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Grippe A : rideau sur la valse à cinq temps

DailyUne | Réflexions Par | 29 janvier 2010


Rideau ! Ce week-end, les derniers centres de vaccinations contre la grippe A H1N1 ferment leurs portes dans la région comme ailleurs. La fin – provisoire ? – d’un palpitant feuilleton auquel tout le monde était scotché depuis mars dernier : politiques, population, corps médical et bien évidemment médias qui ont surfé sur la dernière pandémie de la décennie. Une véritable saga que nous avons rapportée d’ailleurs comme telle dans nos colonnes (à retrouver ici). En prenant un peu de recul, retour sur cette valse à cinq temps dans le Nord – Pas-de-Calais bien sûr.

Mars – mai : la France a peur

Mars 2009. Les premiers cas d’une maladie que personne ne connaît (enfin parmi le commun des mortels) fait son apparition sous les latitudes clémentes mexicaines : la grippe A (H1N1). Plus communément appelée grippe porcine, ce qui fera vite râler les professionnels du secteur porcin qui s’estiment lésés (retrouvez notre article). Rapidement, le virus mexicain gagne les autres pays et inquiète au plus haut point les organisations internationales. Une actu en chasse une autre, la crise tenante du titre depuis l’automne 2008 se retrouve éclipsée. La France et le Nord – Pas-de-Calais ne sont pas en reste. On ne sait pas trop ce que tout ça va donner, mais on en parle. Au point de relayer les hospitalisations douteuses (comme celle-ci en avril à retrouver dans l’une de nos revues d’actu). Et la région attend fébrilement son premier cas avéré. Ce ne sera pas encore le cas avec le mythomane de Frévent et sa grand-mère en voyage au Mexique  (voir ici), mais on tartine du papier même si c’est pour ne rien dire de neuf (des Nordistes qui appellent leur famille mexicaine, etc). Quand on ne se sert pas de l’épidémie pour faire avancer le dossier Florence Cassez par exemple (son avocat recule son voyage au Mexique, le député-maire de Lens Guy Delcourt demande le rapatriement de la jeune femme à cause de l’épidémie, voir La Voix du Nord). La France a peur.

Juin – août : une si longue attente

Juillet-août. Tous les journalistes vous le diront, c’est la période la pire de l’année. Pas ou peu d’informations à se mettre sous la dent, et pourtant, faut nourrir le canard… Magie de la grippe A (H1N1) oblige, cet été, elle a apporté une bouée de secours. Avec une question existentielle au coeur de l’été : comment les entreprises se préparent-elles à l’épidémie de grippe A qui va déferler à l’automne (confessons-le, DailyNord était l’un des premiers sur le coup, à retrouver là). A lire les différents articles avec le recul, on ne peut s’empêcher de sourire : on s’imaginait une France complètement paralysée à l’automne, un peu comme à l’approche du fumeux bug de l’an 2000. Plusieurs médias évoquent la préparation des hôpitaux, celle des médecins, bref, on fait du sujet sur « LE » sujet. En juillet, après un mois de juin relativement calme sur le front de la pandémie dans les médias (comparé à avril et mai), le virus fait réellement son apparition dans la région au centre de vacances d’Ambleteuse (notre revue d’actu de juillet). Dès lors, les cas se multiplient, les témoignages aussi pendant que le gouvernement planche d’arrache-pied sur la vaccination. Et pendant ce temps, des petits malins commencent à surfer sur le phénomène. Du Tamiflu, des masques, des lingettes, des pin’s apparaissent sur le net avec de belles arnaques à la clé (notre Lu, Vu, Entendu). Dans la région, une entreprise dunkerquoise buzze même autour du sujet : comme il paraît qu’on ne va plus pouvoir se serrer la main (et encore moins se faire la bise), l’un des autres sujets de l’été, COMpositions lance le Yes, un badge pour se dire bonjour (notre article)…

Septembre : pandémie d’articles

Septembre. L’épidémie avait eu le temps de mûrir durant l’été. Allait-on maintenir cette braderie de Lille avec ses deux millions de visiteurs ? La question s’est posée en août. La braderie sera sauvée. Début septembre, donc. A peine les gamins rentrés qu’on recense déjà des cas groupés de grippe A dans un collège d’Houplines (Armentières) (retrouvez notre texto). Suivront Villeneuve-d’Ascq, Hénin-Beaumont, Lille… Liste non exhaustive. Du coup, on inaugure une nouvelle discipline : après avoir comptabilisé les cas de H1N1 dans la région, on enregistre les fermetures de classes. Là, au moins le recensement demeure possible. Les fermetures perdureront jusque décembre, même si elles feront bien moins de bruit par la suite restant confinées dans les éditions locales. En attendant, à la diète durant deux mois, les médias s’emparent volontiers de ce virus H1N1. Et les nounous qui s’inquiètent, les crèches, les plans anti-grippe A dans les administrations, dans les grosses boites, etc. Hyper médiatisation et effet boule de neige, on voit même des maires organiser désormais des conférences de presse juste pour signaler à leur tour les mesures prises dans leurs communes. Un exemple significatif ? A Saint-Omer, le maire convoque les médias parce qu’un employé aurait (oui, aurait) contracté la grippe A et qu’il faut bien rassurer la population (voir l’article de La Voix du Nord). La psychose gagne du terrain et curieusement, de l’autre côté de la frontière, en Belgique, la grippe A ne fait pas recette (lire notre article « La grippe A s’arrête à la frontière franco-belge »).

Octobre – novembre : vaccinez-vous, vaccinez-vous!

Le propre de l’actualité, c’est qu’elle s’essouffle rapidement. Dès la fin septembre, les fermetures d’établissements sont reléguées en éditions locales. Et pour relancer le feuilleton, on change de sujet. Maintenant, on va parler davantage du vaccin, avec son arrivée imminente et les centres anti-grippe A qui l’accompagnent. Alors, ça recrute à tout-va. Médecins en retraite depuis moins de cinq ans, étudiantes infirmières en troisième année… On ratisse large, mais finalement on aura bien du mal à trouver tout ce beau monde. Mi-novembre : les 93 centres de vaccination sont inaugurés dans la région. En fanfare. Et là, dès la première semaine, c’est le bide total : une affluence fort modeste en dépit d’une grosse campagne de communication. Un chiffre en guise d’illustration : mi-décembre, on approchait des 90 000 vaccinés dans le Nord (sur 2,5 millions d’habitants) (source : La Voix du Nord). Un bide prévisible ? Peut-être. Dès septembre, les sondages montraient que les trois quarts des Français (et parfois davantage selon certaines enquêtes) se fichaient éperdument de la grippe A en dépit de la pandémie d’articles sur le sujet.

Décembre-janvier : la polémique enfle et le virus désenfle

Décembre. La grippe A, on semble avoir fait le tour. L’épidémie s’essouffle et puis, reconnaissons-le, tout le monde s’en lasse. Dans un univers hautement concurrentiel où il faut sans cesse reconquérir son lectorat avec du neuf, on essaye de prendre du recul, on tire des bilans et, forcément, ça polémique sec. Soyons honnête, la polémique avait commencé dès le début du feuilleton avec quelques voix discordantes de professionnels de la santé. Avec aussi plus tard, cette question : pourquoi le Nord – Pas-de-Calais est-il parmi les régions les plus touchées de l’Hexagone (notre article) ? Mais la controverse a atteint son apogée fin décembre – début janvier. Lorsque les autorités sanitaires ont commencé à dire que le gros de l’épidémie était bel et bien passée. Alors, puisque la grippe A n’avait pas eu les effets dévastateurs augurés, on a pu dégainer sans prendre de gants. Plus facile de condamner l’excès de précaution une fois que le risque semble définitivement écarté. Pas de trêve des confiseurs, donc, pour la ministre de la Santé plongée au coeur de la tourmente et bien obligée d’apaiser la polémique en annonçant l’annulation de commandes, la revente de stocks de vaccins et la fermeture des centres. Fin de la saison 1 de la grippe A. Une saison 2 en gestation ?


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2 Commentaires

  1. Je pense que dans cette affaire le plus choquant provient que la référence habituelle n’a pas été consulté avant d’engager le bien publique. Une société internationale que certains dénoncent comme douteux et partie pris à été pris en référence. Des hommes sont morts en prenant ce vaccin, à cause de ce vaccin, comment nommer en droit français cela ?

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