Mouchard Par Le Chafouin | 10 janvier 2010
Récapitulons. Un grand débat sur l’identité nationale devait se tenir à Liévin, le 13 janvier. Avec un animateur reconnu (le journaliste et ancien ministre Philippe Vasseur) et des invités de haute volée : Daniel Percheron, président du conseil régional, Eric Besson, ministre de l’Immigration, Mgr Jaeger, évêque du diocèse d’Arras, et l’ancien joueur du RC Lens Erik Sikora. Marine Le Pen, élue locale, ayant annoncé son intention de venir se mêler aux discussion, les deux premiers ont pris le premier prétexte pour se débiner. Finalement, la préfecture a annulé le débat. Vous avez dit débat? Voilà qui prouve que le celui-ci n’existe pas, et n’a d’ailleurs pas lieu d’être.Le gouvernement ne veut pas récolter ce qu’il sème. Il a lancé un débat piégé sur l’identité nationale, et ne veut pas en assumer les conséquences. Il faut dire que la discussion lui échappe totalement. D’abord orienté sur une interrogation simple, qu’est-ce qu’être français aujourd’hui?, il a peu à peu dévié, le vote suisse sur les minarets aidant, sur la question de savoir si l’islam était ou non soluble dans cette identité. C’était le risque de la démarche.
Les arrières-pensées politiques de l’initiative gouvernementale sont connues, alors que les élections régionales se profilent, et qu’encore une fois, Nicolas Sarkozy espère bien ratisser large et séduire l’aile droite de son électorat, sans qui aucune victoire n’est possible pour lui. La venue du ministre Besson dans un de ces débats à Liévin, en pleine terre ouvrière et dans un territoire où le Front national est en train de ressusciter, n’était donc sûrement pas un hasard.
L’étrange définition de la Nation. Depuis des semaines, Éric Besson nous explique qu’il ne faut pas craindre le débat, que celui-ci doit se tenir, et qu’il ne faut pas avoir peur de parler d’identité nationale, qui ne doit pas être “un gros mot”. Or dans un entretien daté du 5 janvier, le ministre de l’Immigration a eu ces propos étonnants : « la France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage ».
Retrouvez également l’article que nous avions consacré à ce blogueur : Le Chafouin, de l’analyse et du bon sens
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Et pendant ce temps là, le FN boit du petit lait. Ni Percheron, ni Besson ne veulent débattre avec Marine Le Pen! Le comble pour un débat censé être ouvert à tous. Et de crier au déni démocratique… D’accord, c’est le Front national et on peut comprendre leurs réticences. Et pour Eric Besson appelé à débattre le lendemain sur le plateau de France 2, du même sujet avec la même Marine Le Pen, on comprend aisément que ce débat orchestré la veille pouvait ressembler à une vaste répétition contrariant quelque peu son media training et son plan comm’ vraissemblablement mis en place depuis plusieurs semaines. Ok, passons.
Reste le cas Percheron. En terre minière où le FN atteint des scores dramatiquement élevés, on s’interroge. D’abord, on se dit que n’avoir pas imaginé que Marine Le Pen saisirait l’opportunité et s’inviterait à ce débat est une grave lacune. Ce risque a-t-il été envisagé? Il serait intéressant de le savoir. Dans ce cas, l’annulation du débat était-elle déjà une éventualité prévue?
Qu’importe finalement, on peut se dite que la venue du FN au débat était l’occasion de l’affronter sur un thème de prédilection et montrer qu’il existe un autre discours. C’est d’autant plus étonnant que Daniel Percheron était tout à fait prêt à apporter la contradiction à Eric Besson, mais se refuse à débattre avec Marine Le Pen : c’est pourtant face à elle que le candidat socialiste est directement opposé dans la région et non face au ministre de l’Immigration. En particulier dans cette terre minière d’où il est issu. Certes, il s’agit d’un débat sur l’identité nationale et non d’un débat sur les régionales. Certes, à Liévin, le FN n’a jamais réussi sa percée, mais dans le bassin minier ébranlé par la saga héninoise, le FN s’est implanté. Durablement semble-t-il. C’est une réalité. Pourquoi refuser de le combattre? Mais non, une fois encore, le PS préfère s’attaquer à la droite voire à l’éternel frère ennemi mué en Front de gauche tout en ignorant le FN. Une stratégie d’ignorance totalement désuète. En fait, une nouvelle fois, on voit combien les partis traditionnels sont désarmés pour combattre le FN et boutent en touche jouant ainsi le jeu de l’extrême droite.
Surtout que dans le même temps ils s’allient parfois à l’extrême gauche sans aucun problème de conscience…
En même temps, pour me mettre deux secondes à leur place, je pense que quelle que soit la décision qu’ils auraient prise, Marine Le Pen était gagnante, car elle avait sa tribune médiatique offerte sur un plateau en cas d’acceptation du débat.
@chafouin :
« Surtout que dans le même temps ils s’allient parfois à l’extrême gauche sans aucun problème de conscience… »
Tu peux préciser ton propos ?
Il est déjà arrivé que le PS, qui ne veu tpas se salir à débattre avec le FN, s’allie avec LO,q ui appelle à la dictature du prolétariat. Notamment aux dernières municipales. Voilà pour la petite précision.
Ah ben oui hein, le mot dictature ça fait peur, même que c’est Robert Hue qui l’a dit.
Il y a aussi pas mal de militants au PCF qui « appellent à la dictature du prolétariat », de même qu’une frange très minoritaire de socialistes, quoique depuis l’exfiltration du Parti de Gauche, il faille les chercher à la loupe.
Et puis, pour ta gouverne, dans quasiment tous les partis on défend avec âpreté l’existence d’une dictature réellement existante : celle du fric. Je n’ai pas le sentiment que ça pose des problèmes de conscience à grand monde. Hein.
Pour revenir au sujet de départ :mettre sur un pied d’égalité le FN et la gauche, c’est au mieux une erreur, au pire une escroquerie digne du Livre noir du communisme.
Non, je n’ai pas mis sur un pied d’égalité le Fn et la gauche, mais le Fn et l’extrême gauche. Et encore, sur un pied d’égalité, ce n’est même pas ça. C’est juste que je trouve étrange qu’on tolère les idioties proclamées par l’extrême gauche, parce qu’elles semblent humanistes, alors qu’on se bouche le nez quand on entend les insanités de l’extrême-droite.
P.S : Et la dictature du prolétariat, par contre, on ne l’entend plus guère être défendue au PS 😉
PPS : Tu vois écrit noir sur blanc dans un programme politique qu’on défend la dictature du fric? Allons allons. Restons raisonnables.