Malgré la nouvelle formule plus ambitieuse lancée au printemps dernier et l’enrayement de la baisse du nombre de ses lecteurs, Liberté Hebdo est plus que jamais sur la sellette. La disparition de ce journal d’opinion pourrait bien fragiliser encore plus le pluralisme de la presse dans la région Nord-Pas-de-Calais.
“Notre communiqué de presse n’a eu aucun écho parmi nos confrères“, confesse tristement Bruno Cadez. Liberté Hebdo se meurt dans la quasi-indifférence générale des autres journalistes de presse, radio et télé de la région. Et pour cause, dans les rangs de la presse d’opinion en Nord-Pas-de-Calais, on ne compte guère plus que Liberté Hebdo (gauche) et Croix du Nord (chrétien) depuis la disparition de Nord-Matin (social démocrate dans les années 90).
“L’objet de ce journal, c’est de faire écho de l’actualité de ceux qui ne se laissent pas faire, qui résistent, que ce soient les sans-papiers, syndicalistes, les anti-racistes ou les féministes tout en rendant compte de l’actualité culturelle car nous considérons que c’est un vecteur important de la connaissance“, résume Bruno Cadez, le rédacteur en chef depuis le début de l’aventure Liberté Hebdo, il y a un peu plus de vingt ans. Suite à la disparition du quotidien Liberté, ce sont les élus eux-mêmes, Alain Bocquet et Annick Mathighello, qui ont eu l’idée de lancer un hebdo.
Liberté Hebdo, un journal communiste, donc ? Oui, mais pas seulement. “Même au sein de la rédaction, nous ne sommes pas tous d’accord sur ce point“. Concrètement, la rédaction reste entièrement libre de ses choix. “Le parti communiste soutient notre journal en le diffusant mais la rédaction décide elle-même des sujets qu’elle souhaite traiter“. D’ailleurs, si le rédacteur en chef s’affirme comme “militant communiste”, il n’en va pas de même pour les six journalistes de la rédaction. “Nous gardons tous le principe d’un journal d’opinion : proposer une vision engagée des choses tout en traitant les faits de façon journalistique“.
Parmi les unes mémorables du quotidien, celle du mouvement social des cheminots en novembre-décembre 1995 contre la “casse” du système ferroviaire, avec en premier plan un enfant couvert de tous les autocollants syndicaux, comme un symbole de l’unité syndicale et du combat pour l’avenir . “Nous avions sorti un numéro spécial vendu au bénéfice des cheminots en grève“. On peut retenir aussi celle de lendemain de l’arrivée au second tour du Front National aux élections présidentielles de 2001 avec un grand “Debout !” en titre. Ou encore le meeting de Jean-Luc Mélenchon à Lille, pour illustrer la masse des militants venus des quatre coins de la région.
Pour la rédaction, la mort de Liberté Hebdo n’a pas encore sonné. “La messe n’est pas dite, nous ne baisserons pas les bras. Nous sommes les héritiers de l’Enchaîné, de Liberté, de Résistance.” Une campagne d’abonnement a été lancée (avec pour objectif d’atteindre les 4000 souscriptions). Le journal compte également interpeller les pouvoirs publics sur les aides à la presse, les collectivités pour drainer des annonces légales… Comme ils le titraient si bien, “on lâche rien“.
Bulletin d’abonnement disponible sur Facebook par ici.
Et tant qu’à faire : DailyNord n’est pas en danger de mort, mais votre soutien est aussi important. S’il vous reste donc un peu d’argent après la feuille d’imposition, n’hésitez pas à cliquer ici…
Ce contenu est © DailyNord. Si cet article vous intéresse, vous pouvez reprendre un extrait sur votre site (n’excédant pas la moitié de l’article) en citant bien évidemment la source. Si vous désirez publier l’intégralité de l’article, merci de nous contacter »
“Notre communiqué de presse n’a eu aucun écho parmi nos confrères“, à part La Voix du Nord-Nord Eclair, Strategies.fr et évidemment le Club de la presse et L’Humanité.