Michel Delebarre : Ceci n’est pas un testament

Lu l’entretien avec Michel Delebarre dans La Voix du Nord. Au-delà de l’humour caustique que l’on connaît à l’ancien maire de Dunkerque, on perçoit certes l’amertume des deux défaites subies cette année par celui qui aurait pu succéder à Pierre Mauroy, à Lille, à la communauté urbaine de Lille, à la tête du PS, et même, selon certains, à Matignon. Il dénonce ces comportements humains pour signifier l’ingratitude – de l’opinion, donc des journalistes et de la presse, air connu) de son destin contrarié. La référence au balzacisme de la scène politique est évidemment pertinente (pas moi qui dirait le contraire). Ce n’est certes pas un testament politique qu’a livré-là le sénateur socialiste toujours très actif et il tient à le rappeler – le reproche de super-cumulard ne passe décidément pas. Dunkerque lui doit, c’est clair.

Mais il oublie qu’il fut lui-même la coqueluche des medias  – qui brûlent si facilement ce qu’ils ont adoré, etc…etc…- pendant ces années 80 où il franchissait quatre à quatre les marches du pouvoir et des palais républicains et engloutissait, glouton insatiable, responsabilités et mandats. Mitterrand l’aimait bien. La presse aussi. Mis à part quelques exceptions – notoires, il est vrai, ainsi ce billet d’André Soleau, rédac’chef de VDN qui l’enjoignait  à mots à peine couverts de démissionner en plein ouragan des affaires qui pleuvaient sur la PS au début des années 90, telles celle de l’ORCEP, ou la locale de  « La Voix » à Dunkerque qui l’a souvent escagassé – Michel Delebarre a été plutôt bien servi, certainement pas plus mal que d’autres en tout cas (je pense à Titine de Fer Aubry ou à Pierre Mauroy). Heure de Vérité, plateaux télé et passage sur les ondes périphériques pendant les années 80 et les suivantes, le super-ministre était de tous les rendez-vous importants et brillait de mille feux médiatiques. Alain Duhamel et Jean-Marie Colombani (Le Monde) n’avaient d’ yeux que pour lui. Et lui se prenait au jeu.

Jusqu’à ces horribles années de 1992 et 1993 qui virent se réveiller les détestations en tous genres  – sur le « Tout sauf Delebarre », il a raison, on jalouse toujours les forts – ou les riches -en France – et l’éloignèrent du fauteuil régional et le privèrent de sa place au Palais-Bourbon. De même, il fut soupçonné de vouloir tuer le père, Pierre Mauroy himself (ce qu’il ne fit jamais). Plus précisément, on se méfiait d’un tel bulldozer et de sa puissance de travail. Alors, la décennie qui suivit fut moins douce. Rançon d’un tempérament inquiet et presque secret, certainement, et d’une propension au pouvoir sans frein, qui lui attirèrent quelques inimitiés, mais aussi conséquence de la roue impitoyable et imprévisible du destin. Et de son corollaire obligé, l’usure. Cette année, le voilà désormais en roue libre.

Un peu plus de DailyNord ?

Rideau !

5 septembre 2023

Sénatoriales Nord :  Derniers réglages et bisbilles d’avant-scrutin avant les futurs mystères du 24 septembre

23 août 2023

Gérald Darmanin fait chauffer sa Darmanie

21 août 2023

Cinquante nuances d’influences et de dépendances chez les journalistes des Hauts-de-France

28 juillet 2023

Ce contenu est © DailyNord. Si cet article vous intéresse, vous pouvez reprendre un extrait sur votre site (n’excédant pas la moitié de l’article) en citant bien évidemment la source. Si vous désirez publier l’intégralité de l’article, merci de nous contacter »