L'autre information du Nord – Pas-de-Calais

C'ÉTAIT DE LA COM'

Hazebrouck : le record du plus gros cornet de frites du monde n’en était – presque – pas un

Petite histoire Par | 18 septembre 2014

L’habile communicant  s’est bien gardé de communiquer sur le sujet. Hervé Diers, patron d’Hedimag, avait fait une pub d’enfer autour du record du monde de la frite à Hazebrouck l’an dernier. Sauf que « officiellement », le record n’existe pas pour le Guinness World Records, a découvert DailyNord en vérifiant la nouvelle édition du célèbre bouquin.

Une capture d’écran du site du Record de la frite.

Souvenez-vous : en septembre 2013, c’est la fête à Hazebrouck. Dans la cité flamande, l’entrepreneur à succès célèbre les vingt-cinq ans de sa société Hedimag (qui fabrique  des friteries et des « véhicules magasin ») en organisant le record du monde du plus gros cornet de frites du monde. Pari réussi : le cornet de frites fait plus de 7 mètres de hauteur, avec 6225 kilos, soit 1,2 tonnes de plus que le record belge de 1985 (un record officieux). Un formidable coup de pub pour la société, qui s’offre des articles dans toute la presse régionale, voire nationale (dont des passages télévisés) et internationale (ben oui, la Belgique, c’est l’international).

Pourquoi le record ne figure-t-il pas dans le Guinness World Records ?

Septembre 2014 : les journalistes de DailyNord, qui n’ont que ça à faire, ont consulté fiévreusement la nouvelle édition du Guiness World Records sortie ces jours-ci. Dans la rubrique Menus XXL, on y trouve la plus grande portion de beignets, le plus grand repas de Noël, la plus grande pizza en vente, le plus long boudin noir… mais aucune trace d’une quelconque frite hazebrouckoise. Et pour cause, nous a confirmé  l’agence de communication parisienne du célèbre bouquin, il n’y est pas et n’a pas été homologué.

Contacté par nos soins, Hervé Diers indique qu’il a bien fait le nécessaire pour la validation dudit record : « Mon beau-fils est allé à Londres, on a rempli tous les dossiers, on a échangé des centaines de mails, on avait même réservé une chambre d’hôtel pour un représentant du Guinness, le week-end du record. Il n’est jamais venu. » Le Flamand, élu d’ailleurs entrepreneur de l’année par La Voix du Nord quelques semaines plus tard, a cependant laissé tomber l’homologation en novembre quand ses échanges avec le Guinness World Records ont réaffirmé que le poids du cornet ne pouvait pas être validé car les frites n’étaient pas destinées à l’alimentation humaine (les records de nourriture doivent être consommables par les hommes, c’est l’une des règles. Les frites hazebrouckoises avaient été données à du bétail). « Ils voulaient bien inscrire la taille du cornet de frites, mais je n’allais pas payer 7400 euros (les frais pour entrer dans le livre, faire valider le record, etc. Ndlr) pour ça. Ce qui nous intéressait, c’était le poids. » En précisant que ce n’est néanmoins pas une question de prix : « 7400 euros sur mon budget de 300 000 euros, je les aurais payés. J’aurais vraiment aimé entrer dans le bouquin, mais pour le record du poids : ça aurait été un vrai plus. »

L’important, c’est de communiquer

Une péripétie anecdotique nous direz-vous. Et on est bien d’accord. Mais qui est bien la preuve que dans les records du monde organisés ci-et là dans la région, si la communication fonctionne à plein régime (Hervé Diers reconnaît aujourd’hui que ce record a été certainement l’une des meilleures opérations de communication organisée par sa société), elle n’est pas tout le temps suivie d’une entrée effective dans le bouquin (rappelez-vous l‘écharpe des records de Fourmies). Certains n’hésitant d’ailleurs pas à se servir de l’argument Guinness sans avoir l’intention d’inscrire le record. Et pas grand monde ne fait la vérification après l’événement.

Sur  le site du record, toujours accessible, Hedimag écrit : « Le dimanche 22 septembre 2013, la société HEDIMAG a officiellement battu le Record du Plus Gros Cornet de Frites au Monde ! » A la relecture des nombreux articles de presse de l’époque, l’entrée dans le Guiness était une certitude ou presque (la preuve ici, et encore par exemple). Personne n’a ensuite parlé d’une quelconque non-homologation (ou on a mal cherché).

Moralité : organisez vos records et faites le buzz autour de votre entreprise ou association. Le label Guinness World Records – validé ou non au final – n’étant qu’un moyen d’en faire parler encore plus…

Ce contenu est © DailyNord. Si cet article vous intéresse, vous pouvez reprendre un extrait sur votre site (n’excédant pas la moitié de l’article) en citant bien évidemment la source. Si vous désirez publier l’intégralité de l’article, merci de nous contacter »

2 Commentaires

  1. Hazebrouck, ville de relegation des juges d’instruction et lieu de records bidons.

  2. C’est ainsi qu’Aniche (entre Douai et Valenciennes) a le plus vieux cinéma en service du monde mais que ce record ne figure nulle part car il faut PAYER pour être dans le Guinness !

Réagir à cet article

La rédaction de DailyNord modère tous les commentaires, ce qui explique qu'ils n'apparaissent pas immédiatement (le délai peut être de quelques heures). Pour qu'un commentaire soit validé, nous vous rappelons qu'il doit être en corrélation avec le sujet, constructif et respectueux vis-à-vis des journalistes comme des précédents commentateurs. Tout commentaire qui ne respecterait pas ce cadre ne sera pas publié. Evidemment, DailyNord ne publiera aucun contenu illicite. N'hésitez pas à avertir la rédaction à info(at)dailynord.fr (remplacer le "at" par "@") si vous jugiez un propos ou contenu illicite, diffamatoire, injurieux, xénophobe, etc.

POLITIQUE

NOTRE DOSSIER SÉNATORIALES 2023

INFORMATIONS, RÉVÉLATIONS, ENQUÊTES, STRATEGIES, DÉCRYPTAGES, ENTRETIENS, PORTRAITS, ANECDOTES, INDISCRÉTIONS,... TOUS NOS ARTICLES SUR LES PROCHAINES SÉNATORIALES ! ET EN PRIME RETOUR SUR LES SENATORIALES 2017ACCÉDER AU DOSSIER

NEWSLETTER DAILYNORD

Bienvenue dans la ville la plus étrange des Hauts-de-France

Elle pourrait loger 5 000 personnes, mais cette ville n'aura jamais d'habitants. Découvrez pourquoi.

Les + lus