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Archives Le Monde selon moi – 11/2007 à 12/2007

Le monde selon moi | Petit théâtre de Martine Aubry Par | 13 novembre 2007


Fusible

Par Marc Prévost :: 20/12/2007 à 17:42 :: Le monde selon moi

Ca y est, Bolufer (Jean-Paul) est démissionné. Trop risqué de laisser en place un homme -dircab d’un ministre chargé d’un des problèmes les aigus du moment, le logement- qui a déconsidéré l’image de Sarko par des propos aussi inconsidérés que provocateurs. Comme un crime de lèse-majesté. Il n’aura pas fallu longtemps : 24 heures chrono ! Accélération de l’histoire, diront les historiens : il avait fallu deux ou trois semaines pour renvoyer MÔssieur Hervé Gaymard en Savoie parce qu’il occupait aux frais de la Princesse République un duplex grand comme un gymnase de sans-abri. La ministre Christine Boutin, désormais en sursis et qui n’a plus droit à l’erreur, a bien mal défendu son collaborateur. C’était elle ou lui.

Ca fait désordre !

Par Marc Prévost :: 19/12/2007 à 19:00 :: Le monde selon moi

Jean-Paul Bolufer, le préfet bien logé, est un maurassien, entendez un tenant de Charles Maurras, le théoricien d’une France en ordres et du retour à l’ordre. Celui d’avant. D’ailleurs, il est un des disciples de Jean Ousset, l’ancien secrétaire particulier de l’auteur d’Enquête sur la monarchie, et qui a tissé, lui et ses collaborateurs, tout un réseau d’amitiés et d’activités catholiques intégristes, de Mr Lefebvre au Pr Jérôme Lejeune, en passant par la junte militaire argentine. Mr Bolufer a participé, nous apprend encore Pro-Choix, à des actions presque violentes contre l’avortement et aurait nourri les argumentaires des opposants à la loi Simone Veil au milieu des années 70. Avec un tel CV, on le retrouve naturellement chez Christine Boutin, une militante anti IVG et anti PACS, bombardée ministre du logement et qui ne pouvait laisser passer de tels états de service. Au vu du scandale naissant sur les 190 métres carrés loués en plein Paris au préfet presque pour une bouchée de pain, on se dit que rien, non rien n’a changé depuis la nuit du Quatre-Août. La farandole des privilèges court toujours dans notre République. Faudra-t-il guillotiner le fonctionnaire profiteur ?

Je vote à gauche, je b…. à droite

Par Marc Prévost :: 18/12/2007 à 16:40 :: Le monde selon moi

Jusqu’où fera-t-il l’ouverture ? En s’acoquinant avec l’ex-mannequin Carla Bruni, Nicolas Sarkozy poursuit sa route. Est-ce parce qu’il n’y a plus de socialistes à débaucher qu’il enrôle dans le cirque politico-médiatique une ancienne starlette déclarée encore à gauche en avril dernier et qui s’est insurgée contre les tests ADN. La belle Carla ne cachait nullement ses sympathies pour Ségolène Royal. Même si, ayant conservé sa nationalité italienne, elle ne pouvait s’exprimer en France. Je vote à gauche, je b…. à droite.

Mickey et Minnie à l’Elysée

Par Marc Prévost :: 18/12/2007 à 9:53 :: Le monde selon moi

Pouvoir d’achat en berne. Et au moment des Fêtes de Noël. Honteuse parade de Kadhafi sur les bords de la Seine et au Louvre. Les syndicats de fonctionnaires qui agitent le spectre de la grève générale. Les étudiants qui font l’université buissonnière. Les avocats qui…Le risque de plongeon dans les sondages se profile. Vite ! Variante du Prince Charmant et de la Belle au Bois dormant, l’escapade à Disneyland avec la nouvelle conquête, le top-model et artiste de variétés Carla Bruni*, vise à regonfler une aura toujours menacée parce que fragile et évanescente. On appelle cela faire diversion. Nicolas Sarkozy sait tout cela, il est un enfant de la télé et de la démocratie d’opinion. Son maitre inavoué est Andy Warhol qui théorisait que chacun pouvait être célèbre. Pendant dix minutes. Comment l’être tout le temps ?

* Son tube : « Quatre consonnes et trois voyelles, c’est le prénom de Raphaël » Ou de Nicolas. Bravo à l’ami Smague de la Voix du Nord, perspicace en diable et qui connaît son alphabet.

Ouarf ! Ouarf !…

Par Marc Prévost :: 18/12/2007 à 9:52 :: Le monde selon moi

« C’est où le centre ? Tout au fond du couloir, le petit cagibi sur la droite ». « Les centristes ? On les roule dans la farine, et on les fait frire ensuite ! « . D’Edouard Herriot à Georges Pompidou, elles ne manquent pas les anecdotes vachardes sur ce centre introuvable, diaphane, à géométrie variable,…bref presque inutile. Sauf pour certains. Les ténors de l’UMP sont en train de gagner leur pari : faire du centre, ou présupposé tel, un appendice de leur formation, une réserve de supplétifs dans laquelle on pioche, au gré des premiers tours et des surprises électorales, un appoint de suffrages, une assurance anti-défaite, un gage pour trouver une majorité vacillante, voire une simple escouade de lieutenants dévoués et disciplinés. Sarko et ses dresseurs s’en donnent à coeur joie. D’ailleurs, ils ont appris la manoeuvre au RPR, voire chez les gaullistes d’avant le RPR. Le numéro de l’année s’appelle Nouveau Centre, et en province il a du succès. Strapontins et caramels mous en guise de récompense, ensuite. Le cirque politique a ses caniches ,…vous les entendez japper ?

On m’objectera que la physionomie de nos institutions oblige à pencher d’un côté ou de l’autre. Que l’idée d’un centre fort et autonome s’est toujours évaporée au contact des rudes réalités des appareils des partis. Que l’ADN politique d’un centriste l’oblige à se rallier à la droite comme le mouton à son troupeau. Bayrou fait les frais de ce tropisme marmoréen. Tout se passe comme si les Français avaient voulu se faire peur avec un « moment Bayrou », le temps d’un premier tour, puis, pour se rassurer, laissent les partis et les ambitions reprendre leurs jeux quand le caroussel des mandats locaux se met à tourner de nouveau. Le Béarnais s’est condamné à attendre la prochaine séance présidentielle en se repassant en boucle le film de ses sept millions de voix d’avril dernier.

Une stèle pour Pierre Seel

Par Marc Prévost :: 17/12/2007 à 11:10 :: Le monde selon moi

Ou une rue. Plutôt que de multiplier les oeillades en direction des gays, cette part de marché électoral, nos candidats aux municipales ne feraient-ils pas mieux de proposer d’inscrire le « fait » homosexuel dans le paysage de nos villes ? En érigeant une stèle républicaine à la mémoire de Pierre Seel, ce triangle rose persécuté par les nazis au camp vosgien du Schirmeck, à l’instar de tous les malheureux qui aimaient autrement. Ou en nommant une rue de leur commune à son nom. C’est la ville de Toulouse qui montre le chemin en engageant, depuis peu, la procédure. Toulouse, la ville rose.

Mais peut-on communautariser la souffrance ? S’il y a universalité, c’est dans les larmes et le malheur. Vu du côté des victimes, peu importe la couleur du brassard au bras du bourreau. Comme toujours en politique, le compromis peut être une juste voie. Et le droit à l’indifférence une garantie de respect et d’harmonie. Alors, va pour une inscription du nom de Pierre Seel – ou d’un autre inverti, comme l’on disait à l’époque d’André Gide- né du côté des Flandres ou des plaines de l’Artois, et qui aurait lui aussi connu l’Horreur – sur les monuments républicains qui commémorent nos tragédies collectives. Ou au coin d’une rue, gage d’une paisible coexistence avec les héros hétéros de nos livres d’Histoire. Les citoyens qui souhaitent rendre hommage aux victimes de la déportation homosexuelle lors de la journée du Souvenir, n’auraient plus à se cacher presque, sous les quolibets et la réprobation des tenants du sexuellement correct. Et l’on n’en parlerait plus.

Les galons de la provocation

Par Marc Prévost :: 11/12/2007 à 16:00 :: Le monde selon moi

Muammar al-Kadhafi reste trop ambigu. L’attentat de Lockerbie est encore dans les toutes les têtes, comme le restera le honteux drame des infirmières bulgares. D’accord avec les règles à géométrie variable de la diplomatie qui, tantôt privilégient le principe de réalité -business d’abord-, tantôt celui de précaution – après tout, Kadhafi prétend avoir renoncé au terrorisme d’Etat -. Mais non, il ne fallait pas le recevoir le jour même de la commémoration des droits de l’Homme. Lui a dû y voir comme un clin d’oeil. On a envie de dire comme un coup de fouet. Et puis cette parade dans Paris ! Un vrai Kadafithon. Le colonel scandaleux y voit une superbe occasion de revenir sur la scène internationale dont il avait été banni. Il ne fallait pas prétendre être « heureux de l’accueillir » chez nous. Il ne fallait pas lui donner des arguments pour asservir encore un peu plus le peuple lybien.

Décidément, en matière de politique africaine, après le voyage chez Omar Bongo ou les déclarations alambiquées sur l’histoire et les civilisations du continent noir, Nicolas Sarkozy rate sa rupture avec ses prédécesseurs, chacun à leur manière ayant cultivé des rapports sulfureux avec les dictatures post-coloniales. Alors, les cris d’orfraie de Rama Yade, la « poupée qui dit non », préposée au lissage des dérapages et approximations de Nicolas Sarkozy, ne peuvent que faire sourire.

La politique cosmétique

Par Marc Prévost :: 09/12/2007 à 10:51 :: Le monde selon moi

Election de Miss France à Dunkerque, hier soir. Je ne sais plus qui est l’heureuse élue. D’ailleurs, je n’ai même pas regardé. Comment, ce n’est pas Rachida Dati ? Non ? C’est un scandale !

Sérieusement, comment peut-on qualifier le cahier glamour que lui a consacré Paris Match cette semaine ? Poses quasi suggestives. Surutilisation du symbole : les hauts talons, le cuir, les bas affriolants, les mimiques étudiées, les habits Dior. Que ne ferait-on pas pour stimuler la libido électorale et gonfler les résultats d’un scrutin ?*Tout cela sent la mise en scène. Trop. On dira qu’elle n’a pas inventé le genre et que la plupart des acteurs de notre classe politique joue sur le même registre des paillettes et du strass. Pour la prochaine fois, on s’attend à ce qu’elle nous la joue en guépière et en cravache dans « SM magazine ». Ou en défilé de mode avec Gaultier et Galiano. Jouissant d’une quasi-immunité politique grâce à un gilet pare-balles signé Sarko, Madame Dati étincèle et sourit.

*Rachida Dati est candidate UMP à Paris dans le 7 ème arrondissement, derrière Françoise de Panafieu, qui a besoin d’un tel renfort pour défier Bertrand Delanoë. L’opération cosmétique de Paris-Match vise donc également à renforcer son implantation parisienne (en vue d’une candidature dans la capitale en 2014 ?) en plus de justifier les choix de Nicolas Sarkozy.

Le puzzle défait de la Belgique

Par Marc Prévost :: 04/12/2007 à 16:47 :: Le monde selon moi

Sacrée Belgique. Qu’est-elle encore ? Un Etat au bord de l’implosion, ça oui. Une nation, ça non. Je fais appel aux grands textes fondateurs (Renan, Michelet, Tocqueville, Hugo,…) sur l’esprit d’une nation pour essayer de comprendre ce qui se passe chez nos cousins d’Outre-Quiévrain. Pas de plébiscite de chaque jour, ni de vouloir-vivre ensemble, encore moins de cette âme qui fait les nations voisines, France, Allemagne, Pays-Bas,…et mes propos n’ont rien d’infâmant pour un peuple redouté par les légionnaires de César (« belgae fortissimae sunt » tremblaient-ils avant de s’aventurer dans les noires forêts ardennaises), et qui a payé son tribut lors des deux guerres qui ont ensanglanté le Vieux Continent. Rien qu’une population désormais plus divisée que réunie, et dont les représentants ont perdu le mode d’emploi de gouvernement. Et au coeur de l’Europe dont Bruxelles est la capitale ! Quel raccourci sur l’avenir de la construction européenne !

D’Anvers à Liège, de Bruxelles à Charleroi, des Fourons à Ostende, il y a en effet plus de ferments d’éclatement que de motifs de réunion. Une sorte de Yougoslavie froide est en train de se préparer. Bien malin qui peut prévoir la suite. Une confédération à la mode hélvétique ? Une fédération à l’allemande ou à la néerlandaise? Un éclatement depuis une ligne allant de Courtrai à Maastricht ? « Rattachistes » wallons (à la France), et autonomistes flamands sont plus que jamais sur deux planètes différentes. La Belgique rêve-t-elle d’une révolution de velours à elle, sur l’exemple de l’ancienne Tchécoslovaquie ? La partition du pays n’a pas encore trouvé son chef d’orchestre. A part le roi, dernier dénominateur commun entre des populations déchirées qui n’ont cessé d’empiler les réformes bancales et les avenants de compromis à un système de gouvernement devenu illisible. Car la Belgique est un royaume qui se défait.

Oui, il y a de mauvaises lois

Par Marc Prévost :: 30/11/2007 à 18:08 :: Le monde selon moi

Parmi celles-ci, la loi de 1884 sur les syndicats qui ne les oblige pas à certifier leurs comptes, ni à justifier leurs ressources. Ainsi, depuis plus de 120 ans, la vie syndicale de notre pays est financée à coups de caisses noires et de valises sombres. Les cotisations des adhérents – les effectifs les plus maigres d’Europe ! – et les aides publiques bouclent leurs budgets et assurent la vitrine. Le scandale des retraits de fonds de l’UIMM destinés à tenir la tête des organisations hors de l’eau jettent le discrédit sur le monde du travail. Une telle consanguinité entre les partenaires sociaux n’est plus acceptable. On se met d’accord sur le dos des travailleurs, comme aurait dit Georges Marchais. Nous sommes en 2007. Il est temps de balayer tout ça. « DGS » (le patron de la puissante UIMM) ressort libre du bureau du juge parce qu’il a respecté la loi, tout simplement. Alors, changeons la loi pour ne plus autoriser de telles dérives.

L’autre loi à réformer, c’est celle de la représentativité des syndicats, qui repose sur des critères proches du ridicule, comme l’attitude patriotique sous l’Occupation ! Je sais que le traumatisme de ces cinq années a inspiré le législateur à la Libération, mais tout de même. D’autres critères sont tout autant flous: influence du syndicat, indépendance (!), activité, et plongent les juges chargés de trancher de la représentativité d’une organisation dans une profonde perplexité. Tous se passe comme si patronat et pouvoirs publics – de gauche comme de droite- préfèrent avoir affaire à des syndicats qu’ils contrôlent, avec lesquels il est toujours possible de se mettre d’accord, dont on peut anticiper les réactions, plutôt qu’à des partenaires autonomes, responsables et rationnels. Donc imprévisibles. Manifs’, revendications, grèves,…tout n’est que gesticulation et diversion pour amuser l’opinion et couper l’herbe sous le pied des partis constitués, qui, eux, peuvent réellement influencer la marche du pays en gagnant les élections ou en conservant le pouvoir, bref en usant de l’alternance. Oh, il y a bien de temps à autre de brèves éruptions, qui focalisent les esprits et concentrent l’attention sur cette rue qui se joue de la représentation nationale.

Mai 68 a d’abord été un mouvement de la jeunesse, pas du monde du travail, et c’est pour cela qu’il était « incontrôlable », avant d’être réintégré dans le jeu politique et partisan français. Les grèves de 95 ont vite été récupérées par le débat politique à visée électorale (Juppé a perdu les législatives de 97). Les mouvements étudiants sont rapidement récupérés par le dialogue partis/pouvoir en place. Tous les mouvements sociaux s’articulent selon le même rapport médecin/patient: faites-nous une bonne loi, ou, variante : ne nous faites pas cette loi ! La vérité, c’est que les syndicats, et même le monde du travail, sont hors du jeu politique dans notre pays.

Rolex « bling bling »

Par Marc Prévost :: 30/11/2007 à 11:51 :: Le monde selon moi

Moi, je n’ai rien entendu de génial pendant l’allocution présidentielle d’hier soir…ah si, hypnotisé par ce gros objet scintillant qui pendouillait au poignet de mon président de la République (élu par tous les Français), je sombrais dans une torpeur cathodique. Comme un pendule magnétique dont usent les guérisseurs pour mieux fasciner leurs patients. Ces Françaises et ces Français en manque de pouvoir d’achat, ces étudiants inquiets jusqu’à la nausée, ces SDF malades de la rue, ces érémistes assommés par la scoumoune,… Le pendule de Sarko. Pour un peu, en prêtant l’oreille, on entendait le cliquetis de l’objet en question.

Drôle de peuple. Il sait, confusément et presque inconsciemment, qu’il va vivre plus longtemps, moins riche et probablement « moins bien » qu’il y a quelques décennies, et il se laisse chloroformer de la sorte. A coup de promesses, d’appels et d’antiennes. Nicolas Sarkozy a souvent cet aveu : changer la vie, rompre avec le monde d’avant, en finir avec… Les socialistes de 81 ne disaient pas autre chose. Pour eux aussi, il fallait changer la vie. A gauche avec du gnan-gnan, à droite avec de l’argent. Le deuil de l’idée de progrès exige de sacrées doses de tranquillisants. Le rêve, le nouvel opium du peuple.

2 commentaires

Moteur !

Par Marc Prévost :: 29/11/2007 à 17:48 :: Le monde selon moi

Je suis passé devant un kiosque à journaux ce midi. Le magazine Gala a fait sa une sur Nicolas Sarkozy hâlé et habillé d’une paire de Rayban qui le font ressembler à Tom Cruise (mission impossible). Le titre ? « Quelle femme lui faut-il ? » Ou quelque chose dans ce goût-là. « La femme idéale pour Nicolas Sarkozy »… »La première dame qu’il lui faut », je ne sais plus bien. Je me dis que la pipolisation de la vie publique a atteint un paroxysme. Et quand on sait que ce genre de reportage est étroitement surveillé par les services de l’Elysée et son suprême patron !

Quand Ronald Reagan ou Arnold Schwarzenegger se font élire aux Etats-Unis, on dit que c’est normal. Californie, patrie du septième art. Etats-Unis, berceau de la célébrité. Que d’anciens comédiens continuent leur carrière ou se recyclent dans cette autre usine à fantasmes qu’est la politique, après tout…Chez nous, c’est le contraire. Les présidents préparent déjà leur reconversion au cinéma.

Fanfan, où es-tu ?

Par Marc Prévost :: 29/11/2007 à 17:26 :: Le monde selon moi

Peut-on imaginer ces prochaines années François Hollande en train d’arroser ses géraniums à la mairie de Tulle tout en resassant les synthèses des congrès de Dijon ou du Mans, et remâchant les stats des deux dernières présidentielles ? Le bougre est un teigneux. Misons sur son désir de revanche pour lui prédire un avenir sinon radieux, à tout le moins sous les sunlights. Dans la lutte à mort qui se profile entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoë pour le leadership au sein du parti socialiste, et donc l’investiture pour 2012, il est tout simplement le troisième homme. Parce qu’il connaît le PS. Parce que les hollando-jospinistes (vous vous souvenez ? ) pèsent encore lourd. Je ne pense pas à lui en 2008 comme premier secrétaire du parti de Mitterrand, certes non, mais je crois qu’il fera pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Ce qui ne manque pas de piment quand on sait la détestation que lui voue le maire de Paris et le roman à l’eau de rose de sa relation avec l’ancienne candidate socialiste.

Et qui pour remplacer la belle ?

Par Marc Prévost :: 29/11/2007 à 16:56 :: Le monde selon moi

Si MAM à Bruxelles, Si Rachida à l’Intérieur, qui remplacerait cette dernière au prestigieux ministère régalien de la place Vendôme ? Je vous le donne en mille. Ce vieux flibustier de Jack Lang, évidemment. Le profil idéal pour un Sarkozy jamais rassasié d’ouverture politique et qui veut manifestement tuer le P.S. Le fieffé Jack, qui se languit d’une belle et vraie grande responsabilité – il a 68 ans – doit être tenté. Il a la carrure pour faire le job. Et ce n’est pas la première fois qu’il joue les pompiers. En plus, il représente la Côte d’Opale à l’Assemblée, une langue (pardon ! ) de terre sinistrée par les vicissitudes de la vie et les vices de l’âme : Outreau n’est pas si loin. Outreau et ses familles décomposées, Outreau et sa justice en miettes. Un thème idéal pour qui veut dépasser le clivage gauche-droite. Jack y verrait là l’occasion rêvée d’assouvir sa rancune vis à vis d’un parti socialiste qui l’a toujours boudé. Un parti dont les caciques n’ont plus que leurs yeux pour pleurer et compter les « trahisons ». Rachida fait le sale boulot, Jack arrive pour arrondir les angles et mettre en place quelques réformes de procédure histoire de laisser sa marque. On peut compter sur lui. Mais tout ceci n’est que conjectures.

Le grand mercato des ministères

Par Marc Prévost :: 29/11/2007 à 16:34 :: Le monde selon moi

Ca y est, v-la-t-i-pas qu’on pense à changer Rachida Dati de ministère ! Quasi démonétisée place Vendôme, éreintée par la fronde judiciaire des magistrats et avocats qui ne digèrent ni ses manières ni le peu de cas manifesté par la dame de fer envers leur avenir, madame Dati piètine. Surtout, que les quolibets qui fusent sur son passage n’atteignent pas le locataire de l’Elysée, dont le mirage est le principal atout et l’illusion symbolique l’arme fatale ! Dati est grillée dans l’univers corporatiste judiciaire (et Dieu sait que le petit monde de la justice fonctionne sur de tels ressorts), mais elle dispose encore d’un sérieux capital d’image dans l’opinion générale. Après tout, tout ce qu’on lui demande, c’est de véhiculer les valeurs du candidat Sarkozy, pas de mener à bien une réforme.

En son temps, sous le gouvernement Jospin, Jack Lang avait bien remplacé en catastrophe Claude Allègre dont les syndicats enseignants avaient réclamé la tête. Elle n’a pas de souci à se faire. Puisqu’elle incarne le rêve sarkozien, eh bien qu’elle continue ! De la place Vendôme à la place Beauvau*, il n’ y a qu’un pas qu’elle devrait savoir franchir. Elle fait campagne pour les municipales dans le VII ème arrondissement de Paris.

* Le ministère de l’Intérieur. Michèle Alliot-Marie pourrait se laisser tenter par un poste de commissaire européen (source Le Nouvel Obs)

Les trois cercles de notre république

Par Marc Prévost :: 23/11/2007 à 16:39 :: Le monde selon moi

« Ca continue » Quoi, donc ? Les emplois fictifs, les emplois de complaisance, cette invention de l’esprit de la classe politique pour financer la vie publique. Mon interlocuteur est catégorique : malgré les mises en examens et autres condamnations qui sévissent depuis une dizaine d’années, eh bien, ça continue… Le problème, c’est que ces subterfuges et autres arrangements sont strictement interdits par le code pénal. Le contribuable paye à hauteur de 1,6 euro par voix engrangée le financement des formations politiques du pays, ce qui est pour elles une part importante de leur budget. Cela reste insuffisant : il faut sans cesse de nouvelles ressources. Alors, on ruse…On scrute les jugements pour découvrir la faille qui fera éviter la foudre, on se creuse les méninges pour trouver le paratonnerre idéal. Le dossier judiciaire de Jacques Chirac, comme d’autres, atteste de la dérive de notre pratique politique. Ainsi va notre République.

Elle est composée de trois cercles. La République bananière, là où grondent les vieux sauriens sans foi ni loi, qui confondent allégrement leur portefeuille avec la caisse de l’argent public. Marchés publics truqués à grande échelle, corruption organisée,…Du vol pur et simple. Sur le modèle des états corrompus et voyous. Disons 1 % des élus. L’honneur est sauf, il en reste 99 % qui ne sont pas des Al Capone. La République prébendière, ou filoutière, ensuite. Ces petits accrocs à la morale et aux codes de lois ne font pas les gangsters endurcis et ressemblent au chapardage de notre enfance, comme des pilleurs de troncs d’eglise. Ils sont de ceux que l’on discute avec véhémence dans les prétoires. La liste des péchés est longue tant est grande l’imagination pour tenter de passer au travers des mailles du filet. Mais la ligne rouge est franchie. Emplois fictifs et favoritisme en font partie. Peut-on évaluer à 5 % le nombre d’élus qui tutoient ainsi l’illégalité ? Pas encore de quoi entrer en croisade, me direz-vous. Reste la République fromagère. Rien d’illégal dans celle-là. Juste un formidable edredon si moelleux que le moindre élu municipal ou local en rêve. Les sinécures et villégiatures de notre belle République sont nombreuses et accueillantes. Elles vont de l’institution généreuse en traitements et avantages aux mandats copieusement indemnisés et avidement cumulés, en passant par un parfois somptuaire train de vie. On est loin du prix de la baguette ou du ticket de métro…rien à voir avec les fort morales démocraties d’Europe du Nord où chaque citoyen peut consulter – et décortiquer – le patrimoine, les revenus et même les déplacements et notes de frais de celles et ceux qu’il a élus…et gare à celle ou celui qui cherche à se dérober !

Le grand lego de la décentralisation

Par Marc Prévost :: 22/11/2007 à 18:57 :: Le monde selon moi

Allez, je me lance…C’est le jeu préféré de nos gouvernants. Ils jouent à la réorganisation du pays comme un môme avec ses Legos. Quel niveau institutionnel supprimer pour éclaircir enfin le millefeuille administratif français ? Sans compter les bénéfices fiscaux qui en résulteraient. Puis-je modestement vous suggérer de prendre une machine à remonter le temps ? Début des années 70. Création des régions administratives. Fort bien. Mais au lieu d’ajouter une « couche » d’administration en plus, en l’occurrence la région, pourquoi n’a-t-on pas donné aux départements la surface des régions actuelles -territoire, compétences, budget, fiscalité- tout en maintenant les cantons et le scrutin majoritaire. Après tout, le canton reste l’unité spatiale dans laquelle s’inscrit la vie de la plupart d’entre nous : domicile-travail-écoles-vie associative-loisirs.

Autrement dit, on aurait pu créer les régions en agrandissant les départements. Ici : un grand département du Nord-Pas de Calais représenté par quelque 200 conseillers généraux élus au scrutin majoritaire, ce qui permet l’émergence de vraies majorités et évacue les artificielles listes à la proportionnelle, produits des appareils. Des conseillers généraux enfin revalorisés dans leur rôle et mission. Une belle, grande et vraie assemblée élue au scrutin à deux tours, dotée d’un bon gros budget de 3 ou 4 milliards d’euros et qui s’occuperait des compétences rassemblées des actuels conseils régionaux et généraux. Marianne en compterait 20 ou 25. Donnez-lui le nom que vous voulez. Région, département ou un autre.

Pincez-moi, je rêve !

Chiraquie qui pleure, Sarkozie qui rit

Par Marc Prévost :: 21/11/2007 à 17:29 :: Le monde selon moi

Avec la mise en examen pour détournement de fonds publics de l’ancien président Chirac, c’est un nouveau coup dur pour la Chiraquie. La galaxie Chirac avait déjà été bien ébranlée par les poursuites engagées contre Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Chirac, dans l’affaire Clearstream. Et je ne parle pas de la longue agonie judiciaire de la famille Pasqua, ex-pilier de la maison Chirac, ou des avatars d’Alain Juppé, le maire de Bordeaux. La Chiraquie pleure, la Sarkozye se réjouit. Belle opportunité pour le camp du président d’entonner le cantique de la rupture et autres totems que l’on dresse devant l’opinion pour mieux l’apprivoiser. Sur l’air de : »Vous voyez que l’on avait raison » .

Mais je pense que l’évenement judiciaire est aussi une formidable occasion pour Nicolas Sarkozy de détourner, canaliser plutôt, cette opinion si instable et tellement sensible à ce qui se déroule sous ses fenêtres : assurance-maladie, universités, carte judiciaire, régimes spéciaux,…le spectre de Juppé 95 qui avait mis la France dans la rue tétanise assez l’Elysée pour ne pas envisager profiter d’une telle aubaine. La mise en examen de Jacques Chirac jetée en pâture à l’opinion peut lui permettre de retrouver de précieuses marges de manoeuvre dans un bras de fer jamais gagné d’avance et qu’il a intérêt à enliser pour mieux le contrôler. D’autant plus que la rumeur prête déjà à l’ancien président d’autres poursuites (Gaston Flosse en Polynésie, compte bancaire japonais, Clearstream, billets d’avion Euralair, marchés publics en Ile-de-France…). De quoi en faire un feuilleton. Je ne dis pas que la ou les procédures judiciaires sont téléguidées par l’Elysée mais elles tombent à pic et constituent un leurre parfait pour tromper l’opinion comme on joue une partie de bonneteau. La politique ? L’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde…

La tricheuse

Par Marc Prévost :: 20/11/2007 à 16:18 :: Le monde selon moi

Le tout-Paris littéraire et politique est en émoi. On attend avec impatience le livre hiroshimesque consacré à Rachida Dati, actuelle Garde des Sceaux dans le gouvernement Fillon. Titre évoqué : La Tricheuse (Plon). Comme une suite à la polémique qui a sévi il y a quelques semaines sur les approximations du CV de la madame révélées par le magazine L’Express. On ose imaginer les pressions exercées sur l’éditeur et auteurs de l’ouvrage : Karl Laske (Libération) et Laurent Valdiguié (Paris Match) ou Laïd Sammari (L’Est Républicain) figurent parmi les auteurs potentiels. Madame Dati a pris les devants en publiant voici peu son livre d’entretiens (avec Claude Askolovitch, journaliste au Nouvel Observateur) : Je vous fais juges. La tactique est simple : désamorcer l’effet annoncé désastreux du livre en distillant quelques anecdotes jugées vénielles pour amoindrir les révélations de « La Tricheuse », brouiller le message de l’ouvrage impie en anticipant plusieurs démentis vigoureux et, enfin, retourner voire lasser l’opinion en allumant contre-feu sur contre-feu. Le plan média est ainsi un véritable barrage anti-char. L’Express, Le Point, Vivement Dimanche, le propre livre de Rachida Dati,…

Chouchoute de l’Elysée, très proche de Cécilia Sarkozy à qui elle doit une partie de son ascension politique, la dame de fer de la place Vendôme est un rouage essentiel de la machine Sarko. Qui risque toujours le grippage en cet automne indécis…

A la niche, les privilèges !

Par Marc Prévost :: 16/11/2007 à 12:16 :: Le monde selon moi

La France, c’est le pays des 300 fromages. Autant de niches fiscales, autant de privilèges, autant d’avantages corporatistes si fortement chevillés dans nos habitudes que nous ne les voyons plus. Et qui font douter de notre Histoire de France…serions-nous revenus à l’Ancien Régime quand les jurandes, guildes et autres corporations quadrillaient la vie de tous les jours ? Chassez le naturel…Depuis deux siècles, c’est la France de Louis XVI qui renaît doucement et sûrement, au fil des exonérations, exceptions, avantages, et même passe-droits, âprement négociés dans le secret feutré des chambres professionnelles et syndicales, en prise directe avec l’Etat. Devant le débat actuel qui anime le pays sur les retraites des régimes spéciaux, on reste sans voix. Des privilèges exorbitants, il en existe partout. Des scandaleuses retraites « chapeaux » des hauts dirigeants des grands groupes aux copieuses primes des grands corps de l’Etat, des avantages en nature qui tiennent du rang princier, des bonus réservés et autres tricheries légales,… il n’est pas une coterie qui ne vive par d’alléchantes différences de statut et de train de vie. La France est un pays d’ordres et de castes.

Pour cimenter cet édifice d’injustices, on compromet le tout-venant, les « vouzemoi », eux aussi touchés par la grâce du privilège octroyé. Le roulant SNCF peut partir en retraite à 50 ans. Le fonctionnaire lambda calcule sa pension sur ses six derniers mois d’activité. Le journaliste de base profite à plein d’une douceur fiscale. D’autres accumulent les jours de congé…C’est peu, me direz-vous, en comparaison des stocks-options a gogo et autres rémunérations pharaoniques des brahmanes du CAC 40. Mais il est peu de corporations, voire de catégories sociales sinon de classes d’âge qui n’y échappent. On distille primes et avantages comme on gave d’un sirop contre la toux un môme agité. Pour avoir la paix. Pour éloigner les vrais enjeux du débat. Et pour rendre impossible toute réforme d’ensemble. Nicolas Sarkozy sait tout cela. Voilà pourquoi il aurait dû commencer sa table rase par la mise au pas des régimes spéciaux de la France d’en haut. La vertu par l’exemple.


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