DailyUne | Petite histoire Par Ch. D. | 15 mars 2009
Le web a 20 ans (1). En découvrant cette information, ça nous a filé un sacré coup de blues. Et on s’est souvenu du temps où le modem (en 28 kilobits par seconde, s’il vous plaît) crépitait laborieusement. Un temps où les sites ressemblaient à des sapins de Noël. Où il fallait s’armer de patience pour afficher une photo sur notre poussif PC. Et où personne ne songeait raisonnablement à télécharger un morceau de musique. L’occasion pour nous de dépoussiérer les archives du web régional.
[singlepic id=166 w=320 h=240 float=left]Vingt ans ! Autant parler de la préhistoire à l’échelle d’internet. C’était le temps où les moniteurs demeuraient souvent monochromes, où des TO 7 (eh oui, Thomson a un jour fabriqué des ordinateurs !) équipaient les salles de classes, où la France s’enorgueillissait d’avoir le Minitel. Bon, le temps de peaufiner ce fameux protocole http et le langage HTML, et en 1991, le web devenait accessible. Dès l’année suivante, un million de connectés étaient recensés à travers le monde (lire l’article de Wikipedia sur l’histoire d’internet). Forcément, on aurait aimé rencontrer ces pionniers nordistes. Qu’ils nous racontent ces balbutiements. On a cherché, mais on n’a même pas trouvé combien la région comptait alors d’internautes. Internaute ? Beau néologisme à l’époque, ceci dit en passant. Dans notre Larousse millésime 1996, le terme n’y figure pas encore. D’ailleurs, même internet se trouve encore au rayon des noms propres avec une définition plutôt éloquente. Tellement éloquente que nous ne résistons pas à l’envie de vous la citer : « réseau télématique international, d’origine américaine, très utilisé notamment dans le domaine scientifique ».
Pourtant, ça commence à frémir en France. En particulier sous nos latitudes septentrionales. 1995. A Hem près de Roubaix, la société Goto, déjà connue pour son fameux Timtel (logiciel simulant un minitel sur un ordinateur) et ses jeux PointSoft, lance Nordnet. Ça n’a l’air de rien, mais il ne faut pas oublier que Yahoo existe depuis un an seulement. [singlepic id=167 w=320 h=240 float=right]Nordnet sera le premier fournisseur d’accès internet régional dans l’Hexagone. Régional ? Oui, parce que tous les providers étaient alors en Ile-de-France et qu’Internet était facturé à la minute comme une vulgaire communication téléphonique. Nordnet proposait désormais une tarification locale. Pas encore démocratisé, mais déjà plus accessible. Nous avons fouillé dans les archives du net pour exhumer la première version du site au design plutôt avant-gardiste. Sur la version de 1996, l’entreprise nordiste se targue d’être à la pointe de la technologie. Imaginez, elle annonce fièrement une bande passante terrestre à 256 kbps (2) ! Impressionnant. Le succès reste quand même anecdotique : 2 000 internautes ! 3 500 abonnés début 1997 dans la métropole lilloise pour Nordnet (3). L’entreprise décide de couvrir toute la région et lance un forfait illimité. Ça monte. Tellement qu’en 1998, France Télécom rachètera le fournisseur d’accès.
1997, la page d’accueil de Nordnet propose désormais des infos en ligne : on peut suivre par exemple le journal de France 3 en… photos. 1998, Goto, encore et toujours, lance Netmalin, un réseau de petites annonces en ligne. Allez, petit bond en avant jusqu’à l’orée du très virtuel bug de l’an 2000. On voit se multiplier les sites et les pages persos. Chez feu Multimania, Nordnet ou Wanadoo (lancé fin 96), beaucoup de bricolage et un design souvent hésitant. Allez, on s’offre un autre tour de machine à remonter le web (4). [singlepic id=165 w=320 h=240 float=left] Du texte qui défile ou qui clignote, des couleurs résolument tendance (rouge vif, bleu électrique, turquoise, jaune citron, au choix), des polices exotiques, de magnifiques smileys, une pauvreté iconographique alarmante, des boutons et des bannières pubs dans tous les coins… Sans oublier l’indispensable compteur de visites dépassant rarement le millier.
Déjà, internet ressemble à un véritable fouillis. Les pages pour présenter la petite famille, pour mettre son CV en ligne (eh oui, le blog n’a rien inventé), ou pour évoquer sa série préférée (Buffy contre les vampires par exemple) cohabitent avec les sites institutionnels d’entreprises et des villes (Bray-Dunes ou Sin-le-Noble). Enfin, au moins eux ont déjà un site. Car tout le monde n’y est pas encore. Les entreprises jugent souvent Internet comme une simple plaquette pub (le site n’est d’ailleurs parfois que la plaquette scannée) et non un outil de communication et de développement. A l’instar de certaines pages complètement statiques (par exemple) où la souris a beau se démener, aucun clic à se mettre sous la dent. L’interactivité demeure encore une vague promesse et le multimédia reste très limité. Un chiffre : en 2002, 40% des entreprises de la région ne sont toujours pas connectées au web (source : Observatoire des TIC de Lille-Métropole et de la région Nord – Pas-de-Calais).
Vingt ans, ça file. C’était le temps où on surfait sur Nomade, Altavista pour effectuer une recherche (Google est né en 1998). Le temps où chti.fr ambitionnait de devenir « le portail des chtimis ». Lancé à l’orée du nouveau millénaire, le site vivotera jusque 2007 avant de disparaître. Même sort pour Chtinet.com qui se voyait déjà en « annuaire des gens du Nord » ou Netmalin qui rêvait de prendre à son compte les petites annonces en ligne. Et aussi des sites comme e-lille, e-roubaix, lachaine… La liste des disparus est longue. Vingt ans, c’est encore jeune, mais c’est déjà plein de désillusions.
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