Le monde selon moi | Petit théâtre de Martine Aubry Par Marc Prévost | 10 octobre 2011
A l’évidence, oui. Reste à …le faire. Le débat de mercredi prochain entre François Hollande et Martine Aubry sera donc décisif. D’ici-là ce sont les électeurs de Montebourg – révélation de ce scrutin – et de Royal – déception de ce scrutin – qui seront courtisés. Fichtre ! 17 % pour le premier, 7 % pour la seconde, voilà des paquets de voix précieux pour les deux finalistes. Avec une grosse différence. Les électeurs du député de Saône-et-Loire sont probablement moins disciplinés que ceux de Ségolène Royal, plus enclins à suivre une consigne. Et c’est ce que la présidente de Poitou-Charentes devrait faire. Pour garder son statut de faiseuse de roi – ou de reine -, d’abord. Orgueil de vaincue oblige. Pour peser sur la décision, ensuite. Montebourg la devance de dix points et dispose d’une grande influence, mais la véritable clé du second tour, c’est peut-être elle*. Surtout si Montebourg ne donne aucune consigne. Les électeurs de ce dernier pourraient se reporter sur Aubry, proximité idéologique et tactique oblige (Montebourg se substituant à un Hamon, par exemple, pour faire le parallèle avec un congrès de militants, et les électeurs de Montebourg se recrutent à la gauche de la gauche : Front de gauche, écolos, « alters »,…). Mais une partie d’entre eux pourraient faire le choix de Hollande. Entre Montebourg et Aubry, il y a Marseille, sa fédération sulfureuse et son président du conseil général des Bouches-du-Rhône mis en examen. Gageons qu’une partie des électeurs de Montebourg ont considéré la moralisation de la vie publique en allant voter. Hollande saura-t-il tirer son épingle du jeu ? Entre Aubry et Montebourg, il y a une rivalité personnelle qui dépasse encore ce que l’on trouve habituellement au PS (!, et l’on peut en dire autant du numéro trois à l’endroit de François Hollande…). Difficile pour le second de tirer un trait sur la vexation imposée par la maire de Lille qui a enterré le rapport sur la fédération socialiste en question. Nombre d’électeurs pourraient suivre le même raisonnement.
Reims bis? Je l’ai déjà dit, le pire des scénarios pour le PS c’est un affrontement bloc contre bloc, qui rappellerait les déchirements du congrès de Reims en 2008 quand Aubry et Royal avait joué une mauvaise pièce sur fond de tricheries supposées et d’écuries à couteaux tirés. A 50/50. Et c’est ce qui se profile. La légitimité du résultat en pâtirait forcément, de même que la future campagne socialiste. Le bon déroulement du premier tour et le niveau de la participation éludent quelque peu ce risque.
Les atouts et les handicaps de François Hollande. Proche de la barre des 40 %. Il a su créer une dynamique. Le ralliement de Manuel Valls (6%) lui apporte une réserve cohérente. En même temps, cela consigne l’inclination « droitière » de François Hollande, ce que l’on ne manquera de lui reprocher cette semaine. Presque un cadeau empoisonné – mais indispensable – pour celui qui doit désormais trouver des marges sur sa gauche et au centre de l’électorat de gauche. Les « montebourgistes » et » les royalistes » en ligne de mire (voir plus-haut). Le challenge semble plus difficile pour l’ancien premier secrétaire que pour la maire de Lille. Comme au premier tour, une partie de l’issue du scrutin se jouera sur la personnalité des adversaires. Et l’accusation oblique de « gauche molle » à l’encontre de François Hollande trouve un certain écho. Ce dernier a donc une semaine pour faire mentir l’accusation.
Les atouts et les handicaps de Martine Aubry. Elle se positionne le plus près du centre de gravité de l’électorat et dispose théoriquement d’une plus grande réserve. Et sont statut de première secrétaire du PS la sert évidemment. Il lui faut désormais trouver les arguments pour parler avec Montebourg et Royal mais aussi pour s’adresser à leurs électorats respectifs dont rien ne dit qu’ils ne muteront pas entre les deux tours. A priori, théoriquement Aubry a plus de moyens pour parlementer mais plus d’ennemis personnels, au contraire de Hollande-le-gentil dont l’espace du second tour est plus étroit. Saura-t-elle se déjuger sur l' »affaire Guérini », pomme pourrie de discorde entre elle et le troisième du premier tour** ? Trouvera-t-elle le chemin de la réconciliation avec Ségolène Royal, son adversaire vaincue du congrès de Reims ?
Aucune erreur n’est donc permise pour les deux adversaires.
* En poussant le raisonnement et si les dieux de la politique sont espiègles, Jean-Michel Baylet (PRG) et ses 1% auraient un rôle à jouer…Avec l’essentiel des voix de Montebourg, Aubry se rapprocherait de l’étiage d’un Hollande conforté des voix de Valls et Baylet. Reste l’inconnue Royal…et la discipline supposée ou surestimée d’un électorat dont c’est la première expression dans un scrutin nouveau sous la V ème République et qui se recomposera nécessairement entre les deux tours. La politique, ce sont des dynamiques, pas seulement des logiques arithmétiques.
**En fait, sur le dossier marseillais, la question est : qui se déjugera ? Aubry, pour se ménager un report, ou Montebourg qui pourrait ne donner aucune consigne, sauver la face, et laisser ses électeurs choisir.
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La gauche molle de François Hollande (parce que là, Aubry a raison)
ou
La gauche ‘retraite à 60 ans et ensuite 62 ans’ ou ‘présomption d’innocence, mais pas de présomption d’innocence’ d’Aubry, ça ne changera rien maintenant
Le parti PS a éliminé ses meilleurs candidats (Montebourg et Baylet)
Donc, pour voter à gauche dans les Présidentiels, mieux éviter le PS complètement
C’est sûr que pour voter vraiment à gauche, le PS (hors Montebourg) c’est tout sauf une référence…