DailyUne | Réflexions Par Nicolas Montard et Marc Prévost | 15 mai 2012
Kamikaze : le volontaire conduisant l’avion japonais destiné à s’écraser pendant la Seconde guerre mondiale. Moins violent, il existe aussi le kamikaze des législatives. Nous en avons interviewé un hier : Hervé-Marie Morelle (relire son interview). Il n’est pas tout seul dans la région. Il faut dire qu’être kamikaze peut aussi ouvrir des portes.
Le kamikaze préféré des kamikazes modernes nordistes ? Saint Sébastien Huyghe, aujourd’hui député de la cinquième circonscription du Nord et parmi les figures plus que montantes de l’UMP nationale. Il faut dire que Saint Sébastien avait réussi un coup de maître, il y a maintenant dix ans, en 2002 (voir également la vidéo INA ci-dessus): dans la cinquième circonscription, le jeune clerc de notaire presque novice en politique affronte une vieille habituée des combats électoraux : Martine Aubry. Autant dire que pour tous les observateurs, c’est perdu d’avance, d’autant que la circonscription est presque imprenable par la droite. Sauf qu’en juin 2002, ce n’est pas Sébastien Huyghe qui explose en plein vol : mais bien la dame des 35 heures, battue, en larmes, et qui depuis, ne siège plus à l’Assemblée Nationale.
Un kamikaze hors pair ce Sébastien Huyghe, et qui va devoir rééditer la performance le mois prochain face à un socialiste Alain Cacheux pugnace comme jamais et gonflé à bloc par la victoire de Hollande. Un kamikaze dont se réclame par exemple Hervé-Marie Morelle, jeune candidat dans la circonscription de Bernard Roman. Comme il le confiait à DailyNord lors de son interview, depuis l’exemple de son aîné, pourquoi ne serait-il pas permis de croire à un même destin face à un vieux loup socialiste ? Pourquoi pas, même si c’est peu probable.
D’ailleurs, il n’est pas le seul dans une région propices aux kamikazes : à Valenciennes, dans la vingt-et-unième, on pourrait citer la vice-présidente à la Région, Sandrine Rousseau. L’écologiste, en vertu de l’accord socialiste-vert il y a quelques mois, a gagné le droit d’affronter Jean-Louis Borloo. Pas sûr qu’elle ait gagné son droit de siéger à l’Assemblée… La pareille pourrait s’appliquer à l’autre bout de la région à Vincent Léna, candidat PS dans la quatrième du Pas-de-Calais, comprenant Le Touquet, à droite depuis des lustres. Mais à la faveur du redécoupage électoral (il a récupéré quelques cantons de la troisième) et de la victoire nationale de François Hollande, il n’est pas interdit d’y croire. Au moins un peu.
Reste que comme dans toutes élections législatives, ils sont nombreux les kamikazes. En particulier dans un Nord – Pas-de-Calais très conservateur en terme de sièges. A part sur la circonscription particulière d’Hénin-Beaumont avec Marine Le Pen, plus qu’en embuscade, les autres circonscriptions de l’ex-Bassin Minier semblent par exemple de nouveau promises à la gauche, les opposants ne faisant que de la figuration. Notamment quand ils affrontent les vieux caciques du Parti Socialiste type Kucheida ou Janquin, qui ont depuis longtemps compris les mécanismes d’une campagne électorale et peuvent s’appuyer sur des bataillons entiers de militants zélés et votant comme un seul homme pour le même candidat. Comme à Dunkerque, où le système socialiste de Michel Delebarre & co a tout verrouillé depuis des lustres.
Mais ça, le kamikaze s’en fiche. Partir au combat sera toujours bénéfique pour qui a un peu d’ambition (*) : au mieux, il devient un exemple à la Saint-Sébastien Huyghe, au pire, il peut se faire remarquer dans la hiérarchie de son parti et glaner des points précieux pour plus tard (ce qu’a fait un certain François Hollande en Corrèze… en 1981 contre Jacques Chirac, on voit aujourd’hui le résultat). C’est le kamikaze des temps modernes.
(*) On se souvient néanmoins de kamikazes plus altruistes. En 1997, le Président du Conseil Général du Nord, le RPR Jacques Donnay fut envoyé au casse-pipe contre… Martine Aubry. Par dévouement, il accepta la mission. Tandis que dans son canton, le même Jacques Donnay se prenait un kamikaze de plein fouet à plusieurs reprises : Patrick Kanner. Lequel a fini président du Conseil Général du Nord…
Photo de Une : par Sean MacEntee, sur FlickR
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