DailyUne | Réflexions Par Ch. D. | 21 septembre 2009
Le virus H1N1 est intelligent. Si, si : il reconnaît les frontières et parfois même s’arrête docilement à son seuil. Décidément, ça s’arrange pas chez DailyNord… Pourtant, à éplucher la presse transfrontalière ces derniers temps, on a ressenti cette vague impression. Tandis que le canard français est touché de plein fouet par la grippe porcine, son homologue belge est moins prolixe. Ou plus serein, c’est selon.
[singlepic id=518 w=320 h=240 float=left]Mont-à-Leux. Aux portes de Wattrelos. On n’est plus vraiment en France, pas tout à fait en Belgique. Pas grand chose qui change sauf le prix des clopes, le grouillement d’enseignes (tabac, essence, re-tabac, bistrot) et aussi l’étal du marchand de presse. Deux canards limitrophes, Nord Eclair version belge et Nord Eclair version française (en dépit d’un passé commun, les deux titres sont aujourd’hui indépendants). Recherche sur leurs sites respectifs : 171 occurrences côté français sur les trente derniers jours pour la « grippe A », une vingtaine du côté belge. Près de 600 occurrences sur le site de La Voix du Nord, ces trente derniers jours…
Notre Hexagone a beau être le pays le plus touché d’Europe selon l’OMS, on a du mal à imaginer une grippe A à deux vitesses dans cette zone transfrontalière. D’ailleurs, la Belgique compte plus de 6 000 cas à ce jour pour 10,5 millions d’âmes (pour un point sur la grippe A en Belgique, lire cet article). Alors pourquoi on en parle davantage en France ? Au-delà d’éventuelles différences culturelles propres à la presse chez les deux voisins -en particulier en matière de santé-, l’explication se lit avant tout dans le train de précautions variant d’un pays à l’autre.
« Les mesures sont bien moins draconiennes en Belgique, confie un confrère de Nord Eclair à Tournai. Il n’est pas question de fermetures de classes. » En témoigne ces cas survenus dans une école tournaisienne la semaine passée. Cinq élèves et un enseignant touchés. En France, on aurait fermé l’établissement sur le champs. Pas de ce côté de la frontière. Déclaration du chef d’établissement pour le moins éloquente : « On n’est pas en France ici ! Je sais qu’on vit très près de la frontière, mais croyez-moi, ça ne m’aide pas que les gens d’ici écoutent le journal de TF1… » (cité par Nord Eclair Belgique). On va croire que le journaliste est tombé sur un « bon client ». Même pas. On retrouve un témoignage identique pour un autre chef d’établissement belge chez La Voix du Nord. Et finalement, à lire l’article paru outre-Quiévrain, on a un peu l’impression qu’on en parle surtout parce que l’établissement est proche de la France. « Ici, ce n’est pas un feuilleton quotidien, reprend notre journaliste belge. Ce n’est pas le sujet de conversation de tous les jours, et comme le corps médical, nous gardons sans cesse à l’esprit que la grippe saisonnière fait aussi chaque année de nombreuses victimes. » Aucune « logique compteur » pour donner au jour le jour le nombre de malades par exemple. « On n’est pas abreuvés en permanence de communiqués de presse, donc forcément, on en fait moins. » Moins de sujets directs donc, et aussi moins de sujets déclinés comme on a pu le voir de ce côté-ci de la frontière : entre les écoles, les crèches, les nounous qui s’inquiètent, les plans anti-H1N1 des entreprises et j’en passe.
Allez, on repasse la frontière. Interrogée à son tour, une journaliste de la presse nordiste reconnaît être prise dans « une spirale » avec la nécessité de « produire de l’info pratique » à l’échelon local. Comme si une gigantesque mécanique avait été enclenchée tout en haut : le Ministère communique à tout-va, les préfectures relayent, les communes (on a vu des villes organiser des conférences de presse la semaine passée dans la région) emboitent le pas. Et les médias régionaux dans tout ça? Bah, ils suivent la mesure donnée par la presse parisienne. Pas d’autre choix. Car le Roubaisien qui a vu un énième reportage de 13h sur TF1 à propos de ce fichu H1N1, a envie de savoir si son maire va se bouger pour lui.
D’où cette pandémie d’articles sur la grippe A. Au risque parfois d’agacer le lecteur comme en témoignent des commentaires laissés sur la Toile. D’autant que l’écart médiatique entre la Belgique et la France ne semble pas se cantonner au seul volume: il apparaît aussi dans la teneur des articles d’outre Quiévrain. Plus apaisants, moins psychose. Les Belges seraient-ils inconscients ? Pas plus que les Français à en croire ce sondage du Parisien diffusé ce lundi: 8 personnes sur 10 déclarent ne pas être inquiétées par le virus (7 personnes sur 10 pour celui paru la veille dans Ouest France). Alors les Français en font de trop ? Réponse risquée : l’effort de précautions reste toujours difficile à condamner.
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