Le Petit Dico décalé du Nord - Pas-de-Calais Par Stephane Dubromel | 12 mai 2013
Le grand raout du festival de Cannes, c’est pour bientôt. Le Petit Dico Décalé s’est donc penché sur le cas d’une actrice discrète mais intense, apparue aux yeux du grand public il n’y a pas très longtemps: Corinne Masiero. Papier garanti sans accent.
Femme, née à Douai, en 1964 (à une époque où Douai était une ville dans le vent).
Corinne, c’est du « in your face ». Brute et sans concession, pourrait-on dire. Artiste jusqu’au bout des ongles qu’elle doit avoir courts. Elle vivote pourtant une bonne partie de sa jeunesse. Glande, débrouille, un bac littéraire, des petits boulots. A la maison, c’était plutôt ambiance lutte de classes, avec un père directeur d’auto-école, et une mère au foyer faisant des ménages. « Une milieu prolo et coco à fond les ballons, avec réunions de cellule chez mes parents », dira-t-elle à Libération dans le portrait qui lui est consacré. A 28 ans, cependant, c’est assez : Corinne Masiero voit la lumière. Sa vie sera théâtrale.
« Do it yourself », Corinne, puisqu’elle participe à l’aventure du Théâtre K, compagnie renommée de la région menée par Gérald Dumont. Une troupe de punks qui faisait du théâtre rock qui arrache. D’ailleurs, Dumont a collaboré il y a quelques années avec un ex-membre des Berurier Noir. Juste pour dire que l’on est loin du théâtre de boulevard où l’on s’en paye une bonne tranche entre notaires, avant de rentrer dare-dare dans le Vieux-Lille. Punk, destroy, et autonome.
« Fight for your rights », Corinne, puisqu’elle est au premier plan lors de la lutte des intermittents du spectacle en 2003, bien concernée par la question. Elle ira avec ses camarades occuper la DRAC, bloquer des cars-régies de France 3 en partance pour le Tour de France, et d’autres bricoles qu’elle appelle « la fight ». Parce que quand le dialogue ne passe plus, Corinne rentre dans le lard. Faut pas l’emmerder.
Entre deux combats, Corinne poursuit sa carrière patiemment, du théâtre au cinéma dans des seconds rôles, en passant par la télé. Actrice physique (elle fait beaucoup de théâtre de rue), charismatique avec une gueule que l’on n’oublie pas et un accent ch’ti à couper au couteau savamment entretenu, elle plaît aux metteurs en scène… mais cela reste confidentiel et surtout régional. On la verra dans le Germinal de Claude Berri ou La vie rêvée des anges d’Erick Zoncka.
Au fil du temps, les rôles s’enchaînent, de plus en plus gros, de plus en plus remarqués. Jusqu’à ce qu’un type débarquant du documentaire, Cyril Mennegun, voulant se lancer dans le long-métrage de fiction, ne fasse appel à elle, pour tenir le premier rôle de son film. Voici Louise Wimmer, l’histoire d’une femme qui vit dans sa voiture parce qu’elle n’a plus de thunes. Forcément, Corinne a le physique. Diane Kruger (au hasard), un peu moins. La Douaisienne, modeste – c’est une Nordiste, que voulez-vous -, lui aura plusieurs fois conseillé de prendre quelqu’un d’autre. Il ne l’a pas fait. Du coup, Corinne sera nominée aux Césars 2013 et a aussi travaillé avec Jacques Audiard pour De rouille et d’os, et d’autres. Mais en restant la même : elle vit à Roubaix parce qu’elle ne voit pas pourquoi elle irait habiter à Paris (ben oui, pourquoi d’abord ?) et continue de faire du théâtre de rue. Dorénavant, elle ne court plus les castings alimentaires. Aujourd’hui, on l’appelle. C’est la grande différence. Assagie et policée, celle qui a refusé 20 000 euros pour une pub de banque ? Pas vraiment. C’est la méthode du cheval de Troie. Faire passer ses convictions dans la lumière de la reconnaissance. A presque 50 ans.
Retrouvez toutes les définitions du Petit dico décalé du Nord – Pas-de-Calais
Ce contenu est © DailyNord. Si cet article vous intéresse, vous pouvez reprendre un extrait sur votre site (n’excédant pas la moitié de l’article) en citant bien évidemment la source. Si vous désirez publier l’intégralité de l’article, merci de nous contacter »
Bjr,
Corinne n’a jamais travaillé pour le Théâtre K. Je ne sais pas quelles sont vos sources ?
Salutations.
Le Théâtre K et son historique, tout simplement. C’était en 1997 avec Gérald Dumont et Alhoucin Djara pour le spectacle “Delicatesse pour Monsieur Troll”, une adaptation d’une nouvelle de Dino BuzzatI. Le premier spectacle pro de la compagnie arrivera 2 ans plus tard.