Deux saisons en enfer : un livre inédit qui tranche avec les traditionnelles rétrospectives sur le club. Cette fois, l’auteur s’intéresse aux coulisses du RC Lens. A tout ce que le public ne sait pas toujours, à ces anecdotes qui en disent parfois long. Derrière ce livre, Benoît Dequevauviller (43 ans), enfant du bassin minier, supporter des Sang et Or et journaliste indépendant sportif depuis dix ans (il collabore à plusieurs publications et notamment L’Equipe). Interview de l’auteur et extraits .
[singlepic id=421 w=400 h=300 float=left]DailyNord : Qu’est ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
Benoît Dequevauviller : « Si je me suis intéressé au RC Lens, c’est parce que le club est à la fois attachant et populaire. A l’instar de Marseille ou Saint-Etienne, l’immense passion suscitée chez les supporters, va bien au-delà de la région Nord – Pas-de-Calais et montre combien le RCL figure au rang des grands clubs de l’Hexagone. Or, après une décennie de rayonnement, la descente en Ligue 2 a eu l’effet d’un tsunami sur la région. A travers ce livre, j’ai souhaité expliquer cette descente aux enfers. Par ailleurs, le cas Jean-Pierre Papin m’a véritablement interpellé. Comment une icône du football français, grand connaisseur du ballon rond, populaire et nordiste de surcroît, a-t-il pu échouer à la tête des Sang et Or ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’en une année, la belle mécanique artésienne s’enraye ? La troisième chose était de comprendre la métamorphose d’un club passé de 20 à 200 salariés, du statut associatif à une entreprise en moins de 10 ans. »
DailyNord : Ce Racing club de Lens a-t-il autant changé au cours de ces dernières années ?
B. D. : « Bien sûr qu’il a beaucoup changé. A une vitesse effrénée. Tout comme l’ensemble du monde du football. Fort d’une réussite sportive indéniable, avec en 1998 le premier titre de champion de France de son histoire, le club n’a pas cessé de nourrir de nouvelles ambitions. On le voit au travers de son budget, des joueurs recrutés, de l’augmentation de sa masse salariale… Cette métamorphose s’est sans doute opérée un peu vite parfois au détriment de son image de club populaire. Et elle n’a peut-être pas toujours été suffisamment maîtrisée. Peut-être même a-t-il perdu à certains moments son âme durant toutes ces années… »
DailyNord : Deux saisons en enfer est-il un livre à charge contre le Racing club de Lens ?
B. D. : « Non pas vraiment, ce n’était pas le but recherché. En fait, j’ai essayé sur une période précise de mai 2007 à juin 2009, de comprendre la situation du club et d’apporter des éléments de réponses sur ce dérapage. Qu’il s’agisse de choix discutables sur les hommes, joueurs, encadrants ou dirigeants, ou des rivalités internes au sommet… Mais en aucun cas, il ne s’agit de nier l’apport du club à la région ou son aspect populaire. Comme en témoigne le nombre d’abonnés demeuré quasiment identique malgré une saison en Ligue 2. »
DailyNord : Quel est l’apport du livre par rapport à tout ce qui a pu être déjà écrit sur le RC Lens ?
B. D. : « Deux saisons en enfer est une plongée chronologique dans les coulisses du club, plutôt orientée vers des anecdotes assez savoureuses et bien souvent ignorées du grand public. Le livre a été rédigé à partir de mes notes recueillies au cours de multiples conférences de presse et interviews, des indiscrétions et de nombreux souvenirs. Des choses qu’on ne trouve pas habituellement dans les articles de presse. A travers ces petites histoires, on appréhende un peu mieux la réalité et certaines dérives de ce club. Et on voit comment la petite histoire a entaché la grande histoire. »
Deux saisons en enfer, de Benoît Dequevauviller, aux éditions Les lumières de Lille, 20 euros. Possibilité de commander le livre en ligne sur le site des Lumières de Lille.
Extraits
Saison 2006-2007. Lens vient de se faire étriller à Troyes (3-0) et laisse du coup échapper une place qualificative pour la Ligue de Champions. Les supporters sont abattus, mais dans le fond du bus ramenant les joueurs à Lens, l’ambiance est plus détendue…
« Les kilomètres défilent. Dans le bus lensois, des joueurs
dépassent les bornes. Un des gardiens de but, convaincu avant
cette soirée de disputer la Champion’s League, a tout prévu. Dans
sa discothèque personnelle figure en très bonne place le célèbre We
Are The Champions du groupe Queen. Le disque aurait pu rester
dans son sac. Mais dans un accès d’euphorie incontrôlé, il oublie
le dénouement sportif et les trois buts encaissés face à Troyes. À
ce moment du voyage, Francis Collado, le seul des trois directeurs
généraux du club à avoir pris place dans le bus, décide de mettre
le holà. Il intime l’ordre à Jean-Pierre Lauricella d’aller calmer son
gardien. Rien n’y fait. La bande de joyeux drilles renvoie prestement
l’entraîneur des gardiens dans ses filets. À l’avant du convoi, chacun
reste enfoui dans ses sombres regrets, sans plus aucun commentaire
jusqu’au terminus. »
Juillet 2007 : lors d’un stage dans les Alpes suisses. Guy Roux ne fait vraiment pas dans la délicatesse. Et l’on comprend peut-être mieux les raisons de son échec à Lens…
« Dans son comportement quotidien, Guy Roux y va souvent
de ses plus lourds sabots. Comme il est sourd comme un pot, il
parle fort. Un jour, à Anzère, la délégation lensoise se trouve dans le
bus en partance pour l’entraînement. Le coach lensois reçoit alors
un coup de fil d’un agent, l’un de ceux avec qui il entretient des
relations particulièrement cordiales. Au cours de la conversation,
il hurle qu’il ne veut pas garder Charles Itandje… C’est indélicat
car le gardien lensois est assis dix rangs derrière son entraîneur et
entend la totalité de la conversation, comme le reste de la délégation
d’ailleurs. Dans le bus, tout le monde se demande si c’est du lard ou
du cochon : peut-être s’agit-il d’un sketch monté par Guy Roux ? »
Fin de saison 2008-2009 : Lens remonte, mais la révolution attendue a avorté. Dans les coulisses les maux demeurent comme en témoigne cette anecdote.
« Dans les étages, de vieux conflits ressurgissent. Collado est officiellement hors-course,
même si cela ne sera officiel qu’en juin suivant. C’est donc entre Serge
Doré, finalement devenu responsable des relations extérieures du
club, et Stéphane Desreumaux que la tension est vive. On ne se
fait pas de cadeaux. Comme si garder un ennemi sous la main était
incontournable dans les relations humaines au sein de La Gaillette.
Sur ce point, un ancien joueur lensois, aujourd’hui dans un petit club
de Ligue 2, apporte un élément de réponse. « Que voulez-vous ? Qui
dit grand club dit forcément multiplication des responsables et des
intérêts, et donc émergence de luttes d’influence. » La question du
choix des hommes revient sur le tapis. En fait à Lens, on est passé
de 20 à 200 salariés en moins de dix ans, sans prendre le temps de
consolider les fondations. La nécessaire métamorphose culturelle et
structurelle n’a pas été menée. »
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Dommage que l’auteur ait choisi de défendre un camp plutôt qu’un autre …. Il aurait pu être crédible s’il avait été objectif …mais là c’est insupportable car il y a d’un coté le coté obscur de la force dark vador leclercq et ses proches et de l’autre la blanche colombe francis collado avec la pauvre victime Jean pierre Papin….et au milieu de tout cela un président présenté comme un pauvre type insipide et sans saveur dans le rôle du trop gentil président…
Le racing Club de lens mérite mieux que ça !!!