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Le catch a retrouvé du punch

DailyUne | Petite histoire Par | 29 octobre 2009


Le héros de Thomas, 8 ans, s’appelle Batista. Un catcheur. Depuis deux ans, la discipline a envahi les cours de récré au point de rendre les cartes Pokemon aussi obsolètes que les billes de grand-papa. Ce catch naguère désuet rencontre un vrai regain d’intérêt et transgresse les générations. Gamins, ados et adultes, la discipline est de nouveau à la mode et renverse tout sur son passage. En témoigne l’essor de l’association nordiste INFC ou les demandes de shows.

Johnny Nitro, Matt Hardy, The Hurricane… Que des catcheurs. Thomas engrange les cartes de catcheurs comme on collectionnait naguère les vignettes Panini. Et comme lui, bon nombre de gamins hauts comme trois pommes. Servi par un marketing efficace, le catch a déboulé d’outre-Atlantique sans prévenir. Un engouement qui donne forcément le sourire à Daniel Jalbert, le président de l’INFC (Institut national de formation au catch), bien placé pour observer la tendance. 32 ans dont treize sur le ring sous le pseudo de Pierre «Booster». Stature imposante, tatouages, boule à zéro, un vrai physique de catcheur. Lui a été enrôlé par la précédente vague de catch en France, celle des Hulk Hogan dans les années 80. Il s’est ensuite formé à la discipline au Canada avant de lancer son association à Laventie (près d’Armentières) en 2002. « On était alors dans le creux de la vague. » Une grosse vingtaine d’adhérents. Depuis deux ans, l’effectif a littéralement doublé et des cours (à Béthune et à Laventie) sont désormais dispensés chaque soir de la semaine pratiquement. Ici, pas de gamin, mais des adultes et même quelques ados depuis septembre.  » J’avais toujours refusé des adhérents avant l’âge de 15 ans. Mais comme c’est la mode, les jeunes ont tendance à faire n’importe quoi chez eux et à prendre des risques. Nous nous sommes dits que nous avions une responsabilité. Ici au moins, ils sont encadrés et ne risquent pas de se blesser. »

ICWA – Revolution 5

Sport et théâtre

Mercredi, fin d’après-midi. Au Dojo de Laventie, ils sont une demi-douzaine de jeunes à s’entraîner sous l’oeil de Pierre « Booster ». Parmi eux, Jérémy, « bientôt 14 ans ». Il dit avoir découvert le catch « dans les magazines ». Séduit, il suit désormais les émissions à la télé. Car comme à ses plus belles heures, celles de l’Ange blanc ou du Bourreau de Béthune des années 50-60, le catch est de retour dans la petite lucarne. Ce que Jérémy aime ? « Le côté spectaculaire. » Pour le moment, lui et ses camarades, se contentent d’apprendre à chuter correctement. Après, on verra le bras à la volée, « le truc le plus basique dans le catch ». Ça reste « du catch light », prévient Daniel. Pour le spectacle, on verra plus tard. « L’idée est de montrer que dans le catch, rien ne se fait seul. Sur le ring, on a deux catcheurs qui cherchent à raconter une histoire. » Montrer que le catch est avant tout un spectacle, quitte à casser le mythe auprès de ces ados.

Car à la différence du catch à la française de nos grands-parents, ce catch version XXIe siècle assume parfaitement son côté mise en scène. « Sur le ring, basiquement, on a d’un côté les gentils, de l’autre les méchants. » Un scénario vieux comme le monde écrit à l’avance, où l’improvisation ne sert qu’à relancer le public. « C’est un divertissement, un mélange de sport et de théâtre. L’un ne peut fonctionner sans l’autre. C’est comme Roméo et Juliette : tout le monde sait que le comédien ne meurt pas à la fin, mais on prend quand même plaisir à regarder. » D’ailleurs, les catcheurs demeurent des intermittents du spectacle rattachés au ministère de la Culture, et non au ministère de la Jeunesse et des Sports.

Au-delà des générations

Et ce catch là séduit. « La semaine passée, raconte Daniel, on était à Frameries en Belgique devant 1 700 personnes. » Toutes générations confondues. « On voit désormais les gamins entraîner leurs parents aux spectacles. » Au travers de sa société ICWA qui monte des galas, Daniel Jalbert peut mesurer l’engouement galopant. Là aussi, la demande a littéralement explosé depuis la création de la société en 2008. « On était plutôt à un ou deux shows par mois auparavant. Aujourd’hui, c’est trois ou quatre, voire cinq ou six. » Des centaines de spectateurs au bas mot et parfois plusieurs milliers comme en décembre 2008, lorsque la société co-organisait un show à Lille Grand Palais : 2 500 entrées !  Impensable quelques mois auparavant.

Le catch est un vrai rouleau compresseur qui retourne tout sur son passage. Avec un marketing bien huilé et parfois opportuniste. « Comme le catch marche, on nous propose de tout aujourd’hui. On nous a même proposé un tube techno ! » Notre homme déplore aussi des initiatives douteuses: « le catch n’est malheureusement pas structuré aujourd’hui en France. N’importe qui peut s’improviser entraîneur. » Et monter un club en surfant sur cette vague, par exemple. Avec son ancienneté dans la discipline, « Booster » fait néanmoins figure de référence. En témoigne son agenda copieusement garni. Canal + en décembre, un contact avec la production de Cauet… C’est tendance, tout le monde veut en parler. Mais comme toute mode, elle risque de s’essouffler aussi vite qu’elle est apparue. D’ailleurs outre-Atlantique, l’engouement est déjà retombé semble-t-il. Daniel le sait. Il espère simplement quelques vocations auront été suscitées chez Thomas ou d’autres gamins de son âge.

Contact et renseignements sur le site de l’association: www.infcatch.fr
Le site de la société ICWA

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1 Commentaire

  1. Le 15 avril il y’a eu le WrestleMania Revenge Tour à Liévin qui était complet.
    Une grande messe comme seule sait les organiser la WWE.
    Un tel show dans la région c’est génial pour tous les fans de catch.

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