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Etre monarchiste en 2010, ça veut dire quoi ?

DailyUne | Petite histoire Par | 27 janvier 2010


La manifestation est sans doute passée inaperçue dans vos agendas. 21 janvier : messe en hommage à Louis XVI en la cathédrale de Tournai. Une date rituelle dans le microcosme monarchiste. Le nordiste Philippe D. y assistait. Tout comme ce jeudi, il ira à la rencontre du prince Jean d’Orléans, régent du Dauphin (*), deux mois après la sortie de son livre. Pourquoi est-on monarchiste en 2010 ? Philippe D. nous éclaire à ce sujet.

Et dire qu’il s’en est fallu d’un cheveu. 1871. La République est votée aux dépens d’une restauration monarchique avec juste une petite voix d’écart. Juste une voix… Tout comme en 1793, l’exécution de Louis XVI fut tranchée d’une petite voix. Forcément, quand le destin d’une nation bascule sur un petit suffrage, ça fait sourire. De quoi alimenter un ressentiment plusieurs générations plus tard ? Même pas. Philippe D. ne songe pas à réécrire l’Histoire. Non, ce quinquagénaire nordiste assure « vivre avec (son) temps et (son) époque » et n’entretenir aucune nostalgie. Il dit être « réaliste » et ne souhaite en aucune façon remplacer le drapeau tricolore par un blanc à fleurs de lys. Question de bon sens. « Quel évènement politique ou militaire serait à l’origine d’un nouveau régime ? La IIIe République est née après la guerre de 1870. Pour justifier un changement de régime, il faudrait vraisemblablement une guerre. Ce serait épouvantable. Quiconque aime son pays ne peut souhaiter ça. » Philippe est donc un royaliste modéré, dirons-nous. Car il en va des monarchistes comme des républicains. Plus ou moins engagés, plus ou moins radicaux, les courants sont nombreux.

Noble aujourd’hui, un esprit

Même si il dit remplir son devoir d’électeur, son coeur penche pour la monarchie. Une monarchie parlementaire, comme en Espagne ou en Suède, les exemples ne manquent pas sur le Vieux continent. C’est comme ça. Ce Nordiste a été élevé dans une tradition royaliste. Issu d’une famille aristocratique de très longue lignée, omniprésente sur les champs de bataille à travers les siècles, et dont la première mention remonte au XIe siècle. Nous y voilà : un noble ! Et forcément, qui dit noble, dit privilèges. Le stigmatisant droit de cuissage en première ligne. Ça aussi, ça le fait doucement sourire, ces poncifs attachés à la noblesse. Voilà bien longtemps que son patronyme s’est délesté de sa particule. Notre homme n’arbore aucun titre de noblesse et dit n’être « qu’un hobereau. » Quant à ce fameux droit de cuissage, « c’était quelque chose de tout à fait désuet ». D’ailleurs, il rappelle volontiers que la noblesse était engagé dans ce processus de réforme avant même la Révolution. « Mon ancêtre avait voté à la Généralité de Caen l’impôt monétaire dès avril 1789. » Mais la noblesse tout comme la monarchie véhiculent des clichés tenaces. Pour ne pas dire caricaturaux. Fastes versaillais, embastillements arbitraires, guerres sanguinaires, despotisme et j’en passe… « C’est la vision que nous conservons. Sous la Troisième République, les manuels d’histoire ont gauchi la chose. C’est une façon tronquée de présenter l’Histoire. Par exemple sous Louis XVI, la France n’a connu aucune guerre sur son sol. Il faudra encore attendre deux ou trois siècles pour que les historiens s’aperçoivent qu’ils y sont peut-être allés fort. » Logique, la tout jeune République souhaitait ainsi se prémunir contre toute velléité de restauration monarchique. Non, notre aristocrate n’est aucunement attaché à ses privilèges. Et s’il devait définir aujourd’hui la noblesse, il la résumerait plutôt comme « un esprit » ; un esprit naturellement emprunt de chevalerie.

Un roi n’est jamais bling-bling

Mais être monarchiste aujourd’hui n’est pas seulement le fruit d’une tradition ou d’une éducation. C’est aussi le résultat d’une réflexion. Philippe est monarchiste parce qu’il y voit un bien meilleur régime que l’actuel. A ses yeux, un roi incarne la nation. Il est garant de certaines valeurs et d’une morale qui fondent sa légitimité plus que son lignage. Quelque chose qui tranche avec le bling-bling ambiant. Notre homme jette ainsi un regard critique sur la société actuelle évoquant « une dérive » propre à raffermir ses convictions. « « Pourquoi avoir coupé la tête d’un roi pour rétablir la même chose ? La Déclaration des droits de l’homme de 1789 était sur les libertés. Celle de 1791, sur l’égalité, mais celle-là tout le monde l’a oubliée. Rien n’a changé. Nous avons une médecine à deux vitesses, une justice à deux vitesses… » Il se dit ainsi éhonté de voir « un PDG gagner l’équivalent de 500 années de SMIC en une seule année ». Seule différence aujourd’hui avec cette société de l’Ancien régime ? « Ce n’est plus l’honneur qui gouverne la France, mais l’argent. » Etre monarchiste, c’est aussi avoir un regard critique sur le régime actuel. Philippe condamne volontiers le « populisme » dont le monument reste à ses yeux, l’élection du Président de la République au suffrage universel direct. Un populisme qui s’accompagne d’une « absence d’idées » et d’une « absence d’ambition pour la France à 10, 20 et 50 ans. » Tout simplement parce qu’aucun mandat électoral ne va aussi loin.

(*) Jean d’Orléans, duc de Vendôme, est le fils de l’actuel comte de Paris. Depuis 2003, il est le régent du Dauphin, son frère aîné souffrant d’un handicap. Il est à l’initiative de l’association « Gens de France » et il a publié en novembre dernier un livre intitulé « Un prince français ». Jean d’Orléans sera en mairie de Marcq-en-Baroeul jeudi à 18h.


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3 Commentaires

  1. Joli révisionnisme, Mon Seigneur !

    Certes, la société actuelle est considérablement inégalitaire. Mais de là à dire que ce n’est pas mieux que l’Ancien régime!!! Laissez-moi, Mon Seigneur, me taper mon postérieur de coquin sur votre parterre doré!

    Le plus drôle chez les aristocrates que j’ai visités, c’est leur bibliothèque! Une soigneuse sélection des historiens les plus conservateurs!

    D’ailleurs, il faudrait que Son Seigneur se tienne au courant de l’historiographie… Il y a bien longtemps que les historiens de la IIIe République ont été réfutés. Bien longtemps qu’on ne « gauchise » plus l’analyse de la monarchie.

    Il faut rappeler que les révoltes dites « populaires » ont commencé dès la fin du XVIe siècle (et que dire de la Saint-Barthélémy??? La Rochelle?). Qu’a fait alors la monarchie, pour répondre à ces révoltes? Elle a muté en cette horreur que l’on appelle « monarchie absolue », en d’autres termes, un pur totalitarisme, autoritaire, brutal. Ah! Les aristocrates ne se sont pas fait prier pour mater les vilains, les coquins! Alors, que Ses Seigneurs se soient « réveillés » quelques années avant le « Grand soir », pincez-moi!, mais c’est bien parce qu’ils n’avaient qu’une idée en tête, ce que les historiens appellent « tenir son rang ».

    Et attendez, les horreurs que vous avez perpétrées ne s’arrêtent pas avec la Ière République. Que dire de Charles X, par exemple? En 1848, n’avez-vous pas fait partie, aux côtés de la bonne bourgeoisie libérale, du Parti de l’Ordre qui a tué, massacré, assassiné des foules et des foules? Ah tiens, et L’Action Française alors??? Tiens, tiens… action française… quand même franchement antisémite (quand je pense que son journal est toujours en vente dans les kiosques)… Au fond, c’est seulement grâce à cette « liberté » que vous avez tellement maltraitée pendant des siècles que vous avez encore droit à la parole…

    Les exemples des horreurs que vous avez commises ne manquent pas. Vous en avez encore pour plusieurs siècles de rédemption.

    La société des trois ordres qui a fait la France des environs de l’an mil à la Révolution, est une ignominie sans pareille!

    Etant donné l’état des tensions sociales actuelles, on ne saurait trop conseiller aux monarchistes de se faire tout petits, petits, petits… car ils pourraient réveiller les passions les plus meurtrières de la populace… Celle qui crevait de faim, lorsqu’eux se gavaient dans leurs châteaux…

    Et heureusement qu’il y a eu la « Renaissance », car avant cela, les aristocrates étaient d’une brutalité inégalable! Les CRS c’est des bisounours à côté!

    Plutôt crever dans une république anti-démocratique et inégalitaire que revenir à une monarchie.

  2. en s’agissant du commentaire précédent. je ne suis ni royaliste ni monarchiste et pourtant vous avez du arrêter votre étude de l’Histoire en terminale j’imagine.
    Car non l’absolutisme n’est pas le despotisme !

  3. Je ne suis pas de ceux qui pensent que culture rime avec étude, mais vu l’enseignement sur l’AR que l’on dispense à nos lycéens, je suis forcé d’être d’accord avec Francois.

    Un peu d’instruction à ce sujet ne vous ferai pas de mal, BB. Vous êtes dans un mix entre le cliché et le grand kitsch, en ne citant que les évènements, les caractéristiques de la monarchie les plus caricaturales.

    Un peu de nuance que diable !La Saint Bartélemy a, de nos jours, de quoi choquer le plus apathique des hommes, mais ne pas la replacer dans son contexte, national et international, en précisant qu’en ces temps le degré de violence, brutalité… de la société était sensiblement plus élevé, que la guerre protestants/ cathos était tout aussi sanguinaire d’un côté comme de l’autre, que c’était une guerre civile qui déchirait la France, donc appelée, comme toutes les guerres civiles, à des actes cruels, serait une grave erreur.

    Il faut nuancer tous vos propos. La monarchie est un régime de compromis, qui n’a véritablement était fort que du 16e au 18e.Mais En le comparant avec le régime actuel, on s’aperçoit que même à son apogée, sous Louis XIV, le roi avait moins de pouvoir que le Président sous la Ve République.

    Et si on veut émouvoir la foule avec des massacres et des horreurs monarchiques, les exemples ne manquent pas non plus du côté républicain ( cf la Terreur en 1793 ou l’épisode de la Commune de Paris en 1871)

    Je précise que je ne suis pas plus monarchiste que Francois, et je trouve très idiot, à l’heure de la diffusion instantanée et globale de l’information, de maintenir les francais dans cet obscurantisme et ce « tronquage » de l’Ancien Régime, voulu à l’époque révolutionnaire, et perpétré par des clichés noirs qu’il faudrait peut-être rendre gris…

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