Petit théâtre de Martine Aubry | Région Par Marc Prévost | 10 octobre 2007
La « delebarrisation » de Martine Aubry
30/10/2007
Bernard Roman a su rebondir au conseil régional après sa mésaventure lilloise. Evincé par Pierre le Père lui-même qui préfère miser sur une jeune quadra pour sauver Lille assiégée en 1995, il mène désormais seul sa barque. Michel Delebarre, c’est le contraire. Il lâche la présidence du conseil régional en 2001 après s’être taillé dans les plus grandes douleurs un fief sur la côte. Poussé sans ménagement vers Dunkerque pendant la seconde moitié des années 80, il est depuis longtemps autonome. Mais autant Roman paraît avoir encore un destin en réserve (mais lequel ? ), autant Delebarre semble piétiner. Martine Aubry n’est plus la jeune quadra rédemptrice qui avait pu subjuguer le mauvais sort des urnes. Elle aussi est en cale sèche.
Le problème, c’est qu’on ne voit pas ce qui pourrait changer. Si la maire de Lille ne décroche pas la présidence de la communauté urbaine de Lille, elle devra faire le point. Un seul mandat, même celui d’une grande ville comme Lille, cela semble un peu cheap pour un pedigree qui fut presque étincelant. La perspective d’une circonscription s’est éloigné pour longtemps. Son capital personnel au sein du PS est sérieusement entamé. Elle qu’on présentait comme la future superwoman des socialistes doit désormais jouer des coudes pour se faire entendre à côté des jeunes lions de la nouvelle génération. En politique, les années comptent double ! Son équation politique locale est fortement réduite : on ne reviendra pas sur les avatars qui ont émaillé ses ambitions ces dernières années. A la différence de Delebarre qui ne dépend plus de personne, Aubry est tributaire des contingences locales, entendez la fédération PS, ses caciques et ses luttes de clans, et ce cordon ombilical qui la lie à Pierre Mauroy et qu’elle ne peut plus couper.
Certes, Lille n’est pas Dunkerque. Pourrait-elle se satisfaire d’un seul mandat, fusse-t-il lillois ? Et si elle se lassait de la politique ?
Ma scène primitive avec lui
30/10/2007
La première fois que j’ai rencontré Pierre Mauroy, je devais avoir 18 ou 19 ans. Vers 1975 ou 1976. A l’époque, je le confondais avec André Maurois. L’année suivante, on découvrira que son challenger aux municipales, un certain Norbert Segard, était « un vrai Lillois », comme le proclamaient ses affiches, par opposition à ce « parachuté » du Cateau-Cambrésis. La scène primitive s’est déroulé quelque part à Lille -je ne me souviens plus où- à l’occasion d’une remise de diplômes aux habitants du Vieux-Lille qui avaient rénové leur façade dans le cadre du périmètre sauvegardé destiné à restaurer la vieille ville qui en avait bien besoin. Le maire de Lille avait arraché à l’Etat le précieux classement et les budgets qui vont avec. Du côté de la famille de mon père, on avait participé avec enthousiasme au grand-oeuvre. Monsieur le maire serrera la paluche d’un jeune électeur parmi bien d’autres. Tous deux ne se doutaient pas… Je le rencontrais quelques années à peine plus tard, jeune journaliste, à l’occasion d’une grand-messe institutionnelle au Palais des Congrès de Lille. Disons fin 1983 ou début 1984. Christian Derveloy, à la tête de la Lainière de Roubaix, venait juste d’expliquer devant un parterre attentif comment il avait supprimé des centaines d’emplois pour maintenir le groupe lainier à flot. A peine avoué le crime, le Premier ministre Mauroy fait son entrée (il était naturellement annoncé et prit la parole), entouré de son cabinet et de ses collaborateurs.
Les préfets Jean-Claude Fonta et Thierry Lataste, le directeur Delebarre, les adjoints Roman et Cacheux, et plein d’autres que je ne connaissais pas encore : peut-être vingt-cinq personnes. Le patron fabricide se tut. Silence de plomb. La noria s’imposa dans une ambiance de sépulture. Trente, quarante secondes, peut-être plus…On entendait les chaussures crisser à mesure que l’auguste sillage ondulait. Puis, une fois installé au premier rang, Pierre Mauroy, en maître de cérémonie, eut un imperceptible geste de la main. Derveloy reprit son discours là où Mauroy l’avait interrompu. Je me dis que les Rois aussi devaient savoir suspendre le temps.
Oh bien sûr la glorieuse incertitude du foot incite à l’optimisme. En sport, on est jamais complètement battu. Mais les résultats actuels du LOSC suscitent l’interrogation. Pas tant chez les supporters que dans la classe politique métropolitaine. Et si ? Et si le club de foot lillois descendait en deuxième division l’année prochaine? Et s’il devenait, pour les saisons à venir, un club de classe moyenne, voire très moyenne, condamné à jouer les ludions entre première et deuxième divisions. C’est le programme du grand stade qui serait touché de plein fouet. Comment concevoir un équipement d’une telle envergure (plusieurs centaines de millions d’euros au bas mot, un financement public/privé compliqué sinon aléatoire s’étalant sur une trentaine d’années) sans une équipe-phare de haut de tableau ? Sans une équipe capable d’attirer un minimum de supporters dans ses gradins, et, surtout, de mettre à l’affiche des matches de coupe européenne, eux-mêmes grands pourvoyeurs de rentrées commerciales et de droits de retransmission ? Les élus de la communauté urbaine, l’institution qui pilote le projet après les inénarrables rebondissements de ces dernières années, auraient de quoi déchanter.
Une équipe poussive, des gradins désertés, des supporters démotivés, des égos qui s’enflamment, un impitoyable effet-ciseau entre ressources et dépenses,…puis : des entreprises qui prennent la poudre d’escampette, des sponsors de plus en plus rares, un club au bord de la faillite, un financement qui se dérègle au point d’en appeler à la cassette du contribuable, le spectre de la friche bétonneuse qui se profile,…la politique qui s’en mêle, les scandales, les élections… Non ! Je sais. En deux ou trois saisons, un magicien du foot et quelques artistes du ballon rond peuvent renverser la vapeur. Mais si le LOSC descendait en seconde division à l’été prochain alors que le premier coup de pioche du grand stade n’est même pas encore donné, pourrait-on imaginer le pire ? Qui, comme chacun sait n’est jamais sûr. A condition de l’imaginer.
30/10/2007
Voici un petit résumé des petits duels et grandes haines qui animent notre vie politique régionale depuis 30 ans. Je ne crois pas que la lutte pour le pouvoir ne s’accommode pas de profonds antagonismes personnels. Derrière les belles idées et autres artifices de discours, c’est la nature humaine qui mène la danse. Qui a dit que la politique était une affaire d’idées ? Ah! ces regards en coin, ces petites phrases, ces sourires contraints, ces invectives ravalées et remâchées, ce non-dit hypocrite… Les sommets du genre, qui ont déjà défrayé les chroniques à plusieurs reprises et ont pris le pas sur le débat: Michel Delebarre et Franck Dhersin à Dunkerque, Michel Delebarre et Régis Fauchoit à Dunkerque, Dominique Dupilet et Guy Lengagne à Boulogne-sur-mer, Philippe Vasseur et Léonce Deprez dans le Pas de Calais, René Vandierendonck et Gérard Vignoble à Roubaix, Alex Türk et Jacques Donnay à Lille, Bernard Seux et Jacques Mellick à Béthune, Jean-Pierre Kucheida et André Delelis à Lens-Liévin, Marc Daubresse et Bruno Durieux à Lille, Marc Daubresse et Jean-Jacques Descamps à Lille, Marc Wolf et Arthur Notebart sur la métropole lilloise, Pierre Mauroy et Arthur Notebart, etc…etc… Les fortes inimitiés qui ont pesé (et pèsent parfois encore) sur le débat: Marie Blandin et Michel Delebarre, Jean-Louis Borloo et Philippe Vasseur, Alex Türk et Colette Codaccioni, Guy Lengagne et Daniel Percheron sur Boulogne-sur-mer, Pierre de Saintignon et…beaucoup de monde, Martine Aubry et…les mêmes, etc…etc… Les haines qui couvent et dépassent parfois le débat: Christian Vanneste et Michel Van Tichelen à Tourcoing, Dominique Dupilet et Daniel Percheron, Marc Daubresse et Martine Aubry, Gérard Caudron et Jean-Michel Stievenard à Villeneuve d’Ascq , Bernard Derosier et Martine Aubry sur la métropole lilloise, Marc Daubresse et René Vandierendonck sur la métropole lilloise, etc…etc…
Et dans trois ans ?
29/10/2007
Ben oui,…dans trois ans, Pierre Mauroy arrivera au terme de son mandat sénatorial. Il a été réélu pour la seconde fois en septembre 2001. Difficile de sonder les intentions d’un pape qui n’a jamais aimé évoquer clairement sa succession, ou, en tout cas, qui l’a souvent fait à contrecoeur. Quoiqu’il en soit, il se dessine une autre succession, celle de Pierre Mauroy au Palais du Luxembourg. Dans ce jeu de chaises musicales qu’est la politique, les ambitions restent toujours en éveil. Ce qui suit n’est que pure conjecture, mais on le sait en politique tout est possible. Bernard Derosier s’assied dans le fauteuil de Pierre Mauroy. Gilles Pargneaux dans celui de député de Derosier. Madame Blandin, élue sur la liste Mauroy en 2001, et qui n’aime pas les cumuls dans le temps, laisse sa place à un autre Vert (Eric Quiquet ?), à condition que ces derniers soient encore en position de négocier une telle alliance. Pure hypothèse, ai-je dit…
29/10/2007
Ca tombe bien. Les Verts lillois viennent de dénoncer le scandale du prix de l’eau dans la métropole lilloise. A cinq mois des élections. Mais pourquoi ne pas en avoir parlé avant ? Que je sache, le prix du métre cube n’augmente pas depuis la semaine dernière. D’ailleurs, le dossier n’est pas l’apanage de la métropole lilloise et pose de gros problèmes partout en France. L’opportunisme électoral des Verts est exemplaire. Quand on part à la pêche aux voix, l’eau, ça paye! Décidément, il font de la politique comme les autres. Je rappelle que le premier à avoir mis le doigt sur ce scandale (et il y a scandale), avec données chiffrées et argumentation à l’appui, s’appelle Eric Darques et son association Eau secours, un élu longtemps d’obédience RPR puis RPF, puis UMP, et qui siège au conseil municipal de la bonne ville de Lambersart. L’homme est un spécialiste des combats impossibles, comme un poil-à-gratter exaspérant. Une sorte de Don Quichotte en moins littéraire, en plus « brut de décoffrage ». Même si lui-même n’est pas transparent avec ses propres comptes de campagne qu’il n’a pas déposés en 2002 ! On dit qu’il ne se représentera pas en mars prochain. Pas grave, les Verts reprennent le flambeau de la lutte d’une eau moins chère et du recours à la régie municipale plutôt qu’à la délégation au privé. Pourvu qu’ils en parlent encore en avril prochain…
3 commentaires
Etonnants Verts
27/10/2007
Je suis allé à une réunion publique des Verts lillois mardi soir dans le cadre de la campagne. De près, les Verts sont plutôt sympas. C’est vrai qu’ils ont une autre façon de faire de la politique. On leur reproche souvent, et depuis longtemps, leur couleur « vert pastèque ». Vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur ». C’est toujours vrai. Un tropisme idéologique qui leur joue des tours aux présidentielles où ils ne peuvent cristalliser autour de leur candidat. Alors qu’au niveau local, ils accrochent par des propositions moins abstraites. De toute façon, leurs ambitions ne peuvent décemment se nourrir au plan national. Parce que côté parti, c’est la Bérézina :pas de leader, pas de programme cohérent, pas d’unité, des querelles de chapelle qui vident de sa substance toute démarche, des montagnes de contradictions qui désorientent le sympathisant, un temps attiré par le parfum de la nouveauté, voire de la mode, puis vite récupéré par ses convictions et une « offre politique structurée », bref par un parti dominant…
Les Verts, c’est un peu comme pour Bayrou au premier tour de la dernière présidentielle : on vote pour eux à une élection locale, comme on tire la sonnette d’alarme, puis on revient au bercail d’un parti classique lors d’une élection législative ou présidentielle. Ou on s’abstient. Un vrai deuxième centre, mais qui se joue entre le local et le national. Autant leur « background » est léger à l’échelle nationale, autant ils font montre d’un peu plus d’épaisseur dans leurs programmes locaux. Leur avenir est dans les municipalités et les élections locales où ils savent faire voter pour leurs candidats et où ils cultivent une réelle science électorale. Et où ils affichent une crédibilité de bon aloi. Comme à Lille. Si écologie politique il y a, c’est dans les conseils municipaux qu’il faut la chercher. L’écologie municipale serait-elle en marche ?
Villeneuve d’Ascq : scenario rigolo
27/10/2007
Conversation avec une de mes connaissances qui me disait que Gérard Caudron avait quelque chance de se faire réelire à « VA ». A l’appui de sa thèse : un bilan peu lisible pour l’équipe sortante, une image peu visible pour le maire sortant, Jean-Michel Stievenard, une scène politique qui tient dit-on, du combat de catch, une droite évanescente sur une ville à gauche depuis des lustres, un PS local longemps écartelé par les luttes intestines, et surtout, une rage de revanche pour l’ancien édile, ce Gérard Caudron qui bat des records de pugnacité après avoir battu ceux d’assiduité en séance plénière quand il était député européen. Imaginons un scénario* : Gérard Caudron arrive en tête au premier tour en mars prochain, rassemble tant bien que mal au second et retrouve son fauteuil majoral. Six ans après s’être fait ratatiner aux législatives de 2002 sous les lazzis de ses collègues socialistes qui ne l’ont jamais vraiment considéré comme un des leurs. Pierre Mauroy en père Fouettard. Le PS de la rue Lydéric (siège du PS du Nord) en bourreau.
Lui qui avait bouté le maire de droite en 1977 et fait de Villeneuve d’Ascq, une technopole verte. Même Carl Lewis avait consacré cette fantastique trajectoire par sa foulée magistrale un jour de meeting athlétique au stadium Nord. Ah, la photo du King Carl serrant la paluche du Roi Gérard ! On en avait même fait une annonce-presse pour vanter le dynamisme de la ville. Non pardon, de son maire. Oui, ce serait rigolo de voir Gérard Caudron à nouveau maire de « VA » et pouvoir peser de tout son poids pour les élections à la communauté urbaine, emmenant une équipe de conseillers communautaires avec lui rue du Ballon, siège de l’établissement. « Je te fais élire Martine (Aubry), et je suis ton premier vice-président… » Il serait même capable de faire monter les enchères…Vous voyez ce que je veux dire.
* hypothétique, je vous l’accorde, mais sait-on jamais ?
La bataille de Tourcoing est commencée: avantage Christian Vanneste
27/10/2007 à
Une bataille commencée depuis plusieurs semaines. On sait que c’est dans cette ville que se joue l’avenir politique de la communauté urbaine de Lille. Tourcoing à droite, Lille métropole communauté urbaine risque bien de basculer du même côté pour la première fois de son histoire. Car la droite a plus à gagner aux municipales de 2008 que la gauche sur le territoire de la communauté urbaine. A contrario, la gauche a plus à perdre. La perspective arithmétique est donc en faveur de la droite. Non seulement Tourcoing, mais Halluin, Chéreng, Fretin, et bien d’autres…Bien entendu rien n’est fait. Donc tout est possible. Les grands mouvements de l’opinion – sanction des pouvoirs en place au niveau national- et les petits -dialectique bilan/projet- vont se déployer.
Et puis tout dépendra des candidats dans des élections municipales où l’équation personnelle prend un relief particulier. Un peu comme une présidentielle. Et le propos vaut pour les grandes communes comme pour les petites. A Tourcoing, on voit se dessiner le trio Vanneste-Daubresse-Gérard. Le prétendant à l’alternance tourquennoise, déjà deux fois candidat, connaissant le terrain à fond, affichant des idées et des convictions très à droite. Le candidat à l’alternance communautaire, maire de Lambersart, grand manitou de l’UMP dans la région, lui aussi sur la brèche depuis longtemps, qui, élu à la tête de la métropole, promet de mettre le paquet sur Tourcoing. Enfin le député UMP de la neuvième circonscription, maire de Marcq-en-Baroeul, caution des deux précédents.
Michel-François Delannoy, le prétendant socialiste à la succession de Jean-Pierre Balduyck doit se sentir encerclé ! On attend sa réaction et son plan de campagne. Pour le moment, à gauche, seul Pierre Mauroy a tiré un coup de semonce en dénonçant début octobre le candidat Vanneste, « pas très catholique » selon lui. Dans cette partie d’échecs, un autre événement donne un coup d’avance à la droite métropolitaine. Le Front national, qui vend son siège social en région parisienne, est en difficultés financières. Les campagnes municipales des candidats du parti lepéniste vont s’en ressentir. A Tourcoing, c’est probablement Christian Baeckeroot, lui aussi un vieux briscard du secteur, qui va tirer la langue. Christian Vanneste n’aura aucune difficulté à obtenir les moyens nécessaires à faire la campagne qu’il faut. Non content de siphonner politiquement l’électorat d’extrême-droite par un positionnement quasi similaire, il saura convaincre à Paris si besoin est. Et enfoncer encore plus la redoute lepéniste. La bataille de Tourcoing est commencée. Avantage Vanneste.
Mais pour qui roule-t-il ?
27/10/2007
C’est le dernier petit jeu à la mode. On me presse de questions du genre : « tu es pro-Mauroy, non ? », « Pro-Rocard ? « . Ou encore : « Vous êtes anti-untel, en fait ? « , « anti-unetel ? », » Tu te moques bien de la démocratie chrétienne », « vous détestiez Notebart », « tu casses les socialistes », « vous haïssez la droite nationale ». Des commentaires viennent à mes oreilles ou me tombent sous les yeux: « sous l’influence des milieux économiques », « téléguidé par un certain clan de gauche ». Même chose avec une variante à droite. Ou au centre. Ah, j’oubliais : l’éternel fantasme maçonnique. Ou anti-maçonnique. Ecrit à charge, ou à décharge. Ca continue : « Anticommunisme primaire ». « Antisocialisme virulent ». « Antilibéralisme maladif ». »Dénigrement systématique de l’UMP », « de l’écologie ». « Philippe Alexandre t’a refilé des passages de son bouquin, la dame des 35 heures, qu’il n’a pas publiés ». « Tu es un vieil anar frustré » , » tu sublimes mal ton allergie à l’autorité », « vous tombez dans l’excès poujadiste ». « Tu fais le jeu… », « Vous cautionnez… » Derniers en date : « Vous préparez le terrain pour Borloo… « , « pour le MoDem de Jacques Richir et les autres », « pour Marine Le Pen à Hénin-Beaumont », « pour Besancenot et ses candidats », »pour les Verts et Eric Quiquet ». Ou pour quelqu’un d’autre encore. Tout le spectre politique y passe. Ouf ! ! Après tout c’est le jeu. Ce n’est pas moi qui dirais le contraire. La liberté d’expression est « libre ». Mettre les gens dans une catégorie. Leur coller une étiquette sur le dos. Je sais de quoi je parle. J’agis ainsi. Nous avons tous les mêmes vieilles manies. Et c’est ainsi qu’il faut considérer la chose. Tout de même : je démens fermement briguer la mairie de Lille (ainsi qu’une autre) en mars prochain. Qu’on se le dise.
Plaidoyer pour Noël Josèphe
25/10/2007
Hier matin, un de mes amis m’apostrophe et me demande pourquoi ai-je fait preuve d’autant d’animosité envers Noël Josèphe, le défunt ex-président du conseil régional du Nord-Pas de Calais ? Je lui réponds que je n’ai jamais eu de ressentiment personnel envers une personne dont -je l’ai dit- l’intelligence et la culture dépassaient, et de loin, la moyenne générale. Tout comme, m’a-t-on dit, ses qualités humaines. Je me souviens des conversations que j’avais avec lui. Il m’étonnait par sa façon de décrire un problème. Rien de compliqué, en fait. Il dédramatisait, comme Pierre Mauroy sait le faire. Mais avec peut-être la maîtrise technique en plus.
Dans le même registre, il y a Jack Lang. Aussi scintillant. Mais moins persuasif. Noël Josèphe savait emporter l’adhésion. Moi je l’écoutais, un tantinet admiratif. Pour un peu, on lui aurait dit merci monsieur le professeur ! Et c’est là que ça ne va plus. Un élu n’est pas un prof’ ou un prêtre. Enfin pas seulement. Les électeurs ou les journalistes ne sont pas des écoliers à qui on fait la leçon même brillamment, même avec les meilleures intentions du monde. Il est évident que Noël Josèphe était victime de sa propre brillance et n’avait su quitter ses habits de pédagogue. Autour de lui, on saura utiliser au mieux ses faiblesses de seigneur d’un autre temps. On saura exploiter au mieux ces mêmes petites faiblesses pour un itinéraire personnel, une place au chaud, et, bien sûr, ces fameux petits arrangements dont la justice se nourrit de temps à autre. Les imparfaites lois de décentralisation et les abus de leur utilisation feront le reste. N.Josèphe, c’est le mélange quasi parfait -et explosif ! – de la psychologie et du pouvoir.
La première fois que je l’ai rencontré c’était à l’inauguration d’un cinéma de quartier à Wavrin, début 1984 je crois. Une politique ambitieuse pour le septième art français aux prises avec Hollywood…Avec Jack Lang, justement, comme ministre de la Culture. J’avais été frappé par la puissance du rite. Lang, paré de son équipage, fendant la foule docile et malléable, comme une star américaine l’eau de sa piscine. Josèphe et sa suite, toute d’ors et d’apparat, le duc recevant le Grand Chancelier du Roi. Comme un tableau de David. En tout cas, une vraie pièce. Avec deux acteurs connaissant parfaitement leur rôle ! Pour moi, il s’est trompé d’époque. Le problème, c’est que nous ne sommes plus des sujets, mais des citoyens à qui il faut rendre des comptes. La dernière fois que je l’ai vu, c’était avec Jack Lang, encore lui, vers 1999 ou 2000. Il pansait ses plaies d’une affaire ORCEP qui l’a dépassé (la première fois qu’un problème le submergeait) et qui l’a jeté à terre. « Ca va ? » lui demandai-je comme on s’enquiert d’un opéré. « Ca va… » a-t-il fait d’un air mi-contrit, mi-las. Je me suis dit que j’aurais préféré l’avoir eu comme prof de littérature. Autant un Jack la Joconde est fait pour la politique, autant lui ne l’était pas.
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Tenu par le journaliste Marc Prévost, et dans le prolongement du livre le Petit Théâtre de Pierre Mauroy, il décrypte et éclaire les coulisses de la vie politique locale et nationale et parfois aussi d’autres choses. C’est son choix !
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