement, les camps ont du mal à régler la bataille et la victoire de la ligne Hollande/Valls de soutien au gouvernement n’est donc pas suffisante pour apaiser les débats locaux. Et on souligne que le clan des « frondeurs » – il faut dire la motion B de Christian Paul – présente logiquement un candidat en la personne de Rémi Lefebvre, promu troisième homme sinon la clé de l’énigme. Trois blocs pour un fauteuil et les régionales, leurs investitures et leurs alliances en ligne de mire (voir billets sur les régionales). Ce qui n’est pas pour simplifier les choses et obligera forcément à des palabres de coulisses et des reclassements. Cela peut-il faire bouger les lignes chez les militants ?

* En 1998, Martine Filleul avait comme parrain Michel Delebarre tête de liste socialiste aux régionales et qui en avait fait une vice-présidente. En compagnie de…Pierre de Saintignon. La famille socialiste est ainsi que pour s’y frayer un chemin, l’on s’oblige à des allégeances successives.

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