DailyUne | Petite histoire Par Pierre Lechat | 25 novembre 2010
Qui a dit que le Nord n’était pas une terre d’inspiration? Eh oui, on apprend que la fameuse Aliiiiine-qu’elle-revienne de Christophe (en concert ce jeudi à Lille) a directement été soufflée par la région. Aliiiiine a bel et bien existé, en chair et en os, et même qu’elle habitait Lille. Comme quoi, le Nord – Pas-de-Calais est un peu la muse des stars, et ça ne date pas d’hier… Détour dans l’anthologie de la chanson française.
Non, on ne va pas vous rabâcher les oreilles d’un Tiot Quinquin ou d’un Tango du Cachalot. Y’a pas que le folklore qui chante le nord. Ni, pour changer de registre, des Corons de Bachelet ou de Renaud cante el’Nord. N’en déplaise aux détracteurs de la région, les terrils, les corons et les Gueules noires ne sont pas les seules sources d’inspiration. Nos latitudes septentrionales ont bien d’autres cordes (vocales) à leur arc. La preuve avec Line Renaud et sa Mademoiselle from Armentières. Euh quelle année ? 1952 ! Au rayon antiquités/classiques, on trouve aussi un certain Jean Perrin. Inconnu au bataillon? Normal, son fameux Clair de lune à Maubeuge (1962) a tour à tour été pillé par Bourvil, Fernand Raynaud, Annie Cordy, Claude François et on en oublie sans doute au passage. On y parle du « doux soleil de Roubaix » et du même « doux soleil de Tourcoing ». Et toc, pour tous ceux qui pensent que le soleil ne brille jamais dans la région.
D’ailleurs, il n’y a pas qu’à Roubaix et Tourcoing que le soleil brille de mille feux. Au Touquet aussi. Si si. C’est Hubert-Félix Thiéfaine qui le chante volontiers dans Le Touquet Juillet 1925 (sortie en 2001). Je cite : « le soleil joue sur nous ( bis ) / et je vous avoue / que je suis jaloux /et fou de vous ». Et puisqu’on parle de soleil, difficile de faire l’impasse sur l’ami Enrico Macias avec son Gens du Nord : Les gens du Nord /Ont dans leurs yeux le bleu qui manque à leur décor. Encore un truc que les artistes aiment chanter, cette fameuse chaleur des gens du Nord-qui-ont-dans-le-cœur-le-soleil-qu’ils-n’ont-pas-dehors.
Pas pour rien que la région est aussi présente au rayon comique troupier. Exemple ? Les Douaniers du Clair de lune d’Annie Cordy (refrain » Tous les douaniers du clair de lune/Qu’ils soient de Béthune ou de Pampelune/ etc.) Pas convaincu? On a un autre exemple sous le coude avec L’Ami bidasse interprété par Fernandel. Un ami qu’il ne quitte jamais, un ami tout ce qu’il y a de plus authentique, vu qu’il est originaire « d’Arras, chef lieu du Pas-de-Calais ».
En puisant dans l’anthologie de la chanson française, on trouve ainsi des mentions récurrentes à la région. De quoi rectifier certaines injustices. La ville de lumière n’a jamais été Toulouse comme l’a chanté le groupe de variétoche Gold, mais bel et bien Hénin-Liétard. On ne discute pas, c’est le grand Henri Salvador qui le dit dans une chanson sobrement intitulée Hénin-Liétard. Je cite encore : « Hénin-Liétard/Ville d’amour, ville de lumière/Hénin-Liétard/Département du Pas-de-Calais. » (Soyons honnêtes, la chanson finit plus mal qu’elle n’a commencé puisque feue Hénin-Liétard y devient « Ville perfide/Ville trompeuse ».) Hénin-Liétard qui inspirera aussi les Charlots. Titre : Hénin-Liétard; refrain : « Hénin-Liétard/ Mon village adoré / Je n’aurais pas dû te quitter. » Hénin, muse du nord, qui l’aurait soupçonné?
Autre ville (inattendue?) à se retrouver en chanson : Dunkerque. Lorsqu’il se lance dans l’énumération d’endroits idylliques (Mon copain Bismark), le regretté Nino Ferrer n’oublie pas non plus la région. Porto-Rico, Guatemala, iles Salomon… et aussi Marcq-en-Baroeul et Dunkerque. Forcément, il faut avoir un regard d’artiste, mais Dunkerque peut aussi être source d’inspiration. En témoigne, quelques années plus tard, l’opus du groupe Indochine : Dunkerque, tout simplement. Il est vrai qu’on a du mal à voir le lien avec les paroles sauf qu’il est question de sable. Mais ne chipotons pas. Les sceptiques diront que tout ça commence à dater. Même pas. Chez Vincent Delerm, on trouve plusieurs mentions de la région (François de Roubaix, Tes parents). Idem pour le rappeur Axiom (Lille, ma Médina). On vous le dit, le Nord – Pas-de-Calais n’a pas fini d’inspirer les artistes…
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Petite leçon d’histoire les dailynoreux. Qui a écrit ces standards d’avant et après guerre ? : « Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine » (1936), « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux » (1937), « Tiens tiens tiens (1939), « On ira pendre notre linge sur la ligne Sigfried » (1939), et « À la mi-août » (1950). Ray Ventura et ses collégiens, Bourvil, Jean Sablon, Eddie Constantine, Tino Rossi, Line Renaud, Luis Mariano jusqu’au grand Yves Montand ont interprété ses chansons. Il s’agit d’André Hornez, natif de Lens. Pour l’époque c’était du très lourd.
Pour les cinéphiles, dans l’excellentissime « Quai des orfèvres » de Clouzot (avec Louis Jouvet et un débutant du nom de Bernard Blier) Suzy Delair entonne un autre standard d’André Hornez : « Avec son tralala ». Jubilatoire.