Réflexions Par Nicolas Montard | 09 juillet 2012
C’est la polémique télévisuelle des derniers jours : le reportage diffusé par l’émission Strip-Tease pour son grand retour sur les écrans. En scène : un jeune agriculteur de la région, sa famille et une jeune Roumaine, rencontrée par l’intermédiaire d’une agence matrimoniale. Et un drôle d’arrière goût qui fait réagir. Comme une rengaine : ce n’est bien entendu pas la première fois que la télévision déforme – si tant est qu’elle déforme – l’image des gens du Nord – Pas-de-Calais.
Une déferlante de tweets indignés et d’articles polémiques. Strip Tease aurait voulu faire le buzz pour son grand retour, qu’il ne fallait pas s’y prendre autrement. Le cocktail de base était de toutes façons déjà explosif : un jeune agriculteur célibataire du Montreuillois qui vit avec maman, papi et mamie. Une jeune Roumaine qui débarque dans leur vie, par l’intermédiaire d’une agence matrimoniale spécialisée dans les filles des Pays de l’Est. On suit alors la rencontre et le choc de deux cultures. Le tout sous les yeux des journalistes de Strip-Tease qui en recrachent une oeuvre brute, sans concessions et sans commentaires (le principe de l’émission), laissant un drôle d’arrière-goût avec une question : fallait-il vraiment tout diffuser ? L’émission est disponible en replay, on vous laisse juger. En tout cas, Damien et sa famille l’ont désormais dure. Ils s’estiment trahis et n’avaient pas compris à quoi étaient destinées les images tournées au mois de novembre dernier (Le Parisien)…
Heureusement, on a aussi les Ch’tis à MykonosQuestion polémique télévisuelle à la nordiste, n’oublions la création à succès de W9 sur les Ch’tis. On a eu le droit aux Cht’is à Ibiza, aux Ch’tis font du ski et d’ici peu, on va encore avoir le droit aux Ch’tis à Mykonos, puis aux Ch’tis à Las Vegas… Là encore, une émission qui dérange dans la région pour ses poncifs et l’image qu’elle renvoie du Nord – Pas-de-Calais. A la différence que ses acteurs savent très bien ce qu’ils font. C’est peut-être ça le pire… |
Si cela peut les rassurer, nos agriculteurs de Saint-Denoeux ne sont pas les premiers nordistes à se plaindre d’un traitement médiatique jugé partial et mensonger. Ils pourraient même monter un club. Avec les acteurs d’une autre polémique récente, née en mai suite à la diffusion d’un Zone Interdite sur M6, laquelle entraînera même un communiqué de presse de Daniel Percheron, président de Région, himself. L’objet du délit ? Un reportage sur les vacances des ch’tis, sujet vendeur par excellence, entre Cucq la populaire et Le Touquet, la bourgeoise. Réalité déformée se sont insurgés les participants au reportage ainsi que les élus du cru (La Voix du Nord). Comme en 2009 les Maubeugeois avaient bondi en découvrant un Sept à Huit tourné dans les Provinces Françaises. Scandaleux, caricatural, tous les adjectifs classiques (relire l’article de DailyNord). Lequel suivait de quelques mois un autre reportage (pour M6 cette fois) consacré à un été chez les ch’tis, qui voulait mesurer notre hospitalité… En coupant surtout les images qui ne faisaient pas trop nordistes : genre un joli hôtel quatre étoiles casselois (voir Arrêt sur Images) pour se consacrer aux clichés…
Bref, la dernière polémique télévisuelle en date a donc un air de déjà vu sous nos latitudes. Et on peut se douter que d’ici quelques mois, un autre reportage en prendra pour son grade. Reste qu’on devrait aussi peut-être faire notre auto-critique et se demander légitimement ce que l’on propose aux caméras. Guy Delcourt, député-maire de Lens, confiait il y a quelques mois à un journaliste de DailyNord (*) que si les caméras venaient aussi facilement dans la région… c’est parce que les gens ouvraient leurs portes tout aussi facilement. Sans se méfier une seule seconde de la loupe déformante de la télévision et de ce que certains médias ont envie de montrer. En gros, ne sommes-nous pas un peu « trop bons, trop cons » ? Comme cette famille du Montreuillois qui n’imaginait certainement pas faire autant l’actualité la semaine dernière…
(*) dans le cadre d’un dossier sur les clichés, diffusé dans le magazine Nordway de février 2011.
Cet article vous a plu ? Découvrez le meilleur de DailyNord, inscrivez-vous à la newsletter hebdomadaire (envoyée le vendredi matin) ou suivez-nous sur Facebook et Twitter. Et partagez l’info ! A relire sur DailyNord au sujet des clichés sur le Nord – Pas-de-Calais : L’hiver est de retour… le reportage pauvreté dans le Nord – Pas-de-Calais avec ? Petit manuel pour écrire un reportage – ou guide – touristique sur le Nord – Pas-de-Calais Les clichés nordistes à la loupe Quand les Ch’tis passent chez TF1 A relire au sujet de la saga Ch’tis de W9 :– Les Ch’tis font du ski : petites phrases et envolées lyriques– Dix bonnes raisons de regarder les Ch’tis à Ibiza
– Exit les Ch’tis à Ibiza : ce que réserve encore la télé-réalité aux ch’tis
Ce contenu est © DailyNord. Si cet article vous intéresse, vous pouvez reprendre un extrait sur votre site (n’excédant pas la moitié de l’article) en citant bien évidemment la source. Si vous désirez publier l’intégralité de l’article, merci de nous contacter »
« Sommes-nous trop bons, trop cons ? »
La réponse est dans la question…
Ps : La région s’en est pris encore une petite ce midi dans l’émission de Drucker sur Europe 1 lors d’une chronique sensée être drôle de Charlotte Cabri
Il fallait réagir plus brutalement lors de la sortie du fameux film au lieu d’en rajouter avec complaisance !
« Trop bons ! Trop cons! » Certainement, mais lorsqu’on réagit fermement sur une question d’identité, c’est à dire dans l’autre sens, on passe pour un « raciste extrémiste » et j’en passe ! .
Signé : un Flamand de France qui sait de quoi il parle (pas un « ch’ti » !)
@Dirk. On peut tout à fait réagir fermement sur l’identité régionale sans passer un « raciste extrémiste »… C’est un problème que nous avions évoqué il y a deux ans avec Le lion des Flandres dans la gueule du loup : http://dailynord.fr/2010/03/lion-des-flandres-identite/
@didier ( Dirk..)
fut un temps où les histoires dites » belges » etaient supposées prouver la superiorité du Français. Maintenant, c’est l’inverse, certains chtis – romantiques et prompts à la rêverie d’un comté de Flandres corseté dans leurs fantasmes – s e prétendent « Flamands » (?) alors qu’ils parlent français depuis des generations et même s’ils portent un nom d’origine flamande. C’est la dernière vaguelette du Vlaams Belang et de ses agitateurs de trouilles diverses et aussi de drapeaux ( formidable pour la télé) et autres groupes extrêmistes de l’autre côté de la frontière. Mythifier le passé, c’est le meilleur moyen d’entraîner les credules.
ça deborde même sur le foot puisqu’il y a un groupe de supporters du Losc qui s’appelle « Rijsel » alors que les Lillois ont toujours parlé français.
Ce n’est pas un scoop mais on regarde trop la télé. Et question d’image, que doivent penser les New Yorkais ou les Angelinos qui voient decrire leurs villes respectives sous les dehors les plus repoussants dans les innombrables series produites à la chaînte par les télés poubelles ?
@prozac pétrifié
Si vous le permettez, deux ou trois précisions :
1) La Flandre existait avant le Vlaams Belang ! Le nationalisme flamand en Belgique s’est construit quasi exclusivement autour de la défense de la langue flamande, puis a évolué, mais ce n’est pas l’objet. Je ne suis pas Flamand belge, mais natif du Westhoek et ignore tout du foot (excusez moi pour ce dernier sacrilège).
2) L’un des impacts du nationalisme linguistique des Flamands de Belgique est qu’on associe « flamand » et « pratiquant la langue flamande ». Le Flamand n’est pas réduit à celui qui parle le flamand ! Il y a une définition historique de la Flandre et même de la Flandre française dont Lille est toujours la capitale, que je sache, et personne ne dit qu’on a parlé flamand à Lille (et à Douai également en Flandre) et que les Flamands veulent flamandiser Lille !
Le réductionnisme linguistique (commun aux Français et aux nationalistes flamingants belges) est typiquement jacobin. Les Irlandais se battant pour la survie du gaélique parlent très majoritairement anglais…et allez leur dire qu’ils sont … »anglais » !
Nous devons réhabiliter notre identité historique. « Flandre » et « flamand » étant des mots chargés de connotations positives qu’on ne retrouve certainement pas dans les néologismes « ch’ti » et « norpadcalé ».
Ceci n’est en rien une idée « extrémiste » ni stupide !
3) En Flandre française, la défense de la langue est légitime. Cette langue y est parlée depuis 2 millénaires. C’est ma langue maternelle (avec le français), celle de mes parents et tous mes ancêtres. Cette langue a été persécutée à l’école, ridiculisée, voire diabolisée parfois, comme l’ont été les autres langues minoritaires de l’Hexagone : breton, alsacien, corse, occitan, catalan, et basque.
Aujourd’hui il reste quelques dizaines de milliers de locuteurs et le nombre s’amenuise d’année en année, à la grande joie des imbéciles qui ne se rendent pas compte qu’après les langues et identités régionales, c’est la langue et l’identité « française » qui passeront à la trappe. Le processus est bien avancé !
Le combat contre le mondialisme et l’uniformisation planétaire des cultures, commence dans nos régions dont la diversité doit cesser d’être considérée comme une menace, mais comme plutôt comme un atout ainsi que l’illustrent les pays à régime fédéralistes qui nous entourent.
@prozac pétrifié
Si vous le permettez, deux ou trois précisions :
1) La Flandre existait avant le Vlaams Belang ! Le nationalisme flamand en Belgique s’est construit quasi exclusivement autour de la défense de la langue flamande, puis a évolué, mais ce n’est pas l’objet.
Je ne suis pas Flamand belge, mais natif du Westhoek et ignore tout du foot et de ces banderoles « ch’ti »(excusez moi pour ce dernier sacrilège !).
2) L’un des impacts négatifs du nationalisme linguistique des Flamands de Belgique est qu’on associe « flamand » et « pratiquant la langue flamande ». Le Flamand n’est pas réduit à celui qui parle le flamand ! Il y a une définition historique de la Flandre et même de la Flandre française dont Lille est toujours la capitale, que je sache, et personne ne dit qu’on a parlé flamand à Lille (et à Douai également en Flandre) et que les Flamands veulent flamandiser Lille ! Les Lillois et Douaisiens sont des Flamands de langue romane (picard et français) et cela n’a jamais posé de problème pour les régionalistes flamands, chez lesquels il y a de nombreux historiens.
Le réductionnisme linguistique (commun aux Français et aux nationalistes flamingants belges) est typiquement jacobin. Les Irlandais se battant pour la survie du gaélique parlent très majoritairement anglais…et allez leur dire qu’ils sont … »anglais » !
Nous devons réhabiliter notre identité historique. « Flandre » et « flamand » étant des mots chargés de connotations positives qu’on ne retrouve certainement pas dans les néologismes « ch’ti » et « norpadcalé ».
Ceci n’est en rien une idée « extrémiste » ni stupide !
3) En Flandre française, la défense de la langue est légitime. Cette langue y est parlée depuis 2 millénaires. C’est ma langue maternelle (avec le français), celle de mes parents et tous mes ancêtres. Cette langue a été persécutée à l’école, ridiculisée, voire diabolisée parfois, comme l’ont été les autres langues minoritaires de l’Hexagone : breton, alsacien, corse, occitan, catalan, et basque.
Aujourd’hui il reste quelques dizaines de milliers de locuteurs et le nombre s’amenuise d’année en année, à la grande joie des imbéciles qui ne se rendent pas compte qu’après les langues et identités régionales, c’est la langue et l’identité « française » qui passeront à la trappe. Le processus est d’ailleurs bien avancé !
Le combat contre le mondialisme et l’uniformisation planétaire des cultures, commence dans nos régions dont la diversité doit cesser d’être considérée comme une menace, mais plutôt comme un atout ainsi que l’illustrent les pays à régime fédéralistes qui nous entourent.