DailyUne | Rebrousse-poil Par Pierre Lechat | 19 octobre 2010
On avait fini par croire qu’on ne mettrait jamais un pied dedans. N’en déplaise à ses nombreux détracteurs, l’Express Hénin-Lille – ou le « RER » comme on l’appelle plus volontiers – effectuait ce mardi 1er février (2022) son voyage inaugural. Douze ans après avoir été mis sur les rails. Naturellement, DailyNord faisait partie du voyage. En voiture.
Petit coup d’oeil dans la rame, personne ne manque à l’appel. Agglutinés sur les banquettes à engloutir les canapés servis par les hôtesses. Les conseillers territoriaux, les élus de Lille-Eurométropole, ceux de la toute jeune Communauté urbaine du bassin minier. Hormis le sénateur Percheron, absent – officiellement – pour incompatibilité d’agenda, tout le gratin local et régional se presse autour de la présidente de la République. Oui, Martine Aubry est venue prendre le train à Hénin.
Dans son discours, elle dira combien ce train est « un symbole rapprochant davantage encore l’ex bassin minier de la métropole lilloise ». Qui renforce leur complémentarité quand les uns et les autres, voilà pas si longtemps, étaient animés d’une rivalité. Quand les élus de l’ex Bassin minier jetaient un oeil suspicieux en direction de leur voisine lilloise, craignant son potentat. Avec le Louvre (ouvert en 2013, pour mémoire), dira Martine Aubry, ce train participe à la reconversion de l’ex Bassin minier ; reconversion qui n‘en finit plus trente ans tout rond après la fermeture du dernier puits, justement, à deux pas de la ligne. Car la ligne Hénin-Lille est sensée annoncer plein d’autres chantiers : son prolongement vers Lens dont les crédits viennent enfin d’être votés, la fin des travaux pour la ligne Lille-Dunkerque elle aussi annoncée en 2011, sans oublier les rénovations du Grand Stade et du Louvre à l’horizon 2025-30…
Pourtant, l’Express Hénin-Lille a bien failli rester à quai à tout jamais. Qui se souvient de son inscription au schéma régional des transports en 2006 ? Et du lancement du projet concocté en catimini en 2010 par Daniel Percheron? L’ex président du Conseil régional (2001-2012) avait alors essuyé une volée de bois vert. On lui prêtait des rêves démesurés, un projet démagogique. Parce que le projet manquait cruellement de concertation. Parce qu’il semblait irréaliste, parce qu’il semblait bien trop cher aussi et que ses financements paraissaient pour le moins incertains. Certes, l’arrivée de la gauche au pouvoir en 2012 a vraisemblablement inversé la vapeur et donné un coup de fouet au train jusque-là languissant. Certes, ce train flambant neuf n’a plus grand-chose à voir avec le projet initial. Le tracé a été revu d’abord. Pour se connecter à la troisième gare de Lille à Seclin émergée en 2012 et aussi pour se connecter au tramway Hénin-Lens.
Des petits détours qui ont allongé le tracé (33 km contre 30 à l’origine) en même temps que les coûts : 800 millions d’euros évoqués en 2010, plus de 1,1 milliards d’euros avec les nombreux avenants ajoutés. Presque aussi cher que le Grand Stade de Lille ! C’est que le projet de 2010 avait « oublié » quelques menus détails comme les ouvrages d’art pour enjamber les voies, les parkings desservant les gares… Et puis, dans ce genre de chantier, il y a toujours les impondérables qui viennent alourdir la facture. D’aucuns trouveront finalement cet express un peu cher pour ce qui demeure, à leurs yeux, un TER à peine amélioré.
Car le projet a un peu perdu de sa superbe au fil des ans. De 17 minutes à l’origine pour effectuer la liaison Hénin-Lille, on est passé à 20 minutes: trop compliqué de faire circuler des trains totalement automatisés roulant à 160 km/h dans des zones parfois très denses. De même que la fréquence (5 minutes annoncées aux heures de pointe en 2010) a aussi été revue à la hausse. Mais aujourd’hui, maintenant que la ligne est ouverte (enfin, pour le commun des mortels, ce sera demain 2 février 2022), personne ne songe à bouder son plaisir. Reste à savoir si ce RER va enfin désengorger le trafic routier aux entrées de Lille.
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Alors là Dailynord vous n’avez rien compris mais alors vraiment RIEN compris. C’est bien parce qu’il s’agit d’une fable que je vous pardonne. La preuve qu’il s’agit d’une fable d’ailleurs, le pot à tabac est présidente de la République (à 72 ans en plus, quand on voit son état de fraîcheur actuel) et Daniel Percheron célébrerait sa… 39e année au poste de sénateur, plus fort que Jeannie Longo. Non ce qui me hérisse le poil au point de le rendre aussi dur qu’une brosse à chiottes, c’est le principe de donner pour mission première à ce RER la tâche de faire transiter les travailleurs vers Lille. Un pur discours de néo-esclavagiste pro lillois.
Attention, je n’ai rien contre ce RER, bien au contraire, tant que cela contribue à pousser les bagnoles dans la catégorie espèces en voie d’extermination. Par contre, pourquoi évoquer le sujet sous l’angle unique du sens Hénin-Lille ? En résumé cela ferait du bassin minier un immense coron où résiderait la main d’oeuvre métropolitaine. C’est déjà en partie le cas me direz vous. Toutefois, les « gens de terrain » confirment que le développement des territoires doit être local dans sa définition stricto sensu. La politique de proximité ne doit pas en rester au stade des mots. Le droit de travailler au « pays » n’est peut-être pas inscrit dans la déclaration des Droits de l’Homme, eh bien c’est un tort. Le tram serait sans conteste un progrès à partir du moment où il contribue au développement des zones traversées. S’il s’agit d’un transport de bestiaux type RER parisien, ce serait une très mauvaise fable. Et certainement pas un progrès du genre humain.