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Archives Le Monde selon moi – 21/12/2007 au 31/01/2008

Le monde selon moi | Petit théâtre de Martine Aubry Par | 01 janvier 2008

Rachida et les taxis

31/01/2008

Le VII ème arrondissement de Paris a longtemps été la chasse gardée d’Edouard Frédéric-Dupont, un monsieur qui avait voté les pleins pouvoirs à Pétain, puis était devenu Résistant (il sera médaillé) après avoir servi le régime de Vichy. Inamovible député de ce fief parisien dans l’âme, il se paiera le luxe de faire tomber Couve de Murville une année. Plus tard, on le retrouve élu Front national en 1986, tendance Algérie française anti-gaulliste. On l’appelait le « député des concierges » à cause de ses propositions de lois visant à améliorer leur statut. Tout comme les commercants ou les artisans qu’il défendait contre l’inquisition fiscale. Ou des chauffeurs de taxi, tout-puissants relais d’opinion pendant les campagnes électorales. Voilà un homme politique qui a fait toute sa carrière – l’une des plus longues de l’histoire parlementaire- avec ce fond de commerce corporatiste. C’est ce même fief, pétainiste en diable, et digne de la France des années 30, petits métiers et grande bourgeoisie, que convoite aujourd’hui Rachida Dati. On peut prédire sans trop de risques que les mesures du rapport Attali visant à déréglementer la profession de taxi seront sensiblement édulcorées. Jouissant d’une immunité politique accordée par le président lui-même pour cause de symbole d’ouverture, madame Dati ne saurait souffrir la critique de la part d’une corporation ulcérée. Il s’agit en fait de ne pas en rajouter sur un arrondissement peu « ouvert » à l’innovation en politique, une personnalité issue de l’immigration choquerait, paraît-il…

Bravo Ryanair !

31/01/2008

La compagnie aérienne low cost a fait fort. Elle ne fait, après tout, que se ruer dans la brèche ouverte par la pipolisation de la vie politique*. En détournant une photo de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni dans une de ses publicités, Ryanair démontre a contrario que la confusion des genres complaisamment entretenue a ses limites. Le capitalisme s’adapte et cultive l’air du temps. En attaquant en justice la société, Nicolas et Carla Sarkozy prouvent qu’ils sont dépassés par les événements. Les arroseurs arrosés.

* Pompidou président avait déjà piqué une grosse colère en son temps quand il s’était vu assurer sans son accord la promotion des moteurs de hors-bord Mercury. Il est vrai que la lamentable affaire Markovic où l’on avait saccagé sa vie privée était passé par là.

Société générale : c’est le français moyen qui va payer

29/01/2008

Le vrai perdant dans l’affaire de la Générale, c’est le contribuable. Ainsi plombé par la crise des subprimes d’abord, par un trader indélicat ensuite, l’un des premiers contribuables de France ne va probablement payer que très peu d’impôts l’année prochaine. Si ces deux sinistres avaient été évités, l’assiette de son impôt sur les sociétés aurait été évalué autour de sept milliards d’euros, ce qui correspond à son rythme de croisière, bon an mal an. Mais 2008 est une annus horribilis pour ce qui était l’une des meilleures banques mondiales. Du coup, c’est une grosse recette fiscale qui va disparaitre pour l’Etat français. Qui devra faire face pour boucler son budget. Et qui se tournera forcément « du côté » du contribuable, ménages, entreprises, taxes indirectes et autres vaches à lait…Ce n’est pas le PDG en sursis, Daniel Bouton*, ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé au Budget en 1986, qui prétendra le contraire…

* Dont la réaction de ne plus se verser de salaire pendant six mois n’est qu’un rideau de fumée puisque l’essentiel de sa rémunération consiste en options et en actions. C’est le contraire qu’il eût convenu de faire, lui garantir son fixe et lui supprimer ses primes de résultats…

Alors ?

23/01/2008

Coup de fil d’un vieux pote en colère.

– Il ne touche pas aux départements, il n’adapte pas le principe de précaution, …et quand il est d’accord avec Attali c’est d’un vague…

– Ecoute : réorganiser la carte administrative de la France, on y viendra un jour. Sûrement par référendum, d’ailleurs. Tu sais qu’un référendum, c’est très radio-actif politiquement…Sarko n’est pas un fan du référendum, d’ailleurs, il préfère les plébiscites ! Non, je pense qu’on remodélera le pays, on supprimera les départements sans qu’ils s’en rendent compte. En en faisant de grandes régions élus au scrutin majoritaire, par exemple. Quand il dit : allons au bout de la logique et divisons par deux le nombre de régions, il a raison. Bruno Bonduelle, notre professeur Nyaka des chambres de commerce, ne dit pas autre chose*. En plus : on ne va pas annoncer la mise à mort du département avant des élections cantonales !

– Explique-moi ce qu’est la « légitimité historique des départements »…des appels de phares sur la N7 ou l’autoroute du soleil, le pt’it caoua au camping entre cht’is, ou le cidre entre bretons, ou le numéro de « sécu », je ne sais quoi encore !

– Il a procédé par incantations une fois de plus. Que les boites embauchent des seniors, faire des eco-villes, le numérique, des thèmes idéaux que l’on fait miroiter pour éblouir et subjuguer. Tant mieux, il n’a pas effrayé son électorat. Il y a beaucoup d’élus UMP qui commencent à trembler avant les municipales.

– Par contre réformer certaines professions réglementées, je ne suis pas contre…mais les pharmaciens il n’y touchera pas, je me trompe ? des électeurs privilégiés…il a dit je crois « La France est plombée par les rentes, les connivences et les privilèges…

– Il parle d’or ! Il faudrait commencer par les statuts exorbitants des parlementaires et de la haute fonction publique, les avantages immérités de certains grands patrons, tout ceux qui décident à notre place et nous disent ce que nous devons faire et penser…sérieusement, on ne gouverne bien que par l’exemple.

– Pas un mot sur la TVA sociale ! C’est peut-être une solution ?

– Oui, c’en est une. A condition que l’on supprime un autre impôt au lieu de les empiler. Le vrai problème, c’est la dépense publique. De toute façon, on ne parle pas d’un sujet qui fâche autant à gauche qu’à droite. Moi ce qui m’a étonné c’est son silence sur l’immigration. Attali préconise 250 000 nouveaux immigrés par an pour avoir un demi-point de croissance en plus…

– Je t’arrête ! A court terme, c’est le marché du travail qui va trinquer, les seniors les jeunes, et puis cela va relancer l’inflation immobilière, trop de demande par rapport à l’offre. Pire que maintenant. Et je ne te parle pas des problèmes de crédit avec ce qui nous arrive sur les bourses mondiales.

– Alors, un rapport de plus ?

* Sous son impulsion, on commence à simplifier la carte consulaire dans la région.

Ce vieux soixante-huitard de Nico

21/01/2008

« Liquider mai 68 ! … » La diatribe m’avait fait froid dans le dos. Une promesse de restauration, presque une menace. A droite, quand Nicolas Sarkozy avait lancé cet anathème, on avait frémi d’aise. La vieille lune du « c’était mieux avant » est toujours vivace dans le camp de l’ordre qui n’a jamais digéré ni les pavés ni les slogans (pas tous bons) des jeunes écervelés du Quartier-Latin et d’ailleurs. Pensez-vous : » Il est interdit d’interdire ! ou « Ne travaillez jamais ! » ou encore « Nous sommes tous des juifs allemands », un sommet de provoc’ ! Dans le style énervons la France ronronnante, on a rarement fait mieux. Et, à gauche, nos professionnels de l’indignation n’ont même pas saisi l’occasion de relever la tête, le drapeau même d’une contestation saine et salutaire pour la démocratie. Décidément les mythes ne sont plus ce qu’ils étaient.

Car Nicolas Sarkozy est un enfant de mai 68. Plus exactement, il s’est magnifiquement drapé dans les plis de l’importante évolution qui a marqué la société française et que l’on résume imparfaitement par « mai 68 », morceau émergé d’un iceberg de transformations qui furent aussi spirituelles. Entre le début des années 60 et le milieu des années 80, le pays a connu sa seconde révolution*. Dans son sillage, féministes, écolos, bobos, yuppies, beurs, gays, droits de l’hommistes, et autres quêteurs de réenchantement du monde. A son bilan, des lois et des réformes aussi fondamentales que le divorce par consentement mutuel, l’IVG, la décriminalisation de l’homosexualité, le droit de vote à 18 ans, même l’abolition de la peine de mort ou les fameux acquis sociaux de la gauche de 81 peuvent trouver une ascendance dans cette seconde révolution. Un actif qui supporte un passif, bien sûr : légitimation de certaines dérives sectaires, ou de certains comportements contraires à la morale, croyance dans le pouvoir de la politique de changer la vie, discrédit syndical et disqualification du monde du travail…

Nicolas Sarkozy sait tout cela. Et pour cause : il a pu divorcer deux fois, s’enrichir comme un yuppie des années 80, pousser sur le devant de la scène son ex ou sa future épouse et jouir sans entrave comme le criaient les murs de La Sorbonne. Il est bien un enfant de mai. Chassez le naturel il revient au galop. Mais de quel naturel parle-t-on ?

* J’emprunte l’expression à Henri Mendras, auteur de La seconde révolution française. Et je ne résiste pas à vous faire partager cette phrase de Raoul Vaneigem, situationniste de la première heure : « Nous ne voulons pas d’un monde où la certitude de ne pas mourir de faim s’échange contre le risque de mourir d’ennui (dans l’introduction du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations).

Les 35 heures de Nicolas Sarkozy

20/01/2008

Ca y est, « il » dégringole dans les sondages. Son principal collaborateur fait mieux que lui. Le Premier ministre en personne dépasse désormais son propre patron au baromètre de sympathie des Français. François Fillon a exulté, l’autre jour à l’occasion de ses voeux à la presse qu’il a transformés en démonstration de force. Sarkozy est ainsi. A force de s’approcher de la flamme, comme ces lucioles qui veulent à tout prix briller sous la lumière des spots, on finit par se brûler. Le candidat du pouvoir d’achat a confondu les genres. On ne distribue pas de pouvoir d’achat, on en crée. L’Etat n’y peut grand chose. La création de richesses n’est pas une affaire politique. Ce qui distingue la droite et la gauche, c’est la manière de redistribuer les richesses créées ailleurs, par d’autres. Alors pour sauver la face, il en a rajouté sur ces satanées 35 heures, coupables de la plupart des maux de notre économie, sinon de notre société, accusées de freiner le redémarrage de la croissance. D’où le slogan « Travailler plus, pour gagner plus » martelé tel un derviche tourneur ses litanies. Encore faut-il qu’il y ait du travail, c’est-à-dire des marchés, des contrats, des initiatives,…pour tenter de donner corps à l’antienne, on négocie les valeurs de son pays avec des dictatures locales contre des centrales nucléaires et des gros chantiers à l’étranger

Nicolas Sarkozy fait exactement la même erreur que le gouvernement Jospin avec les 35 heures, considérées il y a dix ans comme la panacée pour un pays supposé enfin sur le chemin de la réforme. Ou plutôt son symétrique inverse. Les 35 heures étaient parfaitement jouables et applicables*, mais l’occasion a été gâchée par sectarisme sinon autoritarisme, échéance présidentielle de 2002 oblige. Et la perspective de commencer à moderniser le monde du travail a fini au cimetière des occasions perdues. Tandis que l’augmentation du pouvoir d’achat est une pure vue de l’esprit étroitement dépendante de phénomènes insaisissables comme l’envolée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, les parités de l’euro avec le yen, le yuan et le dollar ou les contraintes budgétaires et fiscales. Chaque fois qu’une heure supplémentaire sera payée dans une entreprise française, le compteur à la pompe et la caissière au supermarché annuleront aussitôt les quelques dizaines d’euros durement gagnés. Une dangereuse course à l’échalote qui ressemble déjà une politique de la surenchère : on ne décrète pas du pouvoir d’achat. Pour Nicolas Sarkozy, le thème du pouvoir d’achat risque fort de devenir ses « 35 heures » à lui.

*Je ne prétends pas que le problème de l’emploi dépende essentiellement de la réduction du temps de travail. Ce dernier mérite autant une approche qualitative que quantitative .

Rambaud I

20/01/2008

Je me suis précipité sur le bouquin de Patrick Rambaud, Goncourt 1997, Chronique du règne de Nicolas Ier (Grasset). C’est qui Nicolas Ier ? Rien ne m’a étonné et tout m’a enchanté. Nous avons suivi à peu près la même ligne d’attaque. Dans la lignée des Mémoires du duc de Saint-Simon. En toute modestie. Décrire les micros-sociétés de cour que sont les entourages des élus de gauche de droite ou du centre et autres titulaires de charges électives à qui nous remettons le droit et le pouvoir de décider à notre place. Et qui s’empressent d’oublier leurs mandants et substituent allégrement leurs prérogatives, dont ils font des privilèges, à leurs obligations d’élus. Non, rien ne m’a étonné. Ici dans la région, nous avons les mêmes. En plus petit.

La religion selon Sarko

19/01/2008

Il est bon de le rappeler. Nicolas Sarkozy a co-signé un livre, La République, les religions, l’espérance, avec Thibaud Collin. Ce dernier est un brillant jeune homme, philosophe et enseignant, membre important de plusieurs associations ou ONG d’obédience catholique très actives dans le monde des idées, de ces think tanks, ces réservoirs à arguments qui nourrissent les programmes et les débats politiques, et parfois étroitement liées à l’Opus Dei. Un intéressant bouquin où l’on distingue une certaine vision du monde et de la société. Je ne fais pas de citation, on me reprocherait encore d’extraire des phrases de leur contexte*. Thibaud Collin est l’un des inspirateurs de la « pensée Sarkozy » sur des sujets aussi divers que le voile à l’école, l’intégration ou non de la Turquie à l’Union européenne, le mariage homosexuel et l’homoparentalité, ou les racines chrétiennes du Vieux Continent. Quand le Président de la République déclame que « la religion, c’est la vie, la politique, c’est la vie… » ou « Le premier défi est celui du changement climatique (…)Le deuxième défi est celui des conditions du retour du religieux dans la plupart de nos sociétés. C’est une réalité, seuls les sectaires ne le voient pas. C’est une réalité incontournable,… » on ne peut s’empêcher de songer à Thibaud le Très Catholique.

* On se référera aux analyses des spécialistes, ainsi Caroline Fourest.

Faux-cul

17/01/2008

Sacrée Isabelle Alonso. Il paraît que la fondatrice des Chiennes de garde, meute féministe qui tire sur tout dérapage machiste (et parfois avec raison), s’est offusquée de la tant controversée Une du Nouvel Obs exhibant le postérieur de Simone de Beauvoir, l’auteure du Deuxième sexe, manifeste de la cause des femmes depuis un demi-siècle. Et pourtant, madame Alonso permet encore à son éditeur (Pocket) de montrer une paire de fesses sur la couverture d’un de ses livres à elle : Roman à l’eau de bleu. Un cul de mec, aussi. Ah bon!

Ces harkis du Nouveau Centre

17/01/2008 à 11:25

C’est ce qui arrive aux supplétifs. On les considère comme tels. Une seule place en position éligible pour le Nouveau Centre sur la liste de l’UMP Sébastien Huyghe, challenger de Martine Aubry à Lille. Alors forcément ils râlent : « nous réclamons deux places en position éligible ». Il y a quelque mois Francis Vercamer, député Nouveau Centre et maire d’Hem, et ses amis, avaient grogné devant les vieux réflexes hégémoniques du parti dominant à droite quand on préparait fébrilement les listes aux municipales sur la métropole lilloise. La politique, c’est la lutte des places, ça d’accord, surtout quand on concocte une liste à un scrutin proportionnel, et à gauche on en sait quelque chose. Le scrutin majoritaire, c’est le combat des coqs. Le Nouveau Centre a été accouché pour faire pièce au MoDem et au « bayroutisme » et éviter une grande confédération modèle UDF de 1978 qui a tant agacé le RPR d’alors et d’après. Une fois la digue anti-Bayrou érigée, on les oublie. Les candidats Nouveau Centre découvrent un peu tard que l’ADN de l’UMP ressemble en tout point à celui du RPR qui n’avait de cesse de réduire l’espace de l’UDF et des centristes dont ils viennent et qui les a vu naître pour la plupart en politique*. De quoi se faire abandonner en rase campagne. Comme des harkis.

*Sur Valenciennes, la Nouveau Centre Valérie Letard, secrétaire d’Etat aux solidarités, s’impose plus facilement comme numéro 2 à partir d’un contexte historique différent. Mais l’exception n’est pas la règle…

Le PS vaut bien une messe

17/01/2008

Au PS, la question est sur toutes les lèvres mais personne n’ose la poser franchement. Chaque militant doit se sentir comme Henri IV, louvoyant entre les confessions tout en lorgnant sur le trône de France. Quel candidat à la présidentielle le parti pourra-t-il proposer ? Question à tiroirs. Quelles alliances ? Quelle ligne politique ? Quelle tactique en face de Nicolas Sarkozy ? * Une seule certitude : le nouveau premier secrétaire aura toutes les chances d’être LE candidat pour 2012, n’en déplaise à Michel Rocard qui préférerait un patron technicien, un bon toubib pour le PS en état de mort clinique. Bertrand Delanoë, l’héritier de Jospin, fait mine de détourner les yeux du Graal de l’investiture suprême. Mais imaginons qu’il enregistre un grand chelem à Paris, à tout le moins une réelection de maréchal. Voilà qui relancerait les conjectures sur ses ambitions au sein d’un parti qu’il connait à fond. Un PS que Ségolène Royal apprivoise de mieux en mieux après une année 2007 où aucune gentillesse ne lui fut épargnée. La présidente de Poitou-Charentes peut se targuer d’un bon étiage de popularité dans l’univers socialiste et même au-delà. Quant à Laurent Fabius, qui n’a jamais été incontestable au P.S, il reste aux aguets depuis 2005 et le référendum européen qui continue de diviser les socialistes jusque dans les plus petites sections.

Reste l’hypothèse Strauss-Kahn. L’homme de Washington – il est le patron du Fonds monétaire international – affiche le profil d’un recours pour un parti qui se cherche depuis trop longtemps. C’est le sens de la candidature au poste de premier secrétaire de Pierre Moscovici, qui serait alors chargé de ménager le retour de DSK, disons vers 2011. Le député de Montbeliard entretiendrait le parti dans une espèce de torpeur pour étouffer les ambitions tout en rénovant le corpus idéologique et le fonctionnement interne.

Bizarre parti socialiste qui ressemble de plus en plus à ce qu’était les défunts RPR et UDF il y a encore une dizaine d’années, ces organisations qui avait sacralisé le combat des chefs et la suprématie des luttes carriéristes, le propre des partis de cadres et d’élus. On a longtemps dit que la gauche c’était des idées et la droite des intérêts. Aujourd’hui, c’est l’inverse.

*Car il est évident qu’il fera tout pour se représenter en 2012 pour se succèder à lui-même. Par mimétisme : tous ses prédécesseurs en ont fait autant (sauf Pompidou, mort avant le terme de son premier mandat). Par tempérament : quand on y a goûté…Comment a-t-on pu croire qu’il ne ferait qu’un seul mandat ? Par intérêt : celui de son parti et de la droite en général, de son entourage ensuite.

Municipales : enjeu national ou pas ?

15/01/2008

La question en se pose pas. En cas de victoire, pour l’un ou l’autre camp, on interprétera les résultats pour ne pas perdre la face. Victoire (en nombre de voix, d’élus ou de places fortes prises ou préservées), c’est forcément un enjeu national. Défaite, cela reste un enjeu local, presque une péripétie. A droite : une confirmation du choix des présidentielles et de la politique déployée depuis, ou au contraire une contrariété sans importance. A gauche, une victoire sonnerait le début de la reconquête, une défaite serait naturellement prétexte à accélérer la refonte des partis de gauche. Ce dont tout le monde se fout éperdument.

Les songes d’Attali

12/01/2008

L’agitateur d’idées préféré des gouvernements vient encore de secouer le cocotier des idées reçues. Dans son rapport sur la croissance remis au président Sarkozy, Jacques Attali préconise ni plus ni moins que d’ouvrir franchement les vannes de l’immigration. Motif : on aura bien besoin de cette main d’oeuvre pour financer nos retraites dans quelques années. Reste à combiner un tel voeu quelque peu iconoclaste avec le concept d’immigration choisie cher au président Sarkozy. Plus iconoclaste est la remise en cause du principe de précaution, ajouté dans la Constitution il y a quelques années. Quant à la suppression progressive du département, échelon désuet de l’organigramme administraif français, il s’agit d’un vieux serpent de mer. Insubmersible.

Joffrin vs Sarkozy

12/01/2008

La passe d’armes fut d’une violence rare. Le patron de Libé a soutenu pendant de longues minutes l’ire présidentielle au cours d’un échange dont le niveau des arguments avait disparu sous une vague de ressentiments réciproques. Ce jour-là -la conférence de presse de Nicolas Sarkozy- on mesura le bloc de haine qui sépare le monde des journalistes de celui de la classe politique. Et ce n’est pas une question de parti-pris ou de convictions. Mais bien de confiance et de respect. Les journalistes sont trop souvent considérés au mieux comme des bouffons utiles au pire comme des ennemis déclarés. Les ouvrages ne manquent pas pour tenter d’éclairer les fausses connivences qui biaisent les rapports media/politiques/patrons. Le pauvre Laurent Joffrin, dépourvu de droit de suite comme cela se pratique ailleurs, se fera acculer dans les cordes par un Sarko plus vindicatif que jamais. Dans la salle de conférences, personne, rien, nada, pour relever le gant et reprendre le témoin. C’est le cas de le dire !

Ecoeurant !

10/01/2008

Et les gens achètent. Les livres qui viennent de sortir sur l’ex-couple Nicolas et Cécilia Sarkozy seront des succès. Et ça balance ! Cécilia qui accuse. Cécilia qui dénonce. Cécilia qui reproche. Et les gens achètent ! Une rafale de de piquantes révélations sur la psyché profonde de ceux et celles qui nous gouvernent. Les vices privés font le bien public (Bernard Mandeville), je veux bien. Mais là, j’ai des doutes. Tombereaux de petits secrets minables et pitoyables, litanie de bassesses où l’hypocrisie le dispute à la fourberie, de violente parano et de complots vipérins. Ainsi vont les cours…Ainsi vivent les Princes…Louis XIV et les miasmes de la cour de Versailles, c’était quelque chose, aussi. Le pouvoir attire les courtisans comme l’étron les mouches.

Et pour couronner le tout, l’ex-présidente réclame en référé l’interdiction d’un des livres. Pour atteinte à la vie privée. Je ne pense pas qu’une personne comme Cécilia Sarkozy puisse arborer la superbe d’une Sarah Bernhardt : « Dites de moi du bien, ou du mal… mais parlez de moi ». Pas assez construite. Trop dépassée. Sur les cimes du pouvoir, parfois on manque d’air. L’ivresse des hauteurs vous tourneboule la raison. La morale de l’histoire, c’est qu’il ne faut pas confondre vie privée et vie publique. Ou plutôt utiliser l’une pour servir l’autre. De toute façon, les gens vont acheter.

La résurrection de Karl

09/01/2008

Marx pas mort ! Quand on voit l’accumulation du capital d’un côté et celui des inégalités de l’autre, on se dit que ce sacré Karl n’est pas mort pour rien puisque son expertise de l’économie et de la société trouve de nouvelles raisons de s’exercer depuis une bonne dizaine d’années. Depuis la fracture sociale chère à Jacques Chirac, qui en avait fait le pivot de sa campagne présidentielle de 1995. Peut-on remonter au Mitterrand de 1988 dont le Premier ministre d’alors, un certain Michel Rocard, avait porté le revenu minimum d’insertion sur les fonts baptismaux ? A vrai dire, la pauvreté a toujours existé. Sans remonter à Zola, au début des années 50, les bidonvilles s’entassaient à l’entrée des grandes agglomérations. Mais nos parents ne roulaient pas sur l’or et les Trente glorieuses rabotèrent les différences de niveaux de vie. Aujourd’hui, ce qui choque, c’est l’écart entre les conditions, la perspective entre les pauvres et les riches. Une perspective à deux entrées, : les pauvres et les riches près de nous, et les pauvres des pays pauvres que l’on voit chaque soir au journal télévisé. Deux mondes. L’analyse marxiste privilégie l’antagonisme entre capital et travail. On pourrait dire maintenant entre ceux qui ont le capital et ceux qui n’ont pas de travail. En son temps, Karl Marx avait bien diagnostiqué la situation. Il nous reste encore à trouver un remède.

French way of life

Par Marc Prévost :

Je viens de relire le Journal de Californie d’Edgar Morin, le penseur français qui s’est penché sur la « révolution » de Mai 68, ou plutôt ses prémisses. Et dire que ce sacré Nicolas Sarkozy le reprend à son compte en détournant son idée de politique de civilisation. Dit comme ça, c’est l’auberge espagnole. Politique de civilisation…Faut-il y voir l’explication du discours tant controversé de Dakar, quand, sous la dictée d’Henri Guaino, son conseiller spécial, il se livra à quelques dégagements pour le moins ambigüs sur le rapport à l’Histoire des peuples africains ? Ou bien veut-il conceptualiser l’essence de sa politique nationale, justifiant la mutation à marche forcée de notre pays à partir de recettes anglo-saxonnes ? Ou encore, redonner à la France la place qui lui est due dans le concert des nations ? A moins qu’il ne faille y voir la traduction d’une certaine idée de la France, de sa société et de son style de vie en commun. Le french way of life !

On se souvient du discours d’il y a un an quand il avait harangué une foule immense venue l’acclamer et qui avait sonné le début de sa remontée dans l’opinion. « Liquider mai 68″…un mot d’ordre magistralement adapté à son électorat, pour qui l’égalité est une profonde injustice, qui pense presque inconsciemment que le groupe (nation, entreprise, famille,…) est toujours plus important que la personne, qui préfère l’injustice au désordre et qui reste travaillé par les interdits du catholicisme. Charles Maurras et Joseph de Maistre sont à droite ce que Marx et Lénine sont à gauche, un surmoi indélébile. Comme pour se faire pardonner – mais Nicolas Sarkozy abhorre tout ce qui ressemble à de la repentance -, il pousse la porte du troquet d’Edgar Morin. Et continue de trianguler comme disent les spécialistes, usant, abusant presque de cette technique qui consiste à cambrioler la maison de l’adversaire et emporter ses valeurs et ses pièces de musée pour mieux le combattre en jetant le trouble parmi ses propres troupes. Allez viens, on va chez Edgar !

Vivement l’après-municipales !

08/01/2008

Nicolas Sarkozy est fidèle à lui-même. Lui c’est le choc frontal qu’il préfère. Il est un rejeton du clivage gauche-droite, et en surfant sur les modes et les airs du temps, en donnant le change comme le font les opportunistes de la diversion, il parvient, avec talent et détermination, à faire pencher la balance de son côté. Mais toute stratégie basée sur le providentiel et le tour de passe-passe a ses limites. Les sondages accusent une lassitude. L’opinion réclame des résultats. Pouvoir d’achat et logement prennent le dessus dans l’esprit des Français. Les paillettes de Disneyland ne suffisent plus, les coups d’éclat cathodiques en Colombie ou en Lybie non plus. Tiendra-t-il jusqu’après les municipales ? On le sait, les municipales jouent un rôle de baromètre dans la vie politique. Refuge d’une opposition en mal de victoires ou caution d’un gouvernement en place, les communes sont rarement le théâtre d’un affrontement gauche-droite traditionnel. Encore huit semaines et Nicolas Sarkozy remontera dans son train de réformes. Pas d’élections en vue jusqu’en 2010* ! Une formidable fenêtre de tir qui lui autorisera sûrement toutes les audaces. * Je mets de côté les européennes de 2009, un scrutin qui pèse habituellement peu sur la politique nationale. De plus, ces élections seront celles du redémarrage des institutions européennes.

La politique providentielle

24/12/2007

La tactique de Nicolas Sarkozy est vieille comme la politique. Il en use et abuse avec un art consommé. Il intervient quand il est sûr de réussir. Ou plutôt quand un échec ou un demi-succès ne nuirait que peu à son image. Un moindre mal. Les infirmières bulgares moisiraient-elles encore dans les geôles kadhafiennes que l’opinion accablerait le dictateur lybien, pas la tentative méritoire de Nicolas et Cecilia (à l’époque en grâce à l’Elysée). Même raisonnement pour Ingrid Betancourt. On mettra sa non-libération sur le dos des méchantes FARC ou de l’impéritie de Chavez. En cas de succès, le bénéfice va à Sarko. Pas à Kouchner ou Yade. De telles opérations aux confins de la diplomatie et de l’humanitaire sont toujours moins périlleuses qu’une négociation aléatoire avec Al-Quaeda ou le Hezbollah.

En politique intérieure, même tactique. Chaque dossier est évalué à l’aune de sa probabilité de réussite qu’il s’agit alors de faire attribuer au président. Les ministres concernés, en plus de jouer les faire-valoir, sont ainsi promus au rang de fusibles permanents. « Quand on se plante, c’est de votre faute. Quand on réussit, c’est grâce à moi ». Logement, universités, grogne des pêcheurs, carte judiciaire, 35 heures, réforme institutionnelle,…Nicolas Sarkozy choisit d’intervenir sur des dossiers brûlants ou réputés tels. Ses conseillers lui « fabriquent » des problèmes qu’il n’a plus qu’à résoudre pour montrer son efficacité. Ainsi la justice. On avait promis une grande réforme après le désastre d’Outreau. On passe à la paille de fer l’organigramme des tribunaux (avec Rachida Dati en dame de fer). Moins difficile et moins risqué : la bronca reste confinée au monde de la justice et à ses corporations. Même chose avec les universités : les étudiants s’agitent, un moindre mal. On concocte un énième plan qui ne sauvera sans doute pas l’enseignement supérieur mais donne le change. Les 35 heures ? Pas dur de défaire ce qui a été fait tant le passionnel prend le pas sur le rationnel dès que l’on prononce le chiffre maudit…Les interventions du gouvernement -pardon du président- procèdent d’un timing toujours judicieux. Attendre que le problème atteigne un degré de revendication élevé dans l’opinion, voire susciter de réels mécontentements, puis le traiter au grand jour, avec caméras et journalistes, poignées de mains et sourires de circonstance. Et cueillir les fruits de l’heureux dénouement. Copieusement nourrie, puis subtilement divertie, enfin repue, l’opinion peut s’apaiser.

Reste le pouvoir d’achat, un thème que le candidat Sarkozy avait érigé en priorité absolue. Un dossier qu’aucun chef d’Etat européen ne maîtrise complètement tant les ressorts du problème dépendent de causes multiples. Le futur fusible Lagarde, actuelle argentière de la République, ne suffira sans doute pas à contenir les déceptions naissantes. Un vrai risque pour Nicolas Sarkozy.

Elysée 2012

21/12/2007

Pourquoi la droite est-elle aussi nulle à Paris ? Parce que Nicolas Sarkozy estime que Bertrand Delanoë est son meilleur adversaire à la présidentielle de 2012. Et parce qu’il y pense déjà, le locataire de l’Elysée demande à ses troupes parisiennes de mettre un bémol aux critiques sur le maire sortant. Il y a pourtant de quoi faire. Françoise de Panafieu, la candidate UMP, semble de son côté déjà dans les choux. Delanoë réélu dans la capitale, il prend une option sur le P.S et donc à l’investiture de son parti pour concourir à l’Elysée contre lui-même président sortant. Il sait que Ségolène Royal ne peut que se bonifier pendant cinq ans et il a peur d’un retour en force de DSK, qui le surclasse sur bien des points.

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