Greenwashing : vert correcteur pour vision raccourcie

Greenwashing, ou comment laver plus vert que vert. L’écologie a le vent en poupe, du coup, des petits génies du marketing et de la communication n’hésitent pas à parer leurs produits de vertes vertus. Quitte (souvent) à en rajouter et à en faire (beaucoup) trop. Sauf qu’à force de laver et de relaver, ça finit par se délaver et le tissu se craquelle. Initiation au greenwashing dans la région.

Du vert à toutes les sauces. Prenons un exemple : au (pur) hasard, Auchan, fleuron économique de la région. Eh bien même chez le discret Auchan, pourtant guère prompt à communiquer, on a cédé aux vertes sirènes. Rentrée 2009, la chaîne d’hypermarchés annonce qu’elle arrête la commercialisation des espèces de requins menacés. Super, magnifique. Dix pages d’un communiqué où l’on apprend que 150 tonnes de requins dans douze pays du globe seront épargnées à l’avenir. Alléluia. Développement durable, empreinte écologique, responsable… tout le champ lexical y est savamment distillé. Mais on pourrait prendre la chose à l’envers et se dire qu’il n’y a pas de quoi fanfaronner puisqu’en 2009, Auchan osait encore vendre une espèce menacée d’extinction. Qu’importe.

Vert reluisant

Après tout, le requin, c’est la partie immergée de l’iceberg. Car Auchan mord à pleines dents dans le filon vert. Exemple avec ce rapport de 55 pages qui n’a rien d’austère: je cite, « Auchan France, entreprise responsable « . Auchan encore qui, en 2010, lançait une campagne de pub télévisée sobrement intitulée « Auchan lance le discount responsable ». Auchan par ici, Auchan par là, Auchan qui promeut des dentifrices éco-responsables dépourvus d’emballage (en plus, ça coûte moins cher). Et on pourrait ainsi décliner les exemples à l’envi, pour Auchan et pour bon nombre d’entreprises.  Peu importe que ce temple de la consommation vende un tas de produits qui eux n’ont rien de vert. Mais on arrête avec Auchan, c’était juste un exemple parmi tant d’autres. Parce que rayon grosses boites, tout le monde se drape aujourd’hui de vertes vertus (petit coup d’oeil sur l’Observatoire de la publicité pour s’en convaincre) et paraît totalement décomplexé.

Et Metaleurop se la joue Recyclex

Même que cela frise parfois le culot. Si si. Imaginez, par exemple, Metaleurop se la jouant entreprise verte ? Oui, on parle bien du même Metaleurop, celui qui a laissé à Noyelles-Godault (Hénin-Beaumont) l’un des sites les plus pollués de France et de Navarre. Bel exemple de greenwashing. Et bel exemple de recyclage sémantique : aujourd’hui, on ne dit plus Metaleurop mais Recylex (depuis 2007). Feu Metaleurop passée maître dans l’art du recyclage s’en vante volontiers.  Petit coup du côté du site internet pour s’en convaincre: Recylex fait dans le recyclage du plomb, dans le recyclage du plastique (entre autres) et même dans la réhabilitation d’anciens sites industriels (notamment miniers). Si, mais pas à Noyelles-Godault, bien entendu. Après tout, peut-être que les meilleurs pollueurs d’hier peuvent devenir les meilleurs dépollueurs d’aujourd’hui. D’ailleurs, c’est écrit noir sur blanc sur le site : « Le groupe jouit d’un savoir-faire unique, héritage de son passé industriel ».

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